Le mildiou fait partie des principales maladies de la vigne en France. Amateur des printemps pluvieux et doux, le pseudo-champignon responsable cible les organes herbacés de la vigne. Il peut entraîner un affaiblissement des ceps, d’importantes pertes de récoltes et des problèmes de qualité des vins. Observation des symptômes, stratégies de protection : découvrez comment préserver votre domaine viticole du mildiou.
SOMMAIRE :
- Plasmopara viticola : l’algue-champignon à l’origine du mildiou
- L’impact du mildiou dans le vignoble
- Les effets sur les rendements
- Les effets sur la qualité des vins
- L’impact économique du mildiou sur l’activité du vignoble
- Quels sont les cépages sensibles au mildiou ?- Quels sont les symptômes du mildiou sur la vigne ?
- Sur les feuilles
- Sur les inflorescences et grappes
- Sur bourgeons et rameaux- Biologie et cycle de vie du mildiou
- Comment protéger efficacement son vignoble contre le mildiou ?
- Suivre les méthodes de protection prophylactique
- Compléter avec des traitements fongicides
- S’appuyer sur les OAD pour mieux lutter contre le mildiou
Le terme mildiou s’applique à plusieurs maladies cryptogamiques touchant de nombreuses cultures de grande importance économique, dont la vigne, les tomates ou les pommes de terre. Les épidémies sont provoquées par des agents pathogènes de la classe des oomycètes, microoorganismes aquatiques et pseudo-champignons qui se rapprochent des algues brunes. Cette classe comprend l’espèce Plasmopara viticola, responsable du mildiou de la vigne.
Originaire d’Amérique du Nord comme le phylloxera, l’oïdium et le black-rot, le mildiou est observé pour la première fois en France à Libourne en 1879. Il est aujourd’hui présent dans tous les vignobles du monde.
En dégradant les tissus, cette maladie réduit la surface foliaire utile à l’activité photosynthétique et fragilise les sarments, avec pour conséquence :
Les attaques tardives de Plasmopara viticola, identifiées par la présence de rot brun (grains avec taches violacées), peuvent altérer la qualité des jus si des baies infectées sont vinifiées :
Des travaux menés par BASF ont montré un début d’incidence dès 2 % de rot brun dans la vendange. À ce stade, l’altération est encore peu perceptible, que ce soit en rouge ou en blanc. À partir de 5 %, elle devient plus nette et est remarquée par les dégustateurs : un protocole de vinification spécifique est alors nécessaire. Aucune incidence au niveau de la couleur n’a été cependant relevée.
Les attaques de mildiou entraînent aussi d’importantes dépenses pour les vignerons : entre 5 à 10 traitements selon les conditions climatiques. Une fois que Plasmopara viticola est installé, il est indispensable de resserrer les passages, environ tous les 10 jours. Cela signifie beaucoup d’heures de conduite, d’importantes dépenses en carburant et en produits fongicides.
La grande majorité des cépages ont une sensibilité au mildiou. Parmi les plus touchés, on retrouve :
L’algue-champignon affectionne les printemps pluvieux et les températures douces. Elle se développe sur tous les organes verts de la plante, notamment ceux en croissance et riches en eau : feuilles, inflorescences, grappes, vrilles, rameaux et plants.
Le mildiou est aisément identifiable par la présence de lésions décolorées sur les feuilles, qui sont de 2 types. Attention à ne pas les confondre avec les taches produites par l’oïdium.
Au niveau des jeunes feuilles, on observe des taches circulaires et jaunies, d’un aspect huileux, sur la face supérieure. C’est le « faciès taches d’huile ». Sur la face inférieure, on observe l’apparition d’un duvet blanchâtre assez dense, le mycélium. Celui-ci contient les conidiophores qui portent les conidies (spores). Les taches entraînent le dessèchement du limbe et la chute du feuillage.
Au niveau des feuilles plus âgées en fin de saison, le mildiou prend la forme de « faciès mosaïque ». On le reconnaît par le développement de taches polyédriques et chlorotiques (jaunes ou brunes), limitées par les nervures du limbe.
La vigne est sensible au mildiou de l’apparition des inflorescences à la fin de la floraison. Les rafles infectées prennent une coloration rouge brunâtre, se déforment, se dessèchent et tombent. Les boutons floraux et les jeunes baies se couvrent d’efflorescences blanches composées de conidiophores. On parle de « faciès rot gris ».
Après la nouaison, les baies prennent une couleur allant de brun-rouge à violet : c’est le « faciès rot brun » ou « coup de pouce ». La sensibilité des baies s’étend jusqu’à la mi-véraison.
On reconnaît aussi la maladie à la présence de bourgeons recroquevillés, couverts d’un duvet blanchâtre. Comme les inflorescences, ils sèchent et tombent en cas d’attaque sévère.
Le développement du mildiou au niveau des sarments n’arrive que lors de très fortes épidémies, s’ils sont encore jeunes et tendres. Ils se couvrent d’un voile blanc composé de conidiophores. Sur la partie ligneuse, le pseudo-champignon affecte les nœuds. Notez que les entre-cœurs post-rognage sont assez sensibles à la maladie.
Plasmopara viticola se conserve principalement sous forme d’oospores dans les feuilles tombées au sol à l’automne. Ces œufs d’hiver sont très résistants (jusqu’à -20°C) et arrivent à maturité au printemps. L’importance des pluies tombées entre octobre et janvier et la douceur ont bien sûr une incidence sur le développement précoce ou non de la maladie.
La germination des oospores s’opère dans l’eau libre lorsque la température atteint 11°C. Ils émettent des zoospores, responsables de la contamination primaire de la vigne.
Les zoospores se meuvent dans l’eau à l’aide de flagelles. Ils se développent en hyphes, qui créent des appressoria servant à pénétrer les tissus des plantes. Ces derniers produisent ensuite des haustoria qui captent les nutriments dans la plante. Lorsque le substrat nutritif est épuisé, le pseudo-champignon émet à nouveau des conidiophores sur la face inférieure des feuilles. Ils sont responsables de la contamination secondaire de la vigne et des cycles de reproduction à répétition pendant toute la période végétative.
Voici quelques caractéristiques à connaître sur le développement de l’algue-champignon :
Puisque le mildiou a besoin d’eau libre pour germer, il faut éviter l’accumulation de flaques dans les creux et en bout de rangs grâce à un drainage efficace. Comme précisé dans ce retour d’expérience du réseau DEPHY Ferme en Gironde, voici quelques règles à observer :
La protection contre le mildiou contient 2 objectifs : sécuriser la vigne jusqu’à la fermeture de la grappe avec des applications préventives ou curatives tout en réduisant le nombre de passages et l’IFT. L’irrégularité des saisons d’année en année empêche de définir une stratégie ancrée dans le marbre. Toutefois, 3 traitements s’avèrent généralement nécessaires :
Parmi les produits fongicides efficaces, on retrouve les :
L’emploi d’un produit de biocontrôle (phosphites, huile essentielle d’orange douce, tisane de saule et de prêle) est également à considérer. Ce type de traitement n’offre toutefois pas une sécurité totale.
La lutte contre le mildiou est modélisée selon le système EPI (État Potentiel d’Infection). Celui-ci aide à prévoir l’agressivité du mildiou à partir de l’hiver. Les observations terrain du vigneron, en complément de la lecture des Bulletins de Santé du Végétal (BSV), contribuent également à la protection. Cela aide à positionner les produits fongicides au bon moment, sans en abuser.
Pour une couverture accrue, optez également pour l’installation de stations météo de précision telles que Météus. Les informations captées, accessibles directement depuis votre mobile, vous aident dans votre prise de décision. D’autres outils tels que l’OAD Rimpro vous alertent sur les pressions mildiou et d’autres maladies en temps réel.
En combinant ces équipements, vous faites des économies, réduisez votre IFT et conduisez votre vignoble avec plus de sérénité.
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