Optimiser sa récolte du foin avec les sommes de températures
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Produire un foin de qualité repose sur le fait de faucher au bon moment. Un fourrage bien conservé, riche en nutriments et correctement séché, sera la garantie d’une ration efficace pour le troupeau et limitera les dépenses en compléments. Mais comment déterminer ce moment optimal ? Faut-il se fier à une date fixe (mai, juin…) ? Observer la montaison des graminées ? Scruter la météo ?
Nous vous recommandons plutôt d’observer la somme des températures, une approche objective et reproductible. Elle permet d'anticiper le stade physiologique des plantes afin d’ajuster la fenaison en fonction des conditions réelles. Cette méthode optimise la valeur nutritive du foin, limite les pertes et maximise la productivité des prairies. Découvrons comment appliquer concrètement ce levier simple à mettre en place.
Qu’est-ce qu’un bon foin ?
Un bon foin est avant tout un fourrage qui répond aux besoins nutritionnels du troupeau tout en garantissant une bonne digestibilité. Mais sa définition exacte variera selon la destination animale (vaches laitières, bovins à l’engraissement, ovins, caprins, chevaux…), les conditions de récolte et les objectifs de l’exploitation.
Un foin de qualité se reconnaît à :
- sa valeur nutritive : il est riche en protéines (MAT > 14 % pour légumineuse, 10-12 % pour graminée) et équilibré en fibres. Un excès de lignine (foin trop mûr) réduit l’ingestion et l’efficacité alimentaire ;
- sa teneur en matière sèche : suffisamment sec (au moins 80 % de matière sèche, idéalement entre 85 et 88 %) pour éviter l’échauffement et la prolifération de moisissures ;
- son aspect et sa couleur : conserve une teinte verte, signe d’une bonne conservation des pigments et vitamines. Trop jaune : coupe tardive ou séchage inadéquat ;
- son odeur et sa texture : odeur agréable de plantes séchées. Une odeur de fermentation ou de moisissure est un signe d’une mauvaise conservation ;
- l’absence de poussières et de moisissures : un foin poussiéreux peut provoquer des problèmes respiratoires chez les animaux. La présence de moisissures ou de champignons expose le troupeau à des toxines (mycotoxines).
Comment obtenir le meilleur foin possible au moment de la fauche ?
L’importance du déprimage sur la qualité du foin
Le déprimage consiste à faire pâturer les prairies tôt au printemps, avant que les graminées n'atteignent la phase « épi à 5 cm ». Cette pratique :
- améliore la qualité du fourrage : en éliminant l'herbe vieillie, le déprimage favorise une repousse homogène et riche, ce qui augmente la digestibilité du foin ;
- stimule le tallage : ce pâturage précoce encourage le tallage des graminées, ce qui accroît la densité du couvert végétal et améliore le rendement en foin ;
- retarde le développement de l'herbe de 5 à 10 jours : planification plus flexible de la fenaison et meilleure gestion des repousses.
Pour réussir cette étape :
- Commencez votre déprimage dès que l'herbe atteint 8 cm pour les bovins et 5 à 6 cm pour les ovins.
- Assurez un pâturage rapide, en veillant à ce que les animaux quittent la parcelle lorsque l'herbe est rase (4 à 5 cm). Cela contribue à une repousse plus uniforme.
- Évitez le déprimage sur des sols détrempés pour prévenir le compactage et les dommages au couvert végétal.
La fertilisation azotée du foin
La fertilisation azotée est un levier envisageable pour optimiser la production de foin, car elle aura une influence directe sur le rendement et la qualité du fourrage. Voici les principaux points à considérer :
- mesurer les besoins en azote des prairies qui fluctuent selon la variété et l'objectif de production ;
- choisir le moment optimal pour l'apport d'azote, avec un 1er apport lorsque la somme des températures atteint 200°C depuis le 1er janvier (reprise de la végétation) ;
- adapter le dosage si la prairie comprend des légumineuses (réduire la dose pour préserver les légumineuses, voire supprimer l'apport en cas de forte présence) ou pas (jusqu'à 100 unités d'azote par hectare, fractionnées en plusieurs apports).
Stade optimal de la végétation pour le fauchage
Le développement des plantes au moment de la fauche sera déterminant pour la qualité du fourrage. Il influence à la fois la valeur nutritive, le rendement et la facilité de séchage du foin.
Un fauchage trop précoce ou trop tardif peut compromettre l’équilibre entre apport énergétique, fibrosité et capacité de conservation du fourrage. Voici un récapitulatif des avantages et inconvénients du fauchage selon les différents stades de développement des graminées :
Ainsi, pour garantir un bon équilibre entre rendement et qualité nutritionnelle, les repères suivants sont à retenir pour récolter au moment :
- Graminée : début épiaison avant floraison, somme de températures cumulée entre 700 et 1100°C (calculée à partir du 1er février).
- Légumineuse : fin de bourgeonnement, moment où la plante offre un maximum de protéines et d’appétence.
Focus sur la somme des températures pour le fourrage
Vous avez à votre disposition plusieurs repères pour tenter de déterminer le bon moment de la fauche des fourrages, comme par exemple :
- le calendrier (mai ou juin)
- l’échantillonnage sur le terrain : prenez 10 poignées de plantes au hasard dans la parcelle et vérifiez si 50% d’entre elles ont atteint le stade souhaité.
- lorsqu’il y a un maximum de feuilles et que moins de 10 % des graminées ont épié
Mais avec des conditions climatiques toujours plus variables et incertaines, des saisons irrégulières et des plantes qui ne poussent pas à la même vitesse d’une année à l’autre, difficile de juger à l’œil si le fourrage est bel et bien prêt pour la coupe. Pour combler cette incertitude, rien ne vaut le calcul de la somme des températures.
Ce repère fiable et objectif prend en compte l’accumulation de chaleur nécessaire à la croissance des plantes pour vous aider à prévoir avec précision l’optimum de la végétation, indépendamment des fluctuations météorologiques. Cette somme des températures est tout simplement le cumul des degrés-jours au-dessus d’un seuil minimum appelé température de base, dont voici la formule :
Chaque jour, la moyenne des températures minimales (Tmin) et maximales (Tmax) est calculée :
- Si elle est < 0°C, on retient 0°C.
- Si elle est comprise entre 0°C et 18°C, on retient la valeur.
- Si elle est > 18°C, on retient 18°C, car au-delà, il n’y a plus d’effet positif sur la flore.
👉 Exemple fictif pour la luzerne avec une température de base de 5°C :
Lundi
❄️Température min : 10°C
➡️Moyenne : 14°C
🌱DJ du jour : 9 DJ
Mardi
❄️Température min : 12°C
➡️Moyenne : 17°C
🌱DJ du jour : 12 DJ
Mercredi
❄️Température min : 8°C
➡️Moyenne : 13,5°C
🌱DJ du jour : 8,5 DJ
En additionnant ces valeurs chaque jour, on suit l’évolution de la somme des températures pour anticiper le stade optimal de fauche
Quand faucher le foin selon la somme des températures ?
Nous l’avons exploré en détail dans notre guide thématique sur le temps thermique des cultures : les éleveurs ont tout intérêt à observer la somme des températures pour mieux maîtriser la qualité de leurs fourrages et l’efficacité de la ration.
Si le déclenchement des fauches peut bien entendu varier en fonction des conditions météorologiques et du risque de précipitations, on peut tout de même avoir une idée précise du moment idéal pour lancer le chantier..
Tableau : Somme des températures requises pour le fourrage
La fauche du foin : mode d’emploi
Grâce à la somme des températures, vous avez pu déterminer avec précision la fenêtre idéale de fenaison en fonction de l’objectif de qualité nutritionnelle du fourrage. Dans cette section, nous allons maintenant passer en revue les conseils clés pour récolter son foin au bon moment de la journée et avec la bonne méthode pour garantir un fourrage de qualité.
Conseil 1 : Choix du matériel de fauchage
Le choix du matériel de récolte a un impact direct sur la qualité du foin et les pertes mécaniques. Les pertes peuvent atteindre jusqu’à 1/3 des fourrages en cas de mauvais réglages sur légumineuses par exemple ! En fonction du type de fourrage et des conditions de récolte, certaines machines seront donc plus adaptées que d’autres
Conseil 2 : Conditions météorologiques idéales pour la fauche
Il est estimé qu’il faut autour de 2 à 3 jours / 40 à 70 heures au mieux pour obtenir une dessiccation optimale du foin, voire une semaine. Par exemple, avec une température moyenne de 15°C, il faut prévoir environ :
- 2 à 3 jours de séchage pour une fétuque
- 5 à 6 jours de séchage pour un ray-grass anglais
Fenêtre météo : Minimum 4 à 5 jours sans pluie ➡️Évite le lessivage des nutriments et laisse le temps pour la dessiccation complète.
Température : ≥ 15°C ➡️Plus la température est élevée, plus le séchage sera rapide
Hygrométrie : < 70 % ➡️ Humidité de l’air basse = meilleure évaporation de l’eau du fourrage.
Vent : Présence de vent modéré ➡️ Favorise l’évaporation de l’eau contenue dans le fourrage
Ensoleillement : Fort ➡️ Augmente la température et favorise la dessiccation.
📌 Bon à savoir : Les stations météo connectées, qu’elles soient physiques ou virtuelles, vous seront d’une grande aide pour déterminer ces conditions idéales.
Conseil 3 : Meilleur moment de fauche dans la journée
Une fois le fourrage coupé, les végétaux continuent à respirer tant que les cellules sont vivantes. Ce qui entraîne une perte des sucres solubles, donc des unités fourragères. On vise donc à minimiser le temps de dessication pour limiter la respiration.
Tableau : Timing idéal pour faucher dans la journée
📌 À retenir : Récolter en fin de matinée (10-11h) est la meilleure option pour évacuer l’humidité de la nuit et profiter d’un séchage accéléré grâce aux températures élevées de l’après-midi.
Conseil 3 : La bonne hauteur de coupe du foin
Le choix de la hauteur de coupe va influer sur la qualité du fourrage et la bonne repousse de la prairie.
- ✅ Hauteur optimale : 6-8 cm, bon compromis entre rendement et qualité, séchage plus rapide, moins de contamination par la terre et les bactéries ;
- ❌ Coupe trop basse (< 5 cm) : risque de contamination, fourrage plaqué au sol qui retient l’humidité (risque de développement de champignons et bactéries), sécheresse du sol accélérée ;
- ❌ Coupe trop haute (> 10 cm) : gaspillage, moins de rendement, augmente le temps entre deux coupes sans réel bénéfice pour la qualité du fourrage.
Conseil 4 : Limiter la poussière dans les fourrages
La présence de poussière dans le foin affectera sa qualité. Cela va réduire son appétence et possiblement nuire à la santé des animaux (irritations respiratoires, développement de mycotoxines). Plusieurs facteurs contribuent à l’accumulation de ces particules fines :
- Humidité excessive :
- développement de champignons, bactéries et spores fongiques (ex : Aspergillus fumigatus)
- accumulation de toxines
- Techniques de récolte inadaptées :
- coupe trop basse (< 7 cm) → contamination du fourrage par la terre
- mauvais réglage des dents de la faneuse ou de l’andaineur
- fanage tardif (ex : 48h après la coupe) → augmentation des pertes et de l’effritement
- brassage excessif des fibres (fanages en conditions trop sèches) → dispersion des particules fines
- séchage insuffisant (MS < 85%) → développement de moisissures et fermentation anormale
Conseil 5 : Bonnes pratiques mécaniques pour chaque étape de la récolte
Voici maintenant un tableau récapitulatif des différentes étapes du fauchage avec un exemple de temps nécessaire pour chaque chantier. Nous utiliserons ici l’exemple suivant :
- Véhicule : tracteur de 90 CV
- Attelage : faucheuse rotative de 2,80 m
- Surface : 40 hectares
Fauche
✅ Bonnes pratiques et recommandations :
- Faucher à 6-8 cm pour éviter contamination et favoriser la repousse.
- Travailler en fin de matinée après la rosée pour accélérer le séchage.
- Utiliser une faucheuse rotative ou conditionneuse selon le type de fourrage.
- Ne pas dépasser 8-10 km/h pour assurer une coupe nette.
Exemple : 22 heures (1,8 ha/h)
❌ Facteurs de perte :
- Coupe trop basse (< 5 cm) → contamination par la terre.
- Mauvais réglage des lames → arrachage des plantes.
- Fauchage par temps humide → séchage ralenti
Fanage
✅ Bonnes pratiques et recommandations :
- Faner le matin avant disparition de la rosée pour éviter l’effritement.
- Ne pas faner avant J+1 après la coupe pour limiter la perte du feuillage.
- Utiliser une vitesse d’avancement rapide et un régime lent des toupies.
- Limiter les passages (3 max) et adapter selon conditions de séchage.
Exemple : 34 heures (3,5 ha/h sur 3 passages)
❌ Facteurs de perte :
- Perte de feuilles : 5% sur graminées, jusqu’à 25% sur légumineuses.
- Fanage tardif (48h après la coupe) → augmentation des pertes.
- Brassage excessif par temps sec → effritement.
- Trop d’interventions mécaniques → perte de 30% possible.
Andainage
✅ Bonnes pratiques et recommandations :
- Andainer le matin avant la disparition de la rosée pour préserver les feuilles.
- Régler les dents pour éviter un brassage trop agressif.
- Former des andains volumineux pour limiter le temps de rotation dans la presse.
Exemple : 16 heures (2,5 ha/h)
❌ Facteurs de perte :
- Mauvais réglage → perte jusqu’à 10% de feuilles.
- Travail en conditions trop sèches → augmentation des pertes mécaniques.
Pressage
✅ Bonnes pratiques et recommandations :
- Presser en fin de matinée après disparition de la rosée.
- Adapter la pression de pressage selon le taux de matière sèche.
- Former de gros andains pour réduire les manipulations.
Exemple : 20 heures pour 600 balles (30 balles/h)
❌ Facteurs de perte :
- Humidité trop élevée → risque d’échauffement, moisissures.
- Fourrage trop sec → pertes mécaniques par effritement.
- Temps de rotation trop long dans la presse → fragmentation excessive.
Stockage et conservation
✅ Bonnes pratiques et recommandations :
- Stocker sous abri ventilé et surélevé pour éviter l’humidité.
- Taux de matière sèche optimal selon la méthode de conservation :
Foin : ≥ 85% MS.
Enrubannage : ≥ 45% MS et enrubanner sous 4h.
Ensilage : 35% MS, longueur de coupe adaptée (< 3 cm si MS élevée, 4 cm si MS faible).
- Vérifier régulièrement l’état des balles pour éviter toute perte.
❌ Facteurs de perte :
- Mauvaise ventilation → fermentation anormale et perte de valeur nutritive.
- Fourrage insuffisamment sec → développement de moisissures.
- Balles mal protégées → infiltration d’humidité.
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Il existe de nombreux outils à destination des éleveurs et des agriculteurs pour suivre les conditions météorologiques, calculer les degrés-jours et anticiper le meilleur moment pour récolter. Plusieurs bases de données en accès freemium vous permettront d’obtenir des informations précises pour votre région, comme par exemple :
- la base de données de Syngenta
- l’outil de calcul d’Arvalis
- l’outil de somme de température de Terre-Net
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