Black-rot de la vigne : Comment lutter efficacement ?
Longtemps jugé bénin par rapport aux autres maladies cryptogamiques, le black-rot est aujourd’hui considéré comme un véritable risque. Le champignon nuit d’abord à la quantité et la qualité des raisins. Il peut aussi impacter la vigueur de la vigne, la fragiliser et la rendre moins résiliente. Pour lutter contre, il faut comprendre sa biologie, reconnaître les symptômes et utiliser les solutions adaptées.
Longtemps jugé bénin par rapport aux autres maladies cryptogamiques, le black-rot est aujourd’hui considéré comme un véritable risque. Le champignon nuit d’abord à la quantité et la qualité des raisins. Il peut aussi impacter la vigueur de la vigne, la fragiliser et la rendre moins résiliente. Pour lutter contre, il faut comprendre sa biologie, reconnaître les symptômes et utiliser les solutions adaptées.
Black-rot : la cause et les conséquences sur le vin
Le black-rot, autrement appelé pourriture noire ou pourriture maculée, est une maladie de la vigne à foyer, causée par le champignon Guignardia bidwellii. Il est identifié par Pierre Viala et Louis Ravaz en 1885, après l’importation de boutures de vignes américaines. Ce champignon est présent dans pratiquement tous les vignobles du monde. En France, les régions plus humides du sud-ouest et de l'ouest sont davantage touchés que les régions méridionales.
Un début de foyer de black-rot ne pose à priori pas de souci au niveau de la récolte ou des vignes. En revanche, les disséminations successives entraînent la création de nombreux foyers, réservoirs de spores pour de futures contaminations plus impactantes. En cas de forte attaque du champignon, l’impact organoleptique peut alors être important au niveau de la récolte :
- forte baisse de l’intensité colorante
- diminution du taux d’anthocyanes
- réduction du taux de tanins
- manque de fraîcheur
- nuances de fruits gâtés
- perte des saveurs fruitées
Sensibilité des cépages au black-rot
Cette maladie touche principalement les cépages suivants :
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- Alicante Bouchet
- Aligoté
- Caladoc
- Carignan
- Cinsault
- Colombard
- Folle blanche
- Gamay
- Gewurztraminer
- Grenache
- Malbec
- Marselan
- Merlot
- Mondeuse
- Muscadelle
- Négrette
- Persan
- Picpoul
- Poulsard
- Sémillon
- Sauvignon
- Syrah
- Ugni blanc
Le Chasselas et la Clairette sont peu sensibles alors que les Cabernet Sauvignon, Jurançon blanc, Malbec, Marsanne, Roussanne et Tannat présentent une sensibilité moyenne.
Notez que les secteurs humides (fonds de parcelles, proximité d’une rivière) tendent à favoriser le développement de Guignardia bidwellii.
|Quels sont les symptômes du black-rot sur le vignoble ?
Le black-rot touche uniquement les organes herbacés de la vigne, et plus spécifiquement les plus jeunes en phase de croissance, dès les premières feuilles étalées. Les attaques du champignon peuvent se porter sur :
- le feuillage
- les rameaux
- les grappes
- les pétioles
- les vrilles
- les pédoncules
Sur les feuilles de vigne
Le black-rot se manifeste sous la forme de taches brun-rouge de quelques millimètres, avec une bordure brun foncé. Après 3 à 4 jours, des pycnides, petites pustules noires brillantes (organes de reproduction du champignon), apparaissent de manière concentrique sur la face supérieure de la tache.
Sur les rameaux des ceps
Cette maladie fongique peut aussi se développer au niveau des brins. Comme sur le feuillage, des taches ovales chlorotiques apparaissent dans la longueur du brin, ponctuées de pycnides.
Sur les grappes de raisins
La période de vulnérabilité s’étend de la floraison / nouaison à la fermeture de la grappe. Lorsqu'une baie est malade, elle prend une teinte fauve, se flétrit et se dessèche après 3 à 4 jours. Ensuite, la baie brunit et se momifie. Elle prend un aspect rugueux avec la présence de nombreux pycnides ou périthèces. L'ampleur des dégâts est aléatoire, allant du stade « quelques grains touchés » à « grappes complètement desséchées ».
|Biologie du black-rot et traitements associés
Pour assurer sa survie pendant l’hiver, le champignon Guignardia bidwellii utilise 2 stratégies :
- la forme de périthèce : organe de reproduction sexuée
- la forme de pycnide : structure de multiplication asexuée
Le redoux du printemps couplé à une humidité élevée active la maturité des structures reproductives et donne lieu à la contamination primaire. Les périthèces expulsent avec force les ascospores de leurs asques jusqu’à la mi-juillet. Une simple pluie de 0,3 mm suffit au déclenchement de la sporulation, et ce, jusqu’à 6 heures après la fin des précipitations. Le vent transporte les spores qui contaminent les pieds aux alentours et créent des foyers. Son mode de dissémination l’empêche toutefois de se développer aussi vite que l’oïdium ou le mildiou. Les pycnides fonctionnent différemment : leurs pycnidiospores sont disséminés localement par l’eau de pluie (à partir de 3 mm).
La période d’incubation après la pluie s’étend de 8 à 18 jours sur les baies, 10 à 25 jours sur les feuilles. Le mycélium perce les tissus et les envahit, puis des pycnides apparaissent sur les organes (points noires). Ils produisent à nouveaux des pycnidiospores, donnant lieu à une contamination secondaire.
Guignardia bidwellii a des exigences physiologiques bien inférieures à celles de Plasmopara viticola (mildiou). Il est actif dès 9°C et jusqu’à 32°C, avec un optimum entre 20 et 26°C. Ce qui signifie que la protection doit être pensée avant les premiers traitements mildiou et oïdium, et se poursuivre après la véraison.
Observer les méthodes de protection prophylactiques
Il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique démontrant l’impact réel de la prophylaxie sur le black-rot. Elle est simplement recommandée dans les parcelles palissées avec un fort historique. Dans tous les cas, un traitement fongicide est nécessaire.
Voici toutefois quelques bonnes pratiques :
- Éliminer les résidus de grappes desséchées et les vrillons lors de la taille (la machine à vendanger ne les fait pas tomber).
- Privilégier de conserver les rameaux sans chancre noir.
- Nettoyer les sécateurs après taille de la parcelle pour ne pas transporter la maladie ailleurs.
- Brûler ou enfouir les sarments situés dans les foyers.
- Arracher les parcelles abandonnées : foyer propice au développement de Guignardia bidwellii.
Des alternatives pour une vision à plus long terme tendent à émerger, comme la plantation de cépages résistants. C’est la stratégie proposée par les pépinières Mercier, avec la création de nouvelles variétés dans son programme Nathy.
Utiliser les produits de protection fongicide contre Guignardia bidwellii
Il n’existe pas de traitements spécifiques contre le black-rot. En revanche, les spécialités de contact anti-mildiou et anti-oïdium sont homologuées pour des applications en préventif ou en curatif. Pour la viticulture bio, des traitements à base de cuivre et de soufre sont possibles en pleine végétation, selon la contamination, l’historique de la parcelle et la sensibilité du cépage :
- entre 100 et 450 g/hectare de cuivre
- entre 2 et 10 kg/hectare de soufre
Adapter la lutte chimique contre le black-rot
L’utilisation de produits phytosanitaires doit se faire de manière raisonnée en fonction des observations sur le terrain, et pour éviter les phénomènes de résistance :
- Dégâts importants en année n-1 :
démarrer la protection dès les premières feuilles si conditions climatiques favorables à la maladie, même avant les traitements mildiou et oïdium - Dégâts contenus en année n-1 :
surveiller l’apparition des symptômes, référer aux bulletins de santé du végétal pour suivre l’évolution de la pression - Aucun symptôme en année n-1 :
se référer aux BSV. Une action anti-mildiou et anti-oïdium peut suffire.
Observer et anticiper la météo : la meilleure stratégie contre le black-rot
À ce jour, la meilleure stratégie de protection contre le black-rot se résume en 5 points :
- observer et connaître l’historique de vos parcelles
- comprendre la biologie du champignon
- employer les fongicides adaptés
- combiner avec des mesures prophylactiques
- anticiper la météo et les évolutions climatiques
Black-rot : la cause et les conséquences sur le vin
Le black-rot, autrement appelé pourriture noire ou pourriture maculée, est une maladie de la vigne à foyer, causée par le champignon Guignardia bidwellii. Il est identifié par Pierre Viala et Louis Ravaz en 1885, après l’importation de boutures de vignes américaines. Ce champignon est présent dans pratiquement tous les vignobles du monde. En France, les régions plus humides du sud-ouest et de l'ouest sont davantage touchés que les régions méridionales.
Un début de foyer de black-rot ne pose à priori pas de souci au niveau de la récolte ou des vignes. En revanche, les disséminations successives entraînent la création de nombreux foyers, réservoirs de spores pour de futures contaminations plus impactantes. En cas de forte attaque du champignon, l’impact organoleptique peut alors être important au niveau de la récolte :
- forte baisse de l’intensité colorante
- diminution du taux d’anthocyanes
- réduction du taux de tanins
- manque de fraîcheur
- nuances de fruits gâtés
- perte des saveurs fruitées
Sensibilité des cépages au black-rot
Cette maladie touche principalement les cépages suivants :
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- Colombard
- Folle blanche
- Gamay
- Gewurztraminer
- Grenache
- Malbec
- Marselan
- Merlot
- Mondeuse
- Muscadelle
- Négrette
- Persan
- Picpoul
- Poulsard
- Sémillon
- Sauvignon
- Syrah
- Ugni blanc
Le Chasselas et la Clairette sont peu sensibles alors que les Cabernet Sauvignon, Jurançon blanc, Malbec, Marsanne, Roussanne et Tannat présentent une sensibilité moyenne.
Notez que les secteurs humides (fonds de parcelles, proximité d’une rivière) tendent à favoriser le développement de Guignardia bidwellii.
|Quels sont les symptômes du black-rot sur le vignoble ?
Le black-rot touche uniquement les organes herbacés de la vigne, et plus spécifiquement les plus jeunes en phase de croissance, dès les premières feuilles étalées. Les attaques du champignon peuvent se porter sur :
- le feuillage
- les rameaux
- les grappes
- les pétioles
- les vrilles
- les pédoncules
Sur les feuilles de vigne
Le black-rot se manifeste sous la forme de taches brun-rouge de quelques millimètres, avec une bordure brun foncé. Après 3 à 4 jours, des pycnides, petites pustules noires brillantes (organes de reproduction du champignon), apparaissent de manière concentrique sur la face supérieure de la tache.
Sur les rameaux des ceps
Cette maladie fongique peut aussi se développer au niveau des brins. Comme sur le feuillage, des taches ovales chlorotiques apparaissent dans la longueur du brin, ponctuées de pycnides.
Sur les grappes de raisins
La période de vulnérabilité s’étend de la floraison / nouaison à la fermeture de la grappe. Lorsqu'une baie est malade, elle prend une teinte fauve, se flétrit et se dessèche après 3 à 4 jours. Ensuite, la baie brunit et se momifie. Elle prend un aspect rugueux avec la présence de nombreux pycnides ou périthèces. L'ampleur des dégâts est aléatoire, allant du stade « quelques grains touchés » à « grappes complètement desséchées ».
|Biologie du black-rot et traitements associés
Pour assurer sa survie pendant l’hiver, le champignon Guignardia bidwellii utilise 2 stratégies :
- la forme de périthèce : organe de reproduction sexuée
- la forme de pycnide : structure de multiplication asexuée
Le redoux du printemps couplé à une humidité élevée active la maturité des structures reproductives et donne lieu à la contamination primaire. Les périthèces expulsent avec force les ascospores de leurs asques jusqu’à la mi-juillet. Une simple pluie de 0,3 mm suffit au déclenchement de la sporulation, et ce, jusqu’à 6 heures après la fin des précipitations. Le vent transporte les spores qui contaminent les pieds aux alentours et créent des foyers. Son mode de dissémination l’empêche toutefois de se développer aussi vite que l’oïdium ou le mildiou. Les pycnides fonctionnent différemment : leurs pycnidiospores sont disséminés localement par l’eau de pluie (à partir de 3 mm).
La période d’incubation après la pluie s’étend de 8 à 18 jours sur les baies, 10 à 25 jours sur les feuilles. Le mycélium perce les tissus et les envahit, puis des pycnides apparaissent sur les organes (points noires). Ils produisent à nouveaux des pycnidiospores, donnant lieu à une contamination secondaire.
Guignardia bidwellii a des exigences physiologiques bien inférieures à celles de Plasmopara viticola (mildiou). Il est actif dès 9°C et jusqu’à 32°C, avec un optimum entre 20 et 26°C. Ce qui signifie que la protection doit être pensée avant les premiers traitements mildiou et oïdium, et se poursuivre après la véraison.
Observer les méthodes de protection prophylactiques
Il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique démontrant l’impact réel de la prophylaxie sur le black-rot. Elle est simplement recommandée dans les parcelles palissées avec un fort historique. Dans tous les cas, un traitement fongicide est nécessaire.
Voici toutefois quelques bonnes pratiques :
- Éliminer les résidus de grappes desséchées et les vrillons lors de la taille (la machine à vendanger ne les fait pas tomber).
- Privilégier de conserver les rameaux sans chancre noir.
- Nettoyer les sécateurs après taille de la parcelle pour ne pas transporter la maladie ailleurs.
- Brûler ou enfouir les sarments situés dans les foyers.
- Arracher les parcelles abandonnées : foyer propice au développement de Guignardia bidwellii.
Des alternatives pour une vision à plus long terme tendent à émerger, comme la plantation de cépages résistants. C’est la stratégie proposée par les pépinières Mercier, avec la création de nouvelles variétés dans son programme Nathy.
Utiliser les produits de protection fongicide contre Guignardia bidwellii
Il n’existe pas de traitements spécifiques contre le black-rot. En revanche, les spécialités de contact anti-mildiou et anti-oïdium sont homologuées pour des applications en préventif ou en curatif. Pour la viticulture bio, des traitements à base de cuivre et de soufre sont possibles en pleine végétation, selon la contamination, l’historique de la parcelle et la sensibilité du cépage :
- entre 100 et 450 g/hectare de cuivre
- entre 2 et 10 kg/hectare de soufre
Adapter la lutte chimique contre le black-rot
L’utilisation de produits phytosanitaires doit se faire de manière raisonnée en fonction des observations sur le terrain, et pour éviter les phénomènes de résistance :
- Dégâts importants en année n-1 :
démarrer la protection dès les premières feuilles si conditions climatiques favorables à la maladie, même avant les traitements mildiou et oïdium - Dégâts contenus en année n-1 :
surveiller l’apparition des symptômes, référer aux bulletins de santé du végétal pour suivre l’évolution de la pression - Aucun symptôme en année n-1 :
se référer aux BSV. Une action anti-mildiou et anti-oïdium peut suffire.
Observer et anticiper la météo : la meilleure stratégie contre le black-rot
À ce jour, la meilleure stratégie de protection contre le black-rot se résume en 5 points :
- observer et connaître l’historique de vos parcelles
- comprendre la biologie du champignon
- employer les fongicides adaptés
- combiner avec des mesures prophylactiques
- anticiper la météo et les évolutions climatiques
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