Registre d'élevage : bien le comprendre et le réaliser dans les règles
Sommaire
Parmi les nombreuses réglementations qui encadrent l'élevage, la tenue d'un registre d'élevage inquiète parfois. Est-ce que c'est compliqué ? Fastidieux ? Comment le remplir ?
Autant de questions auxquelles nous allons répondre dans cet article. Vous n'aurez bientôt plus peur de votre registre et prendrez peut-être même du plaisir à le remplir ! Après tout, c'est une ressource précieuse pour tout éleveur qui se respecte, à bien des niveaux. Curieux d'en savoir plus ? Voyons ça de plus près.
Qu'est-ce qu'un registre d'élevage ?
Définition et cadre légal
En France, il est encadré par plusieurs réglementations, notamment l’arrêté ministériel du 5 juin 2000. Il impose sa tenue pour des raisons de santé publique et de bien-être animal, en garantissant une traçabilité. Chaque éleveur est concerné, quelle que soit l'espèce élevée, du moment que la chair ou les produits de l'animal sont potentiellement destinés à la vente. Ou l'animal lui-même, en ce qui concerne les équidés.
Pourquoi est-il indispensable ?
Vous l'aurez deviné, l'enjeu premier de cette réglementation est la protection du consommateur. C'est mieux, si vous voulez qu'il continue à acheter votre production. Cela passe par la protection du cheptel en garantissant sa bonne santé. Indirectement, c'est aussi la santé de votre exploitation que vous allez surveiller grâce à ce registre.
En effet, il permet d’améliorer le suivi zootechnique et renforce la traçabilité des produits issus de l'élevage. Il garantit ainsi le respect des réglementations sanitaires, notamment en matière d’utilisation de médicaments avant l’abattage. En cas de crise sanitaire, telle qu’une épidémie de fièvre aphteuse, le registre facilite la gestion et le contrôle des mouvements des bêtes.
Qui doit tenir ce registre ?
Les obligations des détenteurs selon le type d'élevage
Cela concerne notamment les élevages de ruminants (bovins, ovins, caprins) et de monogastriques (porcs, volailles). Il en va de même pour les petits élevages d'autoconsommation lorsque les individus sont susceptibles de quitter l’exploitation. Ça peut être le cas lorsqu'il y a de la vente de reproducteurs, par exemple.
Et n'oublions pas les détenteurs d'équidés qui, eux aussi, doivent avoir leur registre.
Quelques précisions :
Pour les bovins
Vous avez sept jours après la naissance de chaque veau pour l'identifier avec un numéro unique, aux deux oreilles.
Pour les ovins et caprins
Même si vous possédez un seul animal, ce qui peut être le cas chez des particuliers, une identification et un registre sont obligatoires. Depuis le 1er juillet 2020, les deux oreilles doivent être bouclées au plus tard six mois après la naissance, et évidemment moins en cas de sortie anticipée de l'exploitation.
La gauche doit l'être avec un dispositif électronique, mais si vos agneaux ou chevreaux sont destinés à l'abattage, vous avez de la chance. Une dérogation vous autorise à ne boucler que la gauche, électroniquement.
Pour les porcs
Le registre est obligatoire dès lors que l'élevage comprend des porcs destinés à la consommation. Même si vous êtes naisseur, car les porcs vont transiter par une autre exploitation pour l'engraissement.
Pour les volailles
La préfecture de l'Ardèche le rappelle : les éleveurs de volailles à vocation commerciale, à partir de 250 volailles, doivent tenir un registre. Depuis 2016, vous devez notamment déclarer chaque mise en place de volaille dans le cadre du plan de lutte contre les salmonelloses et l’influenza aviaire.
Pour les équidés
Eux aussi peuvent être amenés à circuler d'une écurie à une autre, et tout détenteur est concerné. Même si ce sont des chevaux de sport. En effet, sur le principe, leur chair est susceptible de pouvoir être consommée. Les services sanitaires doivent donc pouvoir contrôler leur historique de vie, et leurs mouvements.
Quelles sont les conséquences en cas de non-conformité ?
Si vous ne pouvez pas démontrer la traçabilité de vos produits, via votre registre, vous allez assurément avoir des problèmes lors de contrôles ou d’audits. Qui dit non-respect des règles, dit sanction. Elles sont généralement financières, pouvant aller de l’amende à la suspension de certaines aides agricoles.
Mieux vaut éviter ce type de problème, on est sûrs que vous vous passeriez bien de paperasse supplémentaire.
Ce qu'un registre sanitaire d'élevage doit contenir
Une fiche signalétique globale et plan de l'exploitation
C'est une synthèse qui permet d'avoir une vue d'ensemble, comme une photographie grand angle. On y trouve, comme le précise l'arrêté ministériel :
- Le numéro de l'exploitation ;
- Le nom et adresse de l'exploitation et si elle est différente, le nom et l’adresse du propriétaire ;
- Les caractéristiques du cheptel détenu sur l'exploitation.
Il y a aussi une description des infrastructures et des caractéristiques des bâtiments. Un plan de l'exploitation, avec les zones dédiées aux différentes espèces, est également requis.
L’enregistrement des soins, des visites et des observations vétérinaires
Comme on peut s'en douter, toutes les interventions doivent être consignées dans le carnet sanitaire. Les vôtres, ou ceux des vétérinaires, les traitements administrés et les visites sanitaires doivent être enregistrés. Cela inclut les médicaments prescrits et administrés, ainsi que les protocoles de vaccination et de dépistage obligatoires.
Et cela comprend aussi toute visite de l'élevage. Vous recevez un groupe scolaire qui vient découvrir votre ferme ? À consigner. Vous faites des portes ouvertes ? Idem.
L’identification et traçabilité des animaux
Chaque mouvement d'animaux (naissance, vente, abattage) doit être consigné avec précision. L'identification des animaux (boucles, puces) et les documents relatifs aux mouvements sont indispensables pour assurer une traçabilité optimale. Elle est essentielle notamment pour éviter la propagation de maladies par anticipation ou une fois qu'une pathologie est détectée.
La désignation du référent bien-être animal
Depuis le 1er janvier 2022, la législation impose de désigner un référent bien-être animal pour chaque élevage. Ce référent, qui peut être l'éleveur lui-même ou un salarié, est chargé de sensibiliser le personnel au bien-être des animaux et de veiller à l'application des bonnes pratiques. Êtes-vous bien en conformité ?
Comment tenir son registre ?
Outils et supports recommandés
Il doit être présentable en version papier a minima, comme précisé dans l'arrêté ministériel. Ensuite, rien ne vous empêche d'avoir un système de suivi complémentaire numérique.
De nombreux logiciels spécialisés permettent une gestion facilitée, en automatisant certains enregistrements, comme les mouvements ou les soins vétérinaires. Vous pouvez ensuite vous en servir pour faire des bilans techniques ou économiques sur votre ferme.
Fréquence de mise à jour
C'est évidemment propre à votre activité, mais notez que c'est la fréquence des interventions sur vos bêtes, les naissances ou les déplacements qui va dicter la fréquence de la mise à jour.
Quoi qu'il en soit, soyez rigoureux. On évite le "je le ferai demain", car demain, il y aura autre chose. Ne prenez pas le risque de manquer une information importante et qui pourrait pénaliser la conformité de votre suivi !
Combien de temps faut-il conserver les documents ?
Vous devez conserver ces documents pendant une période minimale de cinq ans. Prévoyez donc cela dans votre système de rangement. Ce sera plus facile à retrouver lors d'un audit.
Les bonnes pratiques pour une gestion efficace du registre
Anticiper les inspections et audits
Pour éviter le bachotage et les sueurs froides au moment de voir arriver la voiture du contrôle dans la cour, il n'y a qu'un conseil à suivre. Ne vous laissez pas déborder !
Pensez aussi que ce n'est pas uniquement pour le jour où vous serez audité. Le registre est un véritable journal de bord de votre élevage. En un coup d'œil, il peut vous permettre de retrouver des données sur une période en particulier, une bête, et analyser vos performances.
Préparez votre registre d'élevage avec Troup'O
Avec votre application, vous saisissez tous vos évènements au cours de l'année, directement dans le bâtiment : mouvements, maladies, prophylaxie, traitements, ... Ensuite, plus qu'à vous connecter sur votre PC pour éditer votre carnet sanitaire et votre bilan des mouvements en un clic pour les joindre à votre registre d'élevage !
Former le personnel à la gestion du registre
Comme il est bon de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, il est préférable de former une à deux personnes supplémentaires pour tenir à jour votre registre. Ainsi, vous pourrez partir en vacances ou tomber malade (ce que l'on ne vous souhaite évidemment pas) plus sereinement. Vos arrières seront assurés.
Conclusion
Le registre d'élevage est obligatoire pour tout détenteur d'animaux dont la chair ou les produits sont potentiellement destinés à être vendus, vous ne pourrez pas y échapper. C'est un support qui permet de consigner les lieux de détention des cheptels sur un territoire, suivre leurs déplacements et toutes les différentes interventions sanitaires dont ils peuvent faire l’objet.
Cela fait partie des règles de fonctionnement qui garantissent une sécurité sanitaire en laquelle tous les consommateurs méritent d'avoir confiance, vous ne trouvez pas ?