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Eleveur

Découvrez l'intérêt d'un cahier de pâturage et sa bonne utilisation pour votre troupeau

Écrit par  Delphine Huet
Publié le 23 octobre 2025
6 min. de lecture

Gagnez du temps sur le règlementaire avec Troup'O !

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Gérer ses pâtures à l’aveugle, c’est prendre le risque de perdre du rendement et du temps. On le sait, le temps est précieux et non extensible. Et l'argent qui va avec, non plus !
Et si quelques minutes par jour suffisaient à mieux valoriser l’herbe, anticiper les besoins en fourrages et répondre aux exigences réglementaires ? Oui, tout ça à la fois.
Le cahier de pâturage est l’outil simple mais stratégique pour y parvenir. À condition de bien savoir s’en servir. Et c'est là qu'on intervient !

Définition et intérêt d'un cahier de pâturage pour la gestion des milieux

À quoi sert le carnet de pâturage ?

Son rôle est de servir de support pour consigner toutes les opérations sur les prairies. Par opération, on entend les périodes de pâturage avec le prisme de nombreuses données utiles au suivi de sa bonne gestion.

En France, nous avons la chance de pouvoir compter sur un tiers de nos surfaces agricoles utiles qui sont dédiées aux prairies permanentes (Fondation Pluraliste de l'Écologie). Ces parcelles qui ne sont parfois exploitables que grâce aux animaux sont précieuses pour un éleveur, une exploitation, et tout un écosystème.

Seuls des choix justes peuvent entretenir les ressources qu'elles fournissent. Quand pâturer ? Combien de temps ? Par quel type de bêtes ? Autant de questions auxquelles tout éleveur de ruminant a intérêt à savoir répondre pour piloter son exploitation de manière optimale.

C'est également un excellent moyen d'anticiper la disponibilité de la ressource herbagère, grâce à des mesures régulières quantitatives. Vous pouvez aussi réaliser des  analyses de fourrage pour en évaluer la qualité, qui peut varier chaque année.

Enfin, vous pouvez contribuer à des études plus globales sur l'environnement et la biodiversité. Votre reporting devient un précieux témoin de vos actions et leurs effets ! En cas de contrôle, pour la PAC, ou des raisons sanitaires ; pour des enquêtes statistiques, ou tout autre besoin, vous pourrez dire "Attendez, je sais où regarder !".

Les bénéfices pour l’éleveur

Préserver et exploiter la ressource durablement

Cet outil, c'est un peu comme un carnet de bord avec des informations utiles à la prise de décisions. Grâce à lui et à votre expérience, vous pouvez mettre toutes les chances de votre côté pour améliorer au fil du temps votre valorisation de l'herbe.

C'est particulièrement intéressant si vous avez des parcelles en zones humides. On sait que l'enjeu est important sur celles-ci. Si leur occupation est mal gérée, avec un chargement trop élevé ou que l'herbe est pâturée trop ras, cela peut dégrader durablement la ressource.

Économiser sur le coût de l'alimentation

Aussi, vous avez là une clé pour réduire vos coûts alimentaires, et ça, c'est toujours bon à prendre, vous ne direz pas le contraire ? Il y a en effet un intérêt économique. Si vous pouvez compter sur les fourrages consommés sur pied pour constituer des rations nourrissantes, vos bovins, ovins ou caprins gagneront en productivité.

Une étude du Civam de 2019 l'a montré dans le cas de prairies avec une association de graminées et de légumineuses. Avec une rotation habilement réalisée sur différentes portions de la prairie, les éleveurs laitiers pouvaient économiser jusqu'à 30 % sur le coût de la ration pour 1000 litres de lait produit, en comparaison avec une utilisation des fourrages séchés. Pas mal, vous ne trouvez pas ?

Imaginez maintenant que vous arriviez à maintenir le même type de résultats chaque année. C'est le jackpot assuré !

Un outil pour la traçabilité et l'aide à la décision

Avoir un outil de pilotage pour ajuster ses choix au fil des ans, c'est comme bénéficier de nouvelles lunettes toujours ajustées à votre vue chaque année. En effet, ce qui était vrai l'an passé ne l'est pas forcément cette année.
Plutôt que vous rappeler ce que vous avez fait à tel moment, sur telle parcelle, faites confiance à vos données. Vous avez déjà assez de choses à retenir, non ?

Grâce au recueil minutieux des données, vous avez de quoi appuyer vos décisions, et réaliser  un bilan fourrager fort appréciable pour évaluer les besoins à combler pour des rations nutritives.

Remplir et mettre à jour son cahier de pâturage au quotidien dans vos parcelles

Les données indispensables à renseigner

Comme pour chaque méthode, ou outil, il est important de se l'approprier pour apprécier pleinement son utilisation. Aussi, libre à vous de faire un peu de zèle et de compiler d'autres données non présentées ici si elles vous semblent nécessaires.

S'il n'y avait que quelques données à retenir, pour simplifier votre travail, ce sont celles-ci :

  • Dates d’entrée et de sortie des lots sur chaque parc ;
  • Nombre de bêtes et catégorie (UGB, races...) ;
  • Hauteur d’herbe ou stade de la prairie : une mesure simple avec un herbomètre, ou une estimation visuelle. Certains utilisent des repères sur leurs bottes ;
  • Événements clés
     : fauche, fertilisation, traitements sanitaires, incidents météo ;
  • Conditions météorologiques (pluie, sécheresse) si vous souhaitez croiser avec vos rendements.

Ces recommandations sont issues d'un travail mené par Elvea France. Il a permis d'augmenter le chargement permis grâce à des pâtures correctement gérées. Ça vous dit de faire pareil ?

Adapter le format à son système et à ses besoins

Là encore, pour que ça ne soit pas une corvée, choisissez un format qui correspond à vos besoins et vos préférences d'utilisation. Sachez simplement qu'une version informatisée sera certainement plus facile à exploiter avec des calculs et des statistiques rapides. Mais un bon vieux carnet et stylo peuvent tout aussi bien faire l'affaire !

Si vous hésitez, peut-être qu'un échange avec un de nos conseillers peut vous rassurer sur la prise en main d'un logiciel comme  Troup'O et toutes ses fonctionnalités.

Les bonnes pratiques pour une mise à jour régulière

Être régulier, ça passe par créer des habitudes. À vous de trouver la routine qui vous convient le mieux. Un jour dans la semaine ? Un moment de la journée ? Et si vous alliez l'utile à l'agréable, en faisant vos relevés en même temps que vous surveillez les animaux ?

Une fois sur le terrain, munissez-vous de votre plus beau carnet, de la fonction "notes" sur votre smartphone ou d'une application de suivi de parcelles et de troupeau. L'essentiel est de penser, ensuite, à centraliser les données sur le média que vous avez choisi précédemment. En prenant un petit café en même temps, cela peut même être un moment agréable !

Si vous êtes plusieurs à intervenir sur la ferme et les pâtures, faites en sorte que les concernés soient bien briefés. La clé ? Que chacun comprenne les enjeux pour avoir envie de participer comme il le faut.

Néanmoins, pensez surtout à une chose : le mieux est l'ennemi du bien. Ne fabriquez pas une usine à gaz en pensant que c'est ce qu'il faut faire. Si vous ne savez pas comment exploiter un amoncellement de données, le temps passé ne sera pas vraiment rentabilisé.

Aussi, si vous êtes novice dans l'exercice, faites simple. Il sera toujours temps d'ajuster vos relevés au fil du temps en fonction des besoins constatés.

Et justement, parlons de l'exploitation des données recueillies.

Exploiter les données pour optimiser la gestion des pâtures

Oui parce qu'une fois que vous les avez, ce qui est intéressant, c'est ce qu'elles révèlent ! Des tendances, des moyennes, des informations précieuses pour ajuster vos décisions et vos pratiques.
Une de vos prairies est peut-être sous-exploitée, ou l'inverse ? Une mixité des espèces pourrait permettre une meilleure exploitation de l'herbe sur celle-ci ?

Et si vous en profitiez pour croiser des informations sur le pâturage à celles de production ? De lait ou de viande, dans les deux cas vous allez peut-être vous rendre compte que des lots gérés différemment vont produire des résultats également différents.

Réglementation et obligations en 2025

Le cahier de pâturage est-il obligatoire ?

Comme dirait l'autre : "Ça dépend". Plus précisément, cela dépend de votre engagement éventuel dans un dispositif d'aides. C'est le cas pour :

  • L'aide à la conversion à l'agriculture biologique (avec des coupes prévues en 2025 dans l’enveloppe nationale) ;
  • Les MAEC, Mesures Agro‑Environnementales et Climatiques dans lesquelles vous vous engagez pour 5 ans. Elles peuvent être :
    • Surfaciques, avec des engagements à la parcelle ;
    • Sur des systèmes, sur minimum 90 % de la surface de l'exploitation.

D'ailleurs, avez-vous lu notre article sur les aides bovines 2025 ?

Exigences en lien avec la PAC et la conditionnalité

ll y a bien des cas où vous devez justifier de l'occupation des pâtures pour certaines aides, avec la PAC 2023‑2027. On parle de conditionnalité verte.

Dans le cadre des Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales (BCAE), on attend aussi de vous le respect de certains critères sur prairies.

Vers une numérisation progressive ?

On l'a évoqué plus haut, le numérique a des avantages pratiques pour le suivi à moyen et long terme. Et même si vous n'êtes pas un fervent adepte de l'informatique, gardez ceci dans un coin de votre tête car il se pourrait bien que vous finissiez par ne plus avoir le choix.

La digitalisation de nombreuses démarches pourrait en effet impliquer que ce genre de données puissent être disponibles en ligne d'une manière ou d'une autre, pour faciliter les contrôles.

Il pourrait y avoir des recoupements plus faciles avec les outils de suivi de la PAC, par exemple.

Conclusion

En somme, vous avez là un outil simple à mettre en place et à utiliser, une fois les bonnes habitudes intégrées. Stratégiquement parlant, il peut réellement faire la différence dans vos décisions pour gagner en productivité herbagère. Cela se verra au final sur votre coût alimentaire, et votre bilan économique.

Vous voilà avec une base pour progresser en autonomie. Vous allez peut-être même vous prendre au jeu, qui sait. Après tout, apprendre des choses sur sa propre exploitation et sa gestion tout en rassemblant des données au fil des jours, cela peut être grisant !