Vigneron

Viticulteurs : Comment réduire ses traitements mildiou, blackrot, oïdium ?

Écrit par  Adélaïde GREHAN
Publié le 24 mars 2021
3 min. de lecture
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Que la raison soit technique, éthique ou commerciale, la question de la réduction des traitements, et principalement des fongicides contre le mildiou, blackrot et l’oïdium se pose inévitablement aux exploitants viticoles aujourd’hui. Il s’agit aussi d’une obligation quand on vise une certification environnementale comme la BIO ou le HVE. Peut-on alors s’assurer de maintenir son niveau de production? Oui, si l’on respecte certaines règles. Les conseils de trois experts.

 

SOMMAIRE :

Une pulvérisation de qualité pour diminuer ses IFT

 

Après plus de dix années de travail sur la question au sein d’un groupe Écophyto, Adeline Boulfray Mallet est catégorique : « Oui, on peut réduire ses intrants sans prendre de risque pour ses rendements ». La responsable viticulture de la chambre d’Indre-et-Loire édite le bulletin Alternatives viticoles, à destination des vignerons du département. Une publication qui préconise des doses raisonnées. Moins de phyto, mais au moment le plus adapté : depuis quelques années, «cela fonctionne, les vignerons en témoigne ». L'utilisation d'une station météo et d'un modèle maladie mildiou permet notamment de gérer au mieux la pression maladie. Découvrez notre article dédié.
Mais avec une condition non négociable. « Une pulvérisation de qualité ». À savoir, « un pulvérisateur type face par face, et bien réglé ». C’est-à-dire? « Il y a des choses très simples à régler tout au long de la saison : le calcul des débits, le contrôle des buses... Mais certains vignerons le disent eux-même : ce n’est pas toujours fait ! Chez un exploitant conventionnel qui utilise des produits très robustes, les conséquences ne seront pas forcement dramatiques. En revanche, dès qu’on utilise des produits bio, on n’a plus le droit à l’erreur. »

 

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Des traitements des vignes positionnés au bon moment

 

Même constat pour Lionel Burosse, consultant viticole dans le sud-ouest. « À l’heure actuelle, il y a plus d’un vigneron sur deux qui ne pulvérise pas de manière optimale. » Son conseil : « on peut tester facilement, avec des outils assez visuels. Par exemple, des argiles blanches qu’on mélange à l’eau pulvérisée, pour voir l’impact des gouttelettes sur le feuillage». Sa clientèle s’oriente en grande partie vers une réduction des produits phyto, et jusqu’ici « il n’y a pas eu de chutes de rendements liées aux maladies de la vigne ».
Grâce, peut-être, à ce second conseil : « Avec des produits non CMR de moins en moins robustes, il faut absolument traiter au bon moment. Dans des années compliquées, où l’on a parfois qu’une fenêtre de tir pour certains passages, s’il faut traiter un samedi, on traite un samedi. Pour cela, les entreprises doivent gagner en souplesse ». Exemple à l’appui : « En 2018, on a déjà eu des traitements de nuit sur Jurançon. »
Enfin, le conseiller indépendant insiste sur la prévention. Une vigne bien aérée, mais aussi bien nourrie, résistera davantage. «Une physiologie équilibrée, notamment en ce qui concerne les minéraux, sera moins sensible aux maladies, et plus tolérante quand celles-ci se déclarent. C’est comme un être humain à l’alimentation équilibrée. Il attrapera moins de rhumes. Et, si c’est le cas, ce sera moins grave que chez d’autres personnes.»

 

Découvrez plus d'outils  pour traiter au bon moment

 

Une réduction des IFT en douceur

 

Un avis partagé par Benoît Bazerolle, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, en Bourgogne. « Beaucoup de viticulteurs s’étaient éloignés de la fertilisation. Mais aujourd’hui le sujet revient. Il faut redonner de la vie à nos sols. Avec un végétal assez vigoureux, vous êtes moins sensibles à un tas de facteurs extérieur, que ce soit la sécheresse ou les maladies ».
Maintenir la bonne santé de sa vigne, c’est aussi éviter de la brusquer. « Réduire ses traitements, oui. Mais si on bouscule toutes les étapes à franchir, l’impact sur le végétal est plus marqué. S’il y a chute de rendement, ce sera plutôt chez des viticulteurs passant extrêmement rapidement du conventionnel au bio. Toute transition doit se faire dans la douceur. Alors, si tout est réfléchi en terme de matériel et de conditions de passage, on observe pas de pertes de rendement. » En pratique : « on se teste déjà sur des parcelles faciles, ou la pression maladie est moins élevée. Puis le changement peut se faire de manière généralisée sur l’exploitation. »