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Anthracnose de la vigne : prévention, traitements et conseils 

Considérée comme une maladie de la vigne secondaire en France, l’anthracnose se manifeste par foyer, sur les parties jeunes des plantes. Cette maladie cryptogamique a un impact sur la vigueur des ceps, et par extension, sur la quantité et la qualité des raisins. Biologie, prévention, traitements disponibles : découvrez tout ce qu’il faut savoir sur  Elsinoë ampelina et les conseils pour lutter efficacement contre cet agent pathogène. 

SOMMAIRE :

  1. Quel est l'impact économique de l'anthracnose en France ?
  2. Biologie de l'anthracnose : comment se développe cette maladie fongique ?
  3. Les symptômes de l'anthracnose dans le vignoble
  4. Les méthodes de lutte contre l'anthracnose en vigne
  5. Solutions technologiques pour la gestion de l'anthracnose
 

Quel est l’impact économique de l’antrachnose en France ? 

L’antrachnose, ou antrachnose maculée, est une maladie fongique de la vigne. Elle est actuellement peu développée en France, l’usage des fongicides ayant fortement participé à réduire sa présence dans le vignoble. 

Elle affecte plus particulièrement les parcelles de vignes et de pieds-mères non traitées contre le mildiou. Sans protection, les attaques peuvent causer d’importantes pertes économiques par la réduction de la quantité et de la qualité des récoltes, tout en affaiblissant les plantes. 

Des études parlent de 10 à 15 % de perte de rendement possible pour une vigne impactée et non traitée, et jusqu’à 100 % de perte dans le cas de cultivars très sensibles

Les exportations de matériels végétaux contaminés ont favorisé la dispersion de l’anthracnose depuis l’Europe vers de nombreux autres pays producteurs dans le monde. Elle est présente sur tous les continents et pose des problèmes dans les zones humides. 

Les cépages sensibles à l’anthracnose 

D’après la classification de Pierre Galet (Les maladies et parasites de la vigne, tome 1, 1977), les cépages sensibles à l’anthracnose sont les suivants : 
  • Cabernet Franc 
  • Cabernet Sauvignon 
  • Carignan 
  • Chasselat 
  • Cinsault 
  • Clairette 
  • Duras 
  • Grenache 
  • Malbec 
  • Merlot 
  • Muscat 
  • Portugais bleu 
  • Riesling 
  • Sultanine 
  • Sylvaner 

 Parmi les variétés peu sensibles, on retrouve : le Chenin, le Mourvèdre, les Pinots, le Sauvignon blanc, le Sémillon et la Syrah. Il n’existe pour le moment pas de liste plus récente. 

Biologie de l'anthracnose : comment se développe cette maladie fongique ?

L’anthracnose est le nom générique d’une maladie qui touche tous types de végétaux : arbres et arbustes fruitiers, arbres et arbustes d’agrément, fleurs, cultures potagères… Dans le cas de la vigne, l’agent pathogène est le champignon ascomycète spécifique Elsinoë ampelina, découvert en 1929. 

 Le cycle de ce champignon est encore mal connu. Il existe néanmoins une littérature scientifique abondante le concernant : 
identification du pathogène 
sporulation et infection 
interactions moléculaires avec les vignes 
expression des gènes 
résistance des plantes 

 Peu d’études s’attardent toutefois sur les mécanismes sous-jacents. Voici ce que l’on sait sur le cycle de vie du champignon et les facteurs favorisant son développement. 

Cycle de vie du champignon Elsinoë ampelina

Le champignon Elsinoë ampelina hiverne sous deux formes : 
les sclérotes dans l'écorce et sur les pousses des pieds infectés, au bord des chancres 
les ascospores sur les fruits tombés au sol 

 Au printemps, le champignon produit des conidies. Ces spores asexuées sont disséminées par la pluie, le vent, les engins agricoles ou suite à une irrigation. Les éclaboussures sont particulièrement efficaces pour leur propagation. Ces conidies germent et contaminent ensuite les organes verts de la vigne. Il s’agit donc d’une maladie qui se développe en foyer. 

 Les conditions optimales pour la propagation des spores et l'infection sont : 
des températures qui se situent entre 2 et 32°C 
des précipitations faibles (1 à 2 mm suffisent) 
une humidité prolongée des feuilles (entre 12 et 24 heures) 

 Une température autour de 25°C est nécessaire pour que la maladie se déclare. Après l’infection, les symptômes deviennent visibles : 
entre 3 et 8 jours sur les baies 
entre 6 et 9 jours sur les feuilles 

 Une fois présent sur les tissus, le champignon se développe et crée de nouveaux acervules, organes fructifères servant à la production de nouvelles conidies pour des propagations secondaires. Il peut aussi former des ascomes, structures sexuelles qui produiront des ascospores. Le retour au stade de dormance intervient avec la baisse des températures à l’automne. 

Conditions favorisant la propagation de l'anthracnose

Le développement de l’anthracnose est favorisé par différents facteurs : 
une forte humidité lors d’un printemps frais 
des températures élevées accompagnées de pluies / irrigation (dès 2 mm) 
des parcelles sur sols riches ou en fond de vallée 
une vigueur excessive de la vigne en cas de fertilisation 

Les symptômes de l'anthracnose dans le vignoble

Infectant principalement les tissus jeunes et tendres, l’anthracnose peut toutefois toucher l’ensemble des parties vertes de la plante. 

 À un stade précoce, on observe de petites taches rouge-brun à noir-brun sur les jeunes pousses (feuilles, pétioles, tiges, vrilles, baies…). À un stade avancé, les infections peuvent entraîner : 
une défoliation précoce de la vigne 
un retard dans la croissance et la maturation des baies 
la chute des raisins 
une rupture des tiges 

 La taille et la gravité des lésions peuvent varier en fonction du cépage et de sa sensibilité. Notez qu’avec l’âge, la vigne développe une forme de résistance, dite ontogénique. Autrement dit, les tissus plus anciens deviennent plus résistants à l’anthracnose. 

Signes visibles sur feuilles et impact

Anthracnose-sur-feuille IFV Occitanie

Au niveau des feuilles, l’anthracnose se manifeste par l’apparition de points noirs ou de taches brunes circulaires, de 1 à 5 mm de diamètre, sur la partie supérieure du limbe. 

 Sans intervention, celles-ci s’agrandissent par temps humide et les taches peuvent fusionner. Le centre des lésions prend une teinte grise et le pourtour devient brun foncé ou violet. Si les nervures sont touchées, la feuille va alors se crisper. 

Les parties nécrosées vont ensuite dessécher et tomber, ce qui réduit la surface disponible pour la photosynthèse, et donc la capacité du cep à produire de l’énergie. On parle d’une diminution des sucres et des phénols ou encore d’une réduction des niveaux de chlorophylle, de caroténoïdes et d’acide ascorbique, essentiels à la photosynthèse et aux défenses de la vigne. 

 

Source photo : IFV Occitanie

 

Les conséquences sont :

  • un ralentissement de la croissance de la plante
  • un retard dans le développement des raisins
  • une diminution potentielle du rendement 

Signes visibles sur les rameaux et impact


Anthracnose-sur-rameau IFV Occitanie
 
Au niveau des rameaux, ce sont encore les tissus les plus jeunes qui sont les plus réceptifs. On note l’apparition de taches brunes à noires, d’abord circulaires, puis allongées et irrégulières, parfois en chancres et aux bordures noires. Notez que les pétioles et les vrilles peuvent aussi être touchés. Un brin fortement infecté peut présenter une forme de crosse, avec une extrémité qui semble grillée. 


 Le risque est la casse des tiges, soit la perte directe de biomasse et par extension, du feuillage (énergie) et des grappes (récolte). 

 Des expérimentations menées en laboratoire au Brésil ont par exemple montré une réduction du poids sec des pousses sur les cépages Niagara Rosada et Moscato Giallo infectés par l’anthracnose, respectivement de 80 % et 56 %. 

Source photo : IFV Occitanie

 

Signes visibles sur les grappes et impact

Au niveau du raisin, les premiers symptômes prennent la forme de taches sombres circulaires brun foncé. En croissant, ces lésions s’enfoncent et deviennent des chancres au centre gris-blanc, avec un bord noir. 

 Ces lésions risquent alors de fissurer les baies, porte ouverte à d’autres micro-organismes et à la pourriture. Les raisins seraient réceptifs à la maladie jusqu’à 4 semaines après la floraison. 

 

Les méthodes de lutte contre l'anthracnose en vigne

En l’état actuel des recherches, il semble que l’usage des fongicides soit encore la barrière de protection la plus efficace contre l’infection des plantes par Elsinoë ampelina. Il existe toutefois des alternatives écologiques, dont l’efficacité n’est pas encore prouvée, ainsi que des mesures prophylactiques permettant de réduire la propagation du champignon. 

 Le choix du mode d’action va notamment dépendre de l’historique de la parcelle et des conditions climatiques.  

Traitement phytosanitaire

En France, il n’existe à ce jour aucun produit destiné spécifiquement à la lutte contre l’anthracnose : les solutions anti-mildiou semblent suffire. Toutefois, plusieurs familles de fongicides de synthèse offrent d’excellents résultats pour contrôler le développement d’Elsinoë ampelina : 
le chlorothalonil et le captan/captafol : fongicides à large spectre 
les inhibiteurs de quinone externe (strobilurines) : inhibent la respiration cellulaire des champignons, mais peuvent entraîner des résistances 
les inhibiteurs de déméthylation (DMI) : inhibent la biosynthèse d'ergostérol, composante de la membrane cellulaire des champignons, risques de résistances 
les fongicides dithiocarbamates : solutions multi-sites de contact 
le carbendazim (benzimidazoles) : perturbe l'assemblage des microtubules pendant la division cellulaire, mais peut entraîner des résistances 

 Il est à noter que d’autres produits chimiques (cuivre, métalaxyl, chaux soufrée, vinclozoline, procyrnidone) semblent être inefficaces contre Elsinoë ampelina. 
La couverture doit être envisagée relativement tôt dans la saison, au printemps, pour prévenir l’infection des jeunes pousses. En cas de déclenchement, il est primordial de maintenir la gravité de la maladie en dessous de 25 % de la surface foliaire atteinte afin d’éviter une chute prématurée des feuilles. 

Contrôle biologique et alternatives écologiques

Du côté de la lutte biologique, des études ont montré que des préparations à base d’extraits d’oignon et d’ail, qui contiennent des composés soufrés, pouvaient participer à l’inhibition de la croissance mycélienne du champignon Elsinoë ampelina. 

 Une autre piste, encore expérimentale, est l’utilisation de champignons endophytes, qui se développent dans les tissus végétaux. Ceux-ci pourraient stimuler les défenses des plantes ou bien attaquer directement le pathogène. Une étude chinoise de 2020 a montré le rôle d’Albifimbria verrucaria dans la résistance de la vigne sauvage contre Botrytis cinerea, Erysiphe necator (oïdium)(https://www.isagri.fr/maladies-vigne/oidium) et Elsinoë ampelina.  

 Du côté des solutions naturelles (purin de consoude, infusion ou purin d’ortie), il n’existe encore aucune preuve scientifique de leur efficacité directe dans la lutte contre les maladies fongiques en vigne. Riches en minéraux et en silice, elles pourraient jouer un rôle dans le renforcement des défenses immunitaires des ceps (production de phytoalexines), au même titre que certains biostimulants et produits de biocontrôle agricoles.  

Mesures prophylactiques

Le choix d’un cépage résistant reste la meilleure stratégie pour réduire l’incidence de l’anthracnose. Toutefois, comme c’est le cas dans la lutte contre de nombreuses autres maladies cryptogamiques, une bonne hygiène du vignoble est essentielle : 

éviter une densité excessive de plantation qui limite l’aération 
tondre régulièrement les rangs enherbés 
s’assurer que le sol soit bien drainé 
veiller à éliminer les pieds-mères 
détruire les débris végétaux contaminés (feuilles, tiges, fruits) 
procéder à un effeuillage si nécessaire pour aérer le cœur des ceps 

 En fonction de l’historique de votre parcelle, vous veillerez aussi à minimiser l’apport d’engrais et la fertilisation (notamment en azote) au printemps, dans les périodes propices à l’apparition du champignon. 

Solutions technologiques pour la gestion de l'anthracnose

Contrairement à l’oïdium et au mildiou(https://www.isagri.fr/maladies-vigne/mildiou), l’anthracnose n’est pas une maladie problématique en France. Toutefois, dans votre lutte intégrée contre les champignons pathogènes des vignes, vous pourriez faciliter votre travail à l’aide d’équipements technologiques de pointe comme les stations météo connectées, ceci afin de : 
  • obtenir des données météo fiables, par parcelle, sans vous déplacer 
  • améliorer l’efficacité de vos interventions 
  • diminuer l’IFT (Indice de fréquence de traitement) 
  • sécuriser vos rendements