Carnet sanitaire bovin : outil essentiel de la gestion de votre élevage

Parmi les incontournables des obligations de votre vie d'éleveur de bovins laitiers ou allaitants, il y a la tenue du carnet sanitaire. S'il est parfois vu comme une lourdeur administrative parmi d'autres, il est en réalité bien plus que ça.

Véritable pièce maîtresse de la gestion sanitaire de votre élevage, le carnet sanitaire bovin est un outil essentiel à apprivoiser. On vous explique tout ce que vous devez savoir à son sujet, afin de vous réconcilier avec, si toutefois vous étiez fâchés.

Carnet sanitaire, registre d'élevage, quelle différence ?

C'est un document dans lequel vous devez enregistrer les traitements administrés à vos vaches, taureaux, jeunes et moins jeunes veaux. Son format est assez libre, du moment qu'il contient tout ce que l'on veut y trouver : animal traité, quand, comment, avec quoi ? Bref, tout ce qui concerne les soins aux animaux.

Aussi, pour une fois vous allez nous dire, vous avez le choix. Le bon vieux carnet en papier accompagné de son fidèle stylo, ou bien les fichiers numériques créés par vos soins, ou encore un logiciel moderne et ses multiples fonctionnalités.

Et que ce soit vous ou votre vétérinaire qui interveniez, la règle est la même : tout doit être consigné.

En gros, c’est pour agir en cas de contrôle, ou de pépin sur un lot de viande au bout de la chaîne de transformation, qui pourrait impliquer votre élevage. Vous devez pouvoir fournir toutes les informations nécessaires à la vérification de l'absence de risque sanitaire.

Attention à ne pas confondre avec le registre d'élevage, dont il représente une partie seulement.

Rendu obligatoire suite à l'arrêté ministériel du 5 juin 2000, le registre concerne "tout détenteur d’animaux dont la chair ou les produits sont susceptibles d’être cédés en vue de la consommation". Et ne croyez pas en être dispensé si vos animaux sont destinés à votre autoconsommation !

Le carnet sanitaire bovin : que doit-il contenir ?

Une partie remplie par l'éleveur

Vous êtes souvent amené à intervenir vous-même sur vos bêtes. Voici ce que votre carnet doit mentionner :

• L’identification de l'animal ou du lot traité ;
• Les interventions réalisées ;
• Avec quel(s) produit(s) : cela peut être les médicaments, mais aussi les vermifuges et autres traitements préventifs ou les aliments médicamenteux ;
• Selon quels dosages ;
• Par quelle voie d'administration ;
• Quelle fréquence ;
• Quelle durée ;
• La date à partir de laquelle l'animal peut être abattu sans risque pour la consommation humaine.

Concernant les ordonnances délivrées, vous devez les conserver pendant 5 ans.

Un carnet en règle sans efforts ?

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Une partie remplie par le vétérinaire

À chaque visite, son passage doit être répertorié dans le carnet. Il a donc lui aussi un peu de travail pour remplir et signer votre carnet. Celui-ci fait office de carnet de bord de ses actions et ses observations sur votre troupeau. Ce sont des informations qu'il va aussi reporter sur les comptes rendus de visites, notamment dans le cadre des bilans sanitaires.

C'est un moyen pratique de ne perdre aucune information au fil du temps.

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Les obligations légales liées au carnet de gestion sanitaire

Conformité aux normes sanitaires et de traçabilité

En vue de garantir un risque non pas 0, mais très limité, aux consommateurs, vous devez vous conformer aux règles établies. C'est valable pour tout détenteur d'animaux d'élevage.

Alors oui, c'est vrai, ces normes qui s'accumulent dans tous les domaines sont parfois jugées excessives par les éleveurs. Mais ne peut-on pas être fiers de pouvoir fournir une viande bovine et un lait de vache d'une qualité exemplaire ?

N'êtes-vous pas, vous-même, rassuré de savoir que votre famille ne risque pas sa vie à chaque fois qu'elle consomme un steak dans n'importe quel restaurant de France ? La traçabilité a des avantages incontestables, c'est un gage de durabilité de l'élevage français.

Responsabilités de l’éleveur en cas de maladie

Vous n'êtes sûrement pas sans ignorer que toute pathologie suspecte, surtout si elle fait partie de la liste à déclaration obligatoire, doit être signalée aux services compétents.

Les conséquences peuvent être dramatiques si votre troupeau est touché par une maladie pouvant le décimer, ou entraîner son abattage. Mais elles le seraient bien plus encore si l'affection devait se répandre au-delà des frontières de votre exploitation.

Ainsi, des maladies comme la brucellose ou la tuberculose font partie des plus surveillées.

Les avantages d'un carnet sanitaire bien tenu

Facilitation des audits et des contrôles

Un contrôle, ça peut déjà être stressant en soi, même quand on n'a rien à se reprocher. Alors si en plus vous passez des heures et quelques litres de sueur à chercher les documents dont vous avez besoin... Autant vous dire que vous allez au-devant de complications !

Comme dit l'expression, "comme on fait son lit, on se couche". L'audit se passera d'autant mieux que vous aurez à disposition tous les éléments que l'on vous demandera de présenter.

Optimisation de la gestion sanitaire de l'élevage

Ce petit rouage est essentiel au bon fonctionnement de la machine qu'est votre ferme. Autrement dit, avec une gestion sanitaire carrée, vous êtes plus à même de réagir en cas de souci. Vous saurez plus facilement quel levier lié à la santé de vos animaux activer pour limiter les frais vétérinaires.

Vous y gagnerez généralement du temps, et de la clarté sur votre activité. Ainsi, vous pouvez réduire le taux de mortalité sur votre élevage, ou bien l'incidence de certaines pathologies qui nuisent inévitablement à l'efficacité de votre travail.

En comparant les pratiques d'une année à l'autre, vous vous rendez compte que vous avez davantage de toux sur les veaux ? Peut-être un agent pathogène qui traîne et un vide sanitaire supplémentaire ou plus conséquent à effectuer.

Vos bêtes peinent à se finir et la qualité de l'engraissement n'est pas au rendez-vous malgré une ration optimisée ?Peut-être qu'il faut revoir votre politique de déparasitage ? Vous allez d'ailleurs retrouver cette information dans votre carnet et l'évolution de vos pratiques dans le temps.

D'ailleurs, certains Groupements de Défense Sanitaire (GDS) ont subventionné d

es éleveurs pour faciliter l'accès à des logiciels permettant d'informatiser leur carnet. Si ce n'est pas (encore) votre cas, renseignez-vous !

Amélioration de la rentabilité et des performances de l’exploitation

Vous avez sans doute fait le lien tellement c'est logique. En parvenant à réduire les frais vétérinaires, et les conséquences plus ou moins directes de certaines affections, vos résultats vont rosir de plaisir.

Des vaches en bonne santé se reproduisent mieux, grossissent comme on l'espère, et fournissent une viande de qualité rémunératrice. Vous cherchiez un moyen de rentabiliser votre exploitation bovine ? Vous l'avez peut-être trouvé.

De quoi se motiver à s'acquitter de son devoir en matière de remplissage de carnet, non ?

En cas de contrôle : que vérifient les autorités ?

Points de vigilance lors d'un contrôle sanitaire

Un cheval de bataille particulièrement cher au Ministère de la Santé est celui de la diminution du recours aux antibiotiques. En effet, on peut trouver des résidus dans la viande, mais aussi dans les déjections, donc dans les sols, l'eau... Partout.

C'est un problème de santé publique car à force d'être en contact avec des doses mêmes (surtout) légères d'antibiotiques, les bactéries contre lesquelles ils luttent finissent par s'y habituer.

On est de plus en plus confronté à l'antibiorésistance en santé humaine comme animale, ce qui rend plus complexe la lutte contre certaines bactéries.

Aussi, votre vétérinaire peut vous alerter régulièrement là-dessus.

Conséquences d'un carnet mal tenu ou incomplet

En cas de nécessité, le gendarme de la sécurité sanitaire intervient. Ce que vous risquez ?

• Sanctions administratives : par exemple, non-délivrance de l'ASDA (Attestation Sanitaire à Délivrance Anticipée) qui accompagne les déplacements de l’animal ;
• Sanctions financières directes ou indirectes : conditionnalité des aides PAC au respect des règles en matière de traçabilité, ou pénalités suite à une mauvaise utilisation des antibiotiques par exemple (jusqu' à 20 % de pénalités) ;
• Sanctions pénales, si l'on considère que vous avez commis une infraction à la loi et n'avez pas respecté votre devoir vis-à-vis de la sécurité sanitaire.

Croyez-nous, vous avez tout intérêt à rester dans les clous pour éviter ce genre de désagrément.

Conclusion

Vous êtes désormais peut-être réconcilié avec l'idée de tenir un carnet sanitaire bovin impeccable ? Tant mieux. C'est non seulement une obligation réglementaire, mais aussi et surtout un outil de pilotage de votre gestion sanitaire. En tout cas, c'est comme cela que l'on vous conseille de le considérer.

Essayez, vous allez voir ! Vos vaches en meugleront de satisfaction quand elles vous verront le sourire aux lèvres après chaque visite sanitaire, ou toute amélioration liée à votre situation sanitaire.