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Principes et pratiques essentielles de l'alimentation porcine

Écrit par  Alexandra de Pig'Up
Publié le 07 janvier 2025
6 min. de lecture
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L’objectif de la production porcine moderne est de maximiser la quantité et la qualité de la viande porcine produite par truie par an (ou au cours de sa vie) à coût réduit. Le premier pas est de s’assurer que l’animal la truie produit un nombre approprié de porcelets par portée, par an ou au cours de sa vie. Par conséquent, la nutrition et la conduite des truies pendant la gestation sont cruciales pour atteindre ces objectifs.

 

Les principaux composants de l’alimentation des porcs

 

La composition des aliments chez les porcs repose sur trois constituants principaux :

La valeur énergétique des aliments :

Cette valeur peut être exprimée en énergie digestible (ED), en énergie métabolisable (EM) et en énergie nette (EN). L'énergie nette est le critère le plus pertinent pour évaluer la valeur réelle d'un aliment pour l'animal. Elle est généralement mesurée en mégajoules (MJ) ou en kilocalories (kcal) (1 MJ = 238,9 kcal).

Les acides aminés :

Ces éléments constituent les protéines et sont cruciaux pour la croissance des porcs. Certains acides aminés, appelés essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car le porc ne peut pas les synthétiser. La lysine est l'acide aminé limitant, et son apport conditionne l'utilisation des autres acides aminés. Les besoins en acides aminés sont déterminés en fonction de leur digestibilité par l'animal. Une carence en acides aminés nuit aux performances de l'animal, tandis qu'un excès peut entraîner des rejets azotés et une pollution environnementale.

Le phosphore :

Essentiel pour le métabolisme énergétique et la santé osseuse des porcs, le phosphore doit être présent en quantité adéquate dans l'alimentation. Un excès de phosphore peut également contribuer à la pollution environnementale. Les besoins en énergie et en acides aminés sont interdépendants et sont exprimés sous forme d'un rapport entre la lysine digestible et l'énergie nette. Ce rapport évolue avec le poids vif du porc et permet d'adapter les apports en acides aminés en fonction de la concentration énergétique de l'aliment.

La composition alimentaire des porcs

Les besoins nutritionnels à chaque étape de la croissance

De la naissance au sevrage

Dès la naissance, la qualité du lait maternel est importante pour leurs croissances. Le colostrum (premier lait produit par les mamelles de la truie peu de temps avant et immédiatement après la mise bas) qui est riche en immunoglobines et en nutriments joue un rôle déterminant pour le développement du système immunitaire des porcelets. Le lait maternel fournit environ 12 MJ/kg et il doit être complété par des aliments pré-sevrage (poudre, granulés, pépinières liquides) à partir de la deuxième semaine pour permettre aux porcelets de s’adapter à une alimentation solide. Généralement, Ils contiennent 18 à 22% de protéines brutes et 1,5% de lysine qui favorisent la croissance musculaire et le développement des organes.

BON A SAVOIR : chaque petit possède sa tétine préférée, et ils choisissent en un éclair après la naissance. Changer de tétine pour un porcelet dans la même portée ? impossible !! Vous avez sûrement déjà vu un porcelet qui commence à fondre comme une glace en été au bout de 2-3 jours même s’il tète. C’est mal barré pour lui : il n’a pas eu sa dose de colostrum, et vous ne pourrez rien y faire, c’est la fin assurée. En plus, il faut s’assurer qu’il ait bien chaud. S’il se les gèle, il ne bougera pas, donc il ne tétera pas, donc il ne boira pas de colostrum, donc il fera ses adieux.

Post-sevrage et croissance

Le sevrage se fait généralement 3 à 4 semaines après la naissance et un poids de 7 a 8 kg. Les besoins nutritionnels des porcelets changent. Ils doivent consommer des aliments solides à haute digestibilité, avec des niveaux de protéines ajustés (18 à 20 %) pour réduire le stress post-sevrage. Des acides aminés essentiels comme la méthionine et la lysine restent vital pour une bonne croissance. Un bon équilibre énergétique, autour de 14 à 15 MJ/kg, fait partie des critères d’une meilleure croissance.

Finition

La phase de finition, qui commence lorsque les porcs atteignent près de 70 kg, nécessite une alimentation qui optimise la conversion alimentaire et la prise de poids, souvent ciblée à 2,4 à 2,6 kg d'aliment pour 1 kg de gain de poids. Le niveau énergétique des rations augmente à environ 13 à 14 MJ/kg, tandis que la teneur en protéines est réduite à environ 15 à 17 % pour éviter les excès d'azote et les coûts inutiles. L’accent est mis sur un équilibre optimal en acides aminés pour maximiser le rendement en viande maigre.

Reproduction

Les truies en gestation et en lactation ont des besoins nutritionnels spécifiques pour soutenir leur portée et leur production de lait. Une truie en gestation nécessite environ 13 MJ d'énergie métabolisable par jour, tandis qu'une truie allaitante peut en nécessiter jusqu'à 18 MJ/jour. Les rations doivent être enrichies en calcium et phosphore pour la santé osseuse et contenir des niveaux élevés de lysine (environ 0,9 à 1,0 %) pour produire du lait de haute qualité.

Gestation des truies

La consommation de colostrum et de lait constitue le premier instinct initial pour les porcelets après la naissance. Il est essentiel de veiller à ce que chaque porcelet consomme environ 250 g de colostrum. Cependant, la production de colostrum est limitée et peut varier. Pour maximiser cette production, il sera important de favoriser le développement optimal de la glande mammaire et de sa synthèse en fin de gestation. Une accumulation excessive de graisse dans la glande peut entraver la mammogenèse. Par conséquent, il ne faut pas suralimenter les truies pendant la gestation. La production laitière des truies est influencée par le nombre de porcelets, leur vitalité et l'apport alimentaire quotidien des truies. En plus de ces facteurs, l'amélioration de la croissance des glandes mammaires et de la circulation sanguine peut également optimiser les performances en lactation.

Les besoins nutritionnels des porcs à chaque étape de croissance

 

Impact de l'alimentation sur la santé et la productivité

Effets nutritionnels sur la santé porcine

Une alimentation équilibrée est importante pour la prévention des maladies et le bien-être général des porcs. Par exemple, une carence en zinc peut entraîner des problèmes de peau, tandis qu'un manque de vitamine E et de sélénium peut causer des troubles musculaires. Les probiotiques et prébiotiques sont souvent ajoutés aux régimes pour améliorer la santé intestinale et renforcer le système immunitaire, réduisant ainsi la nécessité d'antibiotiques.

Les effets de carences nutritionnelles chez les porcs

Corrélation alimentation-productivité

L’alimentation influence directement les taux de croissance, la conversion alimentaire et la qualité de la viande. Des études montrent qu'un régime bien équilibré peut améliorer la croissance journalière de 15 à 20 % et réduire le temps nécessaire pour atteindre le poids de marché de 10 à 15 jours. Une alimentation riche en acides aminés essentiels et en énergie permet d'optimiser le rendement de viande maigre, augmentant ainsi la rentabilité. Un apport adéquat en nutriments essentiels, tels que les protéines, les acides aminés, les vitamines et les minéraux, est indispensable pour une croissance optimale. Un régime équilibré favorise une meilleure synthèse des protéines musculaires, ce qui se traduit par une croissance journalière plus importante de 15 à 20% selon les études. Cela permet aux animaux d'atteindre le poids de marché plus rapidement (10 à 15 jours de moins), réduisant ainsi le temps d'élevage et les coûts associés

La conversion alimentaire représente l'efficacité avec laquelle les animaux convertissent la nourriture en gain de poids. Un régime riche en nutriments digestibles et appétissants encourage une meilleure absorption des nutriments, réduisant ainsi la quantité de nourriture gaspillée. Cela se traduit par un meilleur indice de conversion alimentaire, ce qui signifie que les animaux produisent plus de viande avec moins de nourriture, améliorant ainsi la rentabilité de l'élevage.

L'alimentation joue un rôle important dans la composition et les caractéristiques de la viande. Un régime riche en acides aminés essentiels favorise le développement des muscles maigres, ce qui se traduit par une viande plus tendre et plus savoureuse. De plus, l'apport en vitamines et en minéraux influence la couleur, la texture et le goût de la viande, la rendant plus attrayante pour les consommateurs.

Ratio conversion alimentaire

Équilibrer coûts et qualité

Stratégies de réduction des coûts d'alimentation

Pour réduire les coûts, les producteurs peuvent utiliser des ingrédients locaux ou des sous-produits de l'industrie agroalimentaire. L'incorporation de coproduits, tels que les drêches de distillerie, peut réduire les coûts sans compromettre la qualité nutritionnelle. L'optimisation des formules alimentaires via des logiciels spécialisés permet également de minimiser les coûts tout en maintenant l'équilibre nutritionnel.

Plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre pour réduire les coûts d'alimentation des porcs, telles que :

  • L'utilisation de matières premières locales
  • La production d'une partie de l'alimentation sur l'exploitation
  • L'optimisation de la formulation des aliments
  • La gestion précise des stocks

Tableau des Stratégies de Réduction des Coûts d’Alimentation

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