Eleveur

L'engraissement des jeunes bovins : nos conseils pour réussir

Écrit par  Delphine Huet
Publié le 27 novembre 2023
5 min. de lecture
Retour sur le centre de ressources

Entre déconsommation de viande et décapitalisation de cheptel, l’offre se réduit et peine à couvrir la demande de la filière. Les chiffres sont formels : +26,1% sur les prix de vente des JB de conformation U3 en 2022, et +28.5% pour les JB R3 (France Agrimer). Les producteurs de jeunes bovins ont observé une hausse globale des marges brutes par animal. De quoi faire tourner des têtes. 

Oui mais voilà. Les prix du marché des bêtes à cornes ne sont pas les seuls à avoir augmenté. On peut observer 40% de surcoût pour des rations maïs et céréales. Que faut-il en déduire ? Non, n'arrêtez pas tout ! En revanche, il est primordial d'optimiser votre système de production. 

L’alimentation de vos jeunes bovins à l’engraissement est une clé, mais elle fait partie d’un système. Comment continuer à profiter de la dynamique de marché ? 

 


Engraisser des jeunes bovins : l’alimentation, oui, mais pas que !

      Identifier vos objectifs

      Trouver un équilibre

Les facteurs qui influencent l'engraissement

      Des facteurs intrinsèques

      Des facteurs extrinsèques

Quelques erreurs à éviter : ne tombez pas dans le panneau !

      Reproduire la même ration chaque année

      Raisonner le poste d'alimentation uniquement comme une dépense…

            Penser uniquement à l'opportunité d'un cours des jeunes bovins élevé

      Suralimenter les bovins

 

 

Engraisser des jeunes bovins : l’alimentation, oui, mais pas que ! 

 

Identifier vos objectifs

Selon la place de cet atelier dans votre ferme, les moyens dédiés à l'engraissement du troupeau, vos enjeux et objectifs ne sont pas les mêmes. C’est ce qu’il faut identifier, pour ensuite repérer les leviers de progression ou les limites de ce type d’élevage. 

Équilibre économique, qualité de viande, bonne situation sanitaire… Tout est lié. Vous vous en doutiez ? Alors vous savez que pour mener votre atelier d’engraissement de jeunes bovins, il doit parfaitement s’intégrer à votre exploitation. Inutile d’essayer de faire tourner un moteur essence avec du gasoil ! 

 

Trouver un équilibre

Vous allez garder vos mâles 18 mois en moyenne s'ils sont nés sur l'exploitation, moins si vous achetez des broutards ou des animaux maigres. Vos revenus ne dépendent pas juste du prix de vente. La qualité et la rapidité du développement des taurillons comptent, pour rentabiliser les coûts de production. Pour ça, il n’y a pas de secret, mais une règle. Avoir une bonne maîtrise technique de l’alimentation des bovins, des cultures associées, et un suivi pointu. 

Aussi, lorsque vous évaluez le coût d'engraissement et la rentabilité, comptabilisez aussi bien les charges fixes que les charges variables. D’ailleurs, avec ces dernières qui s’envolent depuis plusieurs mois, vous allez avoir du travail pour mettre à jour vos calculs ! 

 

Les facteurs qui influencent l'engraissement

 

Des facteurs intrinsèques 

 

Avant de penser à l’alimentation de vos jeunes bovins, la ou les races choisies vous donnent un capital de départ différent. Vous n'obtiendrez pas les mêmes poids de carcasses, à la même vitesse, ni avec la même ration, avec des animaux laitiers ou allaitants. Soyez réaliste, et adaptez la conduite du troupeau en conséquence. Idem pour une même catégorie : charolais, limousin ou parthenais n’ont pas les mêmes caractéristiques de développement. 

 

La sélection des animaux a aussi son importance. S’ils n’ont pas un potentiel génétique adapté à l'engraissement, revoyez vos prétentions à la baisse. Attention, pour performer, une formule 1 est plus gourmande en carburant qu’une citadine. Avez-vous les moyens de l’entretenir ? Encore une fois, tout dépend des objectifs que vous vous êtes fixés. 

 

Des facteurs extrinsèques

 

Ce sont ceux sur lesquels vous pouvez directement agir :  

  • L’environnement : type de bâtiment, stabulation libre ou non, espace disponible, bien-être animal... 
  • L'importance d'une alimentation équilibrée : types d'aliments, quantité, fréquence… 

Le fameux équilibre énergie VS protéines est évidemment au cœur de la question de l’alimentation bovine, notamment en période d’engraissement. Le maïs fourrage est la star de la ration des taurillons, avec un correcteur azoté pour optimiser le développement musculaire et le gain de poids vif. Tourteau de soja, colza… Ils sont aussi essentiels qu’ils pèsent dans le coût de la ration. Ajoutez des compléments vitaminiques et minéraux, et vous vous approchez de la ration parfaite. 

Faites bien la nuance entre maîtriser le coût de votre ration, et les aléas extérieurs qui impactent le coût des aliments. Votre mission, si vous l’acceptez ? Intégrer ces variations pour trouver le meilleur compromis et ajuster vos choix. 

 

Quelques erreurs à éviter : ne tombez pas dans le panneau !

 

Reproduire la même ration chaque année

 

Vous avez semé autant de maïs que l'année passée, ou ensilé le même nombre d’hectares ? Sauf qu’il n’a pas bénéficié de la même quantité d'eau, au même moment. Résultat : même avec une quantité égale de matière sèche, la qualité de l’ensilage n’est pas nécessairement identique. 

Vous voyez où on veut en venir ? Faites des analyses, chaque année, sur chaque récolte, pour partir sur de bonnes bases. 

 

Raisonner le poste d'alimentation uniquement comme une dépense…

 

… Au lieu d'un investissement. Inutile de chercher à rogner sur la qualité des matières premières. Vous le paierez tôt ou tard, puisque les taurillons ne pourront pas exploiter leur plein potentiel. Souvenez-vous de la formule 1. Sans un carburant de qualité, même le meilleur des moteurs sera à la peine. 
 

Penser uniquement à l'opportunité d'un cours des jeunes bovins élevé

 

L'offre est en tension, et les prix de 2022 historiquement inédits dans la filière dépassent ceux de 2017 (France Agrimer). Les cotations abattoir des jeunes bovins sont alléchantes. Les marchands de bétail et les coopératives se bousculent dans la cour ? Tenté d’en profiter ? On vous comprend. Cependant, attention. N’accueillez pas plus d’animaux que vous n’avez de place ou de nourriture. Sinon, c’est vous qui mettrez la main à la poche ! 

Avoir les yeux plus gros que le ventre, c’est l’indigestion garantie. Gardez une marge de manœuvre pour sécuriser l'atelier, et plus largement l’exploitation. 

 

Suralimenter les bovins

 

Une ration trop riche en azote risque de provoquer des problèmes d'acidose, par exemple. Quand on connaît la valeur de ce type d’aliment, quel gâchis ! En plus, vous allez alourdir les dépenses vétérinaires. 

Aussi, vos jeunes bovins ont une capacité d'ingestion limitée. Comme l’indique l’Institut de l’élevage, au-delà de 90 et 95 PDI/UF pour les laitiers, et entre 100 et 105 g de PDI/UF pour les allaitants, l’essai ne sera pas transformé. Préférez l’efficacité alimentaire ! 

 

“Il n’y a pas de problème, que des solutions”, disait André Gide. Votre exploitation, avec son ou ses ateliers complémentaires, n'a pas nécessairement les mêmes contraintes de fonctionnement et de coût que celle de votre voisin. Même si lui aussi est éleveur de jeunes bovins. Inspirez-vous, sans copier.  

Vous travaillez avec du vivant, il faut donc en permanence s'adapter, se remettre en question, et oser. C’est ce qui rend ce travail passionnant, non ? Intégrez des groupes d'échanges, formez-vous sur l’alimentation bovine, faites-vous accompagner. L'engraissement des bovins, et a fortiori des jeunes bovins, est loin d'être une science exacte. Votre expérience ajoutée à celle des autres vous donnera les clés pour trouver VOTRE juste milieu.