L’oïdium est, avec le mildiou, une des principales maladies de la vigne en France. Ce champignon peut grandement altérer vos récoltes et conférer au vin des arômes impropres à la consommation. Pour lutter contre l’oïdium, il est essentiel de comprendre sa biologie, de savoir identifier les symptômes et d’employer les traitements adaptés.
SOMMAIRE :
- Erysiphe necator : le champignon responsable de l’oïdium
- L’impact économique et organoleptique de l’oïdium sur le vin
- Quels sont les symptômes de l’oïdium sur la vigne ?
- Biologie de l’oïdium : deux biotypes distincts
- Comment protéger ses vignes contre l’oïdium ?
- S’appuyer sur les OAD pour mieux lutter contre l’oïdium
L’oïdium est le nom générique de maladies cryptogamiques causées par des champignons ascomycètes tels qu’Erysiphe necator (ou Uncinula necator). Le champignon est identifié en 1834 aux USA par le mycologue Schweinitz. Ce pathogène arrive en Europe en 1845, soit avant le phylloxera (1861), le mildiou (1878) et le black-rot (1885). Erysiphe necator est une pourriture blanche présente dans tous les vignobles du monde.
Les contaminations sur feuilles contribuent à altérer la photosynthèse, réduisant la vigueur des ceps. Idem sur les sarments : l’aoûtement des bois est compromis, conduisant à l’affaiblissement global des vignes. Les parcelles sont donc plus vulnérables lors de la saison suivante.
Au niveau des grappes, Erysiphe necator crée des problèmes de maturation, d’éclatement des grains et donc des risques de développement de pourriture grise (Botrytis cinerea). Le stade maximal de sensibilité des grappes se situe autour de la période fin floraison / début nouaison.
Difficile d’estimer les dégâts sur la récolte, car il est compliqué d’évaluer les pertes liées aux attaques précoces de l’oïdium à la floraison (coulure, chute de bouquets floraux…). Si l’on considère qu’un bouquet compte entre 5 et 10 fleurs, la chute d’un bouquet représente la perte de 5 à 10 baies.
Le seuil de nuisibilité de l’oïdium sur les caractéristiques organoleptiques du vin démarre à 5 % de grappes très touchées (40 % de la grappe atteinte) dans la parcelle. Le champignon modifie alors la composition du raisin, fragilise la pellicule et nanifie les grains. Les conséquences sont fâcheuses :
Au-delà de 10 % de grappes très touchées dans le vignoble, les défauts sur la vendange ne peuvent plus être corrigés en cave.
En dessous de 30 % de la grappe atteinte, il y a peu d’impact sur la qualité finale du vin. Mais cela signifie une diminution de 30 % de son poids. Et la protection du vignoble contre le botrytis reste nécessaire. La vinification des raisins oïdiés est envisageable à condition de :
Les variétés les plus sensibles sont :
Tous les organes herbacés en croissance sur la plante sont des cibles potentielles. Les contaminations primaires commencent dès la reprise de végétation, à la faveur d’un climat chaud et humide. La vigne devient moins sensible à l’oïdium après la véraison.
Au niveau des jeunes pousses ou des plants, l’oïdium entraîne un ralentissement de la croissance. On note un raccourcissement des entre -nœuds et une crispation des feuilles. Un feutrage blanc peut apparaître sur les cépages très sensibles : le symptôme « drapeaux »
Source photo : Ephytia INRAE
L’oïdium se manifeste sur feuilles par des taches huileuses, assez similaires au mildiou. On observe un noircissement des nervures (cellules nécrosées) sur la face inférieure.
Un feutrage grisâtre et poussiéreux (filaments mycéliens et conidiophores) se développe sur la face supérieure, accompagné de la crispation de la marge foliaire. Par la suite, le rayonnement solaire modifie la physiologie des feuilles qui deviennent plus résistantes. Le champignon trouve alors refuge sous la face inférieure.
Source photo : Ephytia INRAE
La présence de mycélium brun à noir sur les sarments avant l’aoûtement est le signe de la présence d’Erysiphe necator. Après l’aoûtement, ces taches brunes deviennent rouges et prennent la forme d’une étoile. Des boursouflures noires (les cleïstothèces) apparaissent ensuite à l’automne.
Source photo : Ephytia INRAE
Les bouquets floraux touchées par l’oïdium se dessèchent et tombent. À la nouaison, les grains se couvrent d’une poussière grise rappelant de la cendre. Les baies éclatent sous l’effet de la pression des cellules du champignon en développement. L’éclatement de la baie favorise l’écoulements de jus et l’apparition caractéristique des pépins : un terrain idéal pour le botrytis.
Source photo : Ephytia INRAE
Les biotypes d’oïdium, ou sous-espèces, sont de 2 types. Les épidémies du groupe A, dites de « type drapeaux », sont initiées par l’inoculum conservé sous forme de mycélium dans les bourgeons pendant l’hiver. À la reprise de végétation, il contamine les jeunes pousses pour former un « drapeau ». Le brin prend un aspect rabougri et ses feuilles se crispent. L’émission des conidies (spores) constitue l’inoculum primaire qui conduit aux contaminations secondaires. Ce groupe touche principalement le cépage Carignan et les autres cépages des vignobles méridionaux.
Les épidémies du groupe B, dites de « à cléistothèces », sont initiées par des projections d’ascospores issues de ces fameux cléistothèces (organes de reproduction sexuée) qui passent l’hiver dans l’écorce. Ce groupe B survit aussi sous forme de mycélium dans les bourgeons. Au printemps, ils éclatent après la pluie, notamment entre mars et mai. Le vent se charge de disséminer les ascospores qui constituent l’autre forme d’inoculum primaire sur feuilles et bourgeons. Ce groupe B est plus virulent en matière de germination. La phase de contamination secondaire peut se répéter 2 à 3 fois avant que les premiers symptômes ne soient visibles sur plantes.
Voici les conditions de développement à connaître sur l’oïdium :
L’oïdium est un parasite externe à la vigne : son mycélium reste à la surface des organes. Il émet un tube germinatif (l’appressorium) pour se fixer, qui émet un suçoir (l’haustorium). Ce dernier traverse la cuticule pour prélever les nutriments. Puis les hyphes (filaments) se ramifient et colonisent les organes végétaux. Ils produisent à leur tour des conidiophores, qui produisent les conidies, et ainsi de suite.
Contrairement au mildiou, une pluie abondante freine le développement de la maladie. Tout film d’eau empêche la formation des suçoirs, car les conidies éclatent.
L'oïdium est une maladie cryptogamique dite « cumulative ». Elle peut se propager rapidement si elle n'est pas gérée efficacement. L'objectif principal des viticulteurs est de maintenir la protection des jeunes pousses et des feuilles, particulièrement sensibles en début de végétation. Une protection optimale est nécessaire dès le début de la saison végétative, même en l’absence de symptômes.
Les pieds vigoureux étant les plus sensibles à l’oïdium, il faut viser au contrôle de cette vigueur :
Néanmoins, les mesures prophylactiques seules ne suffisent pas à protéger des vignes.
L’aération de la zone fructifère facilite d’ailleurs l’application du produit fongicide. Attention toutefois si votre parcelle est également sensible au black-rot : il faut conserver une partie du feuillage.
Toute stratégie de traitement oïdium prend en compte la sensibilité des cépages, l’historique de la parcelle et la pression de la maladie annoncée par le BSV. Pour les parcelles très sensibles au groupe A, privilégiez un passage précoce (dès le stade pointe verte – sortie des feuilles). Pour les parcelles normalement sensibles, envisagez une protection à partir du stade bouton floraux séparés.
Il faut poursuivre le programme de traitement jusqu’au stade fermeture de la grappe. Les périodes idéales sont :
Privilégiez un passage face par face sur tous les rangs. Veillez à alterner les familles de fongicides pour éviter les résistances : soufre, cyproconazole, diniconazole…
La meilleure stratégie de protection contre l’oïdium se résume en 5 points essentiels :
ISAGRI
Avenue des censives
BP 50333 – Tillé
60026 BEAUVAIS CEDEX
France
Mentions légales
Données personnelles
Copyright – 2024 – ISAGRI – Contenus et illustrations tous droits réservés