Eleveur

Les UGB, ou Unités de Gros Bétail, au Service des Éleveurs

Écrit par  Delphine Huet
Publié le 02 septembre 2024
8 min. de lecture
Retour sur le centre de ressources

C'est une unité de référence et un indicateur incontournable dans le milieu de l'élevage. Les conseillers techniques, les comptables, les éleveurs l'utilisent régulièrement car il est utile à la gestion au quotidien des troupeaux.

Mais à quoi ces trois lettres se rapportent-elles, exactement ? Si vous voulez en savoir plus et comprendre cette notion, vous êtes au bon endroit.

Nous allons vous expliquer de quoi il s'agit, son utilité, mais aussi questionner la définition de l'Unité Gros Bovin, pour comprendre quelle est son évolution.

 

SOMMAIRE :

Qu’est-ce que l’UGB (Unité Gros Bétail) ?

 

Présentation du concept

Vous pouvez entendre et lire "gros bétail", ou "gros bovin". Dans les deux cas, il s'agit de la même idée. Elle correspond à une façon de définir la charge animale sur un élevage, d'après les besoins nutritionnels ou alimentaires des animaux qui y vivent. Ainsi, on peut évaluer pour chaque espèce combien d'individus peuvent occuper une surface sans en épuiser les ressources.

C'est une métrique utilisée aussi bien pour des besoins de gestion, pour la science et l'établissement de références, mais aussi pour des statistiques et le calcul des aides de la Politique Agricole Commune.

 

troupo-photos-presentation-ugb-2024

 

Définition du paramètre

En France, ce concept a commencé à se mettre en place au début des années 1960. Quand on veut comparer plusieurs données différentes de façon cohérente, on peut se heurter à une grande variabilité. C'est le fameux problème des torchons et des serviettes, ou ici, des bovins, ovins, porcins, et autres espèces animales. Comment analyser les systèmes d'élevage, leur performance, leurs ressources, sans un paramètre qui permet de les comparer ? 

C'est ainsi que l'idée de s'appuyer sur les besoins énergétiques des animaux a fait son chemin (Coléou, 1960). L'idée principale est de se dire que pour un individu qui a un besoin de 1, on peut nourrir deux individus qui ont des besoins de 0,5. De cette manière, à chacun correspond un coefficient pour lui attribuer une valeur en UGB.

À l'usage, la profession agricole française et les Centres d'Économie Rurale (Iger-Centres-de-Gestion, 1989) ont adopté la définition suivante : 1 unité correspond à "une vache laitière, d'un poids vif de 600 kg, avec un niveau de production de 3 000 kg de lait par an, soit un niveau de besoins annuels de 3 000 Unités Fourragères et une consommation annuelle de fourrages de 4 500 kg de Matière Sèche".

 

Un paramètre amené à évoluer

Le problème, c'est que comme tout système, il a ses limites. Quid du pâturage, difficile à évaluer dans la ration ? De la variabilité de la digestibilité des fourrages, qui impacte aussi la subvention aux besoins des animaux ?

Marc Benoit et Patrick Veysset alertent ainsi dans leur étude de 2021, sur l'uniformisation des coefficients. Ils sont basés sur le niveau d'ingestion de fourrages. Cela exclut le gabarit propre des animaux, leur niveau de production, ou la quantité d'herbe réellement consommée au pâturage, par exemple.

Ils se sont donc attaqués à cette problématique en proposant des équations basées sur les besoins en énergie nette des animaux.

 

troupo-photos-unite-gros-betail-ugb-parametres-2024

 

 

Quels types d'animaux sont concernés par l’UGB ?

 

Une autre limite de cet indicateur, c'est qu'il est déterminé à partir de caractéristiques propres aux ruminants. Les monogastriques ne mangent pas de fourrages. Leurs besoins ne sont donc pas couverts par cette catégorie d'aliment, qui est pourtant à la base de la définition évoquée ci-dessus.

Cela n'empêche pas d'avoir aujourd'hui des équivalences, qui servent lors de certains calculs administratifs ou statistiques.

Précisons d'ailleurs que ces valeurs ne correspondent pas toujours tout à fait à ceux utilisés par la recherche publique (INRAE) ou l'Institut de l'élevage, ou encore pour la PAC. Surtout pour les petits ruminants. Voici quelques exemples ci-dessous :

 

  Recherche publique INRAE Institut de l'élevage Administration aides PAC Eurostat Statistique européenne
Vache laitière 1,0 1,0 1,0 1,0
Vache laitière sans veau 0,86 0,85 1.00 0,80
Femelle 3-8 mois 0,32 0,25 0,00 0,40
Femelle 8-12 mois 0,39 0,40 0,60 0,40
Femelle 12-24 mois 0,60 0,60 0,60 0,70
Femelle 24-36 mois  0,80 0,80 1,00 0,80
Mâle 3-8 mois  0,32 0,25 0,00 0,40

Mâle maigre 8-12 mois

0,45 0,40 0,60 0,40
Mâle maigre 12-24 mois 0,65 0,60 0,60 0,70
Taurillon 8-12 mois 0,45 0,60 0,60 0,40
Taurillon 12-24 mois 0,80 0,80 0.60 0,70
Bœuf 8-12 mois  0,45 0,45 0,60 0,40
Bœuf 12-24 mois  0,65 0,60 0,60 0,70
Bœuf 24-36 mois 0,85 0,80 1,00 1,00
Brebis 0,14 0,15 0,15

 

 

0,1

Agnelle moins de 6 mois 0,05 0,05 -
Agnelle plus de 6 mois  0,07 0,07 0,15 (>1 an)
Bélier plus de 6 mois 0,10 0,10 0,15

Agneau de boucherie 

(pâturage <180j ->180j)

0,05 (0,06 - 0,09) 

0,05

-

Chèvre

0,18

0,17

0,15

 

 

0,1

Chèvrette (3 mois à 1 an)

0,08

0,09

0,15

Bouc

0,18

0,17

-

Source : EUROSTAT, 2019, IDEA, 2019

alt : tableau d’équivalences ugb ruminants

 

Cela peut s'expliquer par le fait que certains outils distinguent les UGB "alimentation grossière", basée sur l'ingestion de 4500 kg de matière sèche par an et par vache, et les UGB "alimentation totale", ou là, c'est l'ingestion de 3000 UF qui est retenue.

D'ailleurs c'est avec ce dernier paramètre que sont établis les coefficients pour les monogastriques.

 

Voici d’autres données sur les équivalences UGB pour les monogastriques :

Animal Coefficient
Porcelets 0,030
Truies mères 0,500
Porcs à l'engrais 0,300
Autres porcins 0,300
Cochettes 0,300
Poules à chaires 0,017
Poules pondeuses 0,012
Poulettes démarrées 0,008
Dindes 0,025
Pintades 0,014
Oies grasses 0,06
Canards gras 0,06
Oies à rôtir 0,014
Canards à rôtir 0,014
Canards et oies prêts à gaver 0,014
Autres volailles 0,010
Autres volailles démarrées 0,010
Lapins mères 0,020

Source : Direction Départementale des Territoires 70 Service Economie et Politique agricoles (2010)

Alt : équivalences ugb monogastriques

 

Comment ces coefficients ont-ils été calculés ?

 

Ils visent à comparer les animaux entre eux. Ainsi, une truie adulte à laquelle on attribue 0,45 à 0,5 UGB selon les utilisations (statistiques ou recherche) serait équivalente à un peu plus de 35 poules pondeuses (0,012 à 0,014 UGB).

Côté herbivores, les brebis mères sont évaluées entre 0,1 et 0,15 UGB, soit 6 à 10 brebis pour une vache laitière. Un indicateur assez parlant quand il s'agit de mettre en évidence le taux de chargement sur une parcelle à pâturer par exemple. Vous pouvez même associer moutons et vaches en simultané et toujours savoir quel est le chargement de votre parc. C'est important dans un objectif d'autonomie fourragère.

Des moyennes de poids ont aussi été calculées pour les races principales laitières et allaitantes en fonction de leur production laitière, et alimentent l'équation pour le calcul des UGB.

Ainsi, il est assez intuitif d'accepter qu'1 UGB race laitière est équivalent à entre 0,8 et 0,85 UGB allaitante puisque les premières produisent plus de lait (sauf pour les aides PAC, qui ne distinguent pas les deux).

 

Comment calculer la valeur UGB de mon troupeau d'une ou plusieurs espèces ?

 

Pour ça, vous avez plusieurs solutions :

  • Le technicien référent de la Chambre d'agriculture se fera un plaisir de vous épauler, que ce soit pour la prise de décision concernant la gestion du troupeau, ou la déclaration PAC ;
  • Des outils gratuits existent, comme celui créé par deux entrepreneuses spécialisées dans le conseil en agriculture ;
  • Nos logiciels et conseillers sont également là pour faciliter la gestion du troupeau au quotidien. Certains, comme Troup'O, sont même particulièrement adaptés à des systèmes de production très spécifiques, comme ceux en agriculture biologique

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Aides PAC et déclaration de votre troupeau

Les contours de la PAC 2023-2027 encouragent à l'engraissement des animaux sur le territoire français. Il vise aussi à lutter contre la déprise dans le secteur laitier. Voici quelques explications et utilisation de cet indicateur dont nous avons tant parlé.

 

Animaux éligibles : critères d'éligibilité pour les aides couplées (liées aux animaux)

Déjà, il faut identifier les animaux éligibles, pour les élevages qui comptent au moins 5 UGB. Ce sont, comme l'expliquent les Chambres d'agriculture :

  • Les UGB bovines de plus de 16 mois présentes 6 mois minimum sur l'exploitation (à partir de la date de déclaration et au plus tard le 15/11) ;
  • Les UGB bovines abattues à 16 mois minimum au cours de l'année précédant la date de référence, après être restées au moins 6 mois sur l'exploitation. Il s’agit de celles qui n'étaient pas éligibles à l’aide lors de la campagne "N-1".

Aides aux UGB : conditions pour obtenir des aides

Une fois que vous connaissez les candidats, il faut vérifier qu'ils cochent les cases pour être réellement primés.

On distingue les UGB dits prix forts et prix faibles :

  • Forts :
    • Les mâles éligibles dans la limite du nombre de mères ;
    • Les femelles de type viande dans la limite de 2 fois le nombre de veaux sevrés (type viande eux aussi).
  • Faibles (40 au maximum) :
    • Les mâles et femelles au-delà des plafonds ;
    • Les femelles laitières et mixtes.

 

Voici un schéma qui vient clarifier ces données :

schema-explicatif-aides-pac-2024

Source : Chambre d'Agriculture de Normandie, janvier 2024 (balise Alt : schéma explicatif des aides PAC 2023-2027 à l’UGB)

 

Sachez qu'en tout, vous ne pourrez pas dépasser le plafond de 120 UGB prix forts et faibles confondus par exploitation, avec la transparence GAEC. Cela signifie que les plafonds seront appliqués au prorata de la part de chaque associé.

Attention ! Le montant prévisionnel des aides baissera entre 2023 et 2027 selon les règles suivantes :

  • Prix fort : de 110 € à 99 €/UGB ;
  • Prix faible : de 60 € à 54 € en 2027.

 

Déclaration sur Télépac : procédures de télédéclaration pour les aides

Comme pour tous les dispositifs, la demande se fait chaque année sur Télépac. Pour être sûr de la démarche, et éviter toute erreur, n'hésitez pas à vous faire accompagner par un conseiller dédié.

 

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Conclusion

Nous avons percé les secrets et mystères de cette unité tant convoitée. Vous savez désormais ce qu'elle cache, et, certainement, l'utiliserez avec un œil neuf, non ? 

Très utile dans le quotidien de nombreux professionnels du secteur de l'élevage, il semble que cet indicateur ait de longs jours devant lui. Il se pourrait même qu'il s'améliore et se bonifie, à la lumière des travaux et observations de certains chercheurs à son sujet. Nous serons alors ravis de vous les partager.

 

➡️Retrouvez aussi une présentation détaillée de Troup'O, le logiciel de gestion bovins qu'il vous faut