Bilan Sanitaire d'Élevage : l'essentiel pour une gestion sanitaire optimisée

Vous êtes passionné par votre travail d'éleveur ? On vous comprend, quoi de plus satisfaisant que de contribuer à façonner les paysages de notre territoire et à remplir nos assiettes ?
Mais voilà, la passion ne suffit pas à faire un bon paysan, qui est aussi un chef d'entreprise. Qui dit entreprise, dit responsabilités. Celle de gérer sur le bout des doigts tous les aspects sanitaires de votre troupeau.
Allez, pas de panique. Nous allons y aller par étapes, et vous allez voir, le bilan sanitaire d'élevage n'aura plus de secrets pour vous.

Qu'est-ce que le bilan sanitaire pratiqué en matière d'élevage ?

Tout d'abord, il faut savoir que c'est un dispositif réglementaire. Le ministre de la Santé et des Solidarités et le ministre de l’Agriculture et de la Pêche ont cosigné un arrêté en avril 2007 pour favoriser la surveillance et les soins aux animaux d'élevage.

Le but ? Se donner toutes les chances de maintenir un état sanitaire de référence stable sur tout le territoire.

Comment ? En éloignant les risques de voir des pathologies se développer, qui pourraient nuire non seulement aux exploitations, mais également à la santé des consommateurs. C'est bel et bien un sujet de santé publique.

Ainsi, l'État s'est donné pour mission de surveiller l'état de santé des troupeaux, en impliquant les services vétérinaires comme les agriculteurs. L'organisation de visites par le vétérinaire sanitaire de référence de l'élevage sont prévues dans toutes les régions. En effet, chaque exploitation doit avoir le sien.

Ces mesures sont étroitement liées aux bonnes pratiques en matière de prophylaxie.

Pourquoi est-il obligatoire dans le cadre de la gestion sanitaire ?

Comment tenir facilement mon cahier sanitaire à jour ?

Découvrez nos 7 conseils pour ne plus rien oublier 

Checklist

Depuis 2005, des visites de bilan sanitaire sont obligatoires, pour chaque type de production. Ainsi, les exploitants doivent accueillir tous les deux ans leur vétérinaire sanitaire pour procéder à une évaluation du troupeau.

Dans le cadre de la Loi Santé Animale (LSA), le gouvernement se donne pour mission de renforcer la sécurité sanitaire, ainsi que les liens entre exploitants agricoles et vétérinaires. Chacun a sa part de responsabilité dans la situation sanitaire du pays, et se doit de respecter les règles qui incombent à leur activité. Vous voyez peut-être cela comme des contraintes parfois lourdes.

Mais parfois, ça a du bon, les obligations. Les résultats sont là ! C'est ce qui a permis la quasi éradication de certaines maladies comme l'IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine). C'est d'ailleurs la LSA qui définit la liste des pathologies d'élevage contre lesquelles elle lutte. Aussi, ces contrôles sont un outil pour équiper les parties prenantes dans la lutte contre les maladies qui touchent les animaux d'élevage.

Mieux armés veut dire plus aptes à réagir vite et bien en cas de pépin. Cela vous permet aussi d'être plus performant. Enfin votre élevage. Enfin les deux. Mais on va y revenir.

Les étapes du BSE par le vétérinaire : bien plus qu'une simple visite sanitaire

Préparation du bilan sanitaire : les éléments à considérer

Pour assurer la bonne conduite de chaque visite du vétérinaire, vous devez être en mesure de lui fournir l'historique des données concernant votre troupeau. Normalement, elles sont enregistrées dans le registre d'élevage. Plus les informations sont faciles à retrouver, plus le rendez-vous se passera agréablement et rapidement pour tout le monde.
Aussi, n'attendez pas le dernier moment pour mettre la main sur vos papiers. On vous conseille d'opter pour un système de classement papier ou numérique qui vous convient. Déjà, cela facilitera la gestion de routine. Et lorsque vous aurez besoin de retrouver des informations, comme lors du passage du vétérinaire sanitaire, vous n'aurez presque plus qu'à claquer des doigts !

Déroulement de votre visite

Désormais, l'administration fournit aux vétérinaires un formulaire de BSE prérempli. Là encore, cela facilite le remplissage des données, et permet au vétérinaire de se concentrer sur son passage et vos échanges.

De plus, le déroulement et le contenu peuvent légèrement varier selon les années. En effet, des thématiques sanitaires plus ou moins d'actualités peuvent dessiner des axes de surveillance accrue. Par exemple, en 2019, c'était sur les antibiotiques. Il était devenu urgent d'alerter les agriculteurs sur l'enjeu majeur de santé publique que leur utilisation représentait.

En 2021, c'était sur les mesures de biosécurité et la tenue du registre d'élevage, tout ce qui permet d'empêcher la transmission des maladies infectieuses par des mesures de prévention.

D'ailleurs, les vétérinaires sont justement encouragés à favoriser la prescription de mesures de prévention, dans le but d'éviter l'administration de médicaments vétérinaires.

Collecte et analyse des données sanitaires

Les données sont récupérées sous forme de questionnaires. Ainsi, la collecte est rendue plus simple, de même que l'analyse des résultats, puisqu'ils sont récupérés chez tout le monde de la même manière.

Ce qui intéresse alors les services vétérinaires, c'est la fréquence et la nature des pathologies observées dans chaque exploitation. Ou si l'élevage a déjà été confronté à une problématique en particulier. La prévalence de certaines interventions ou maladies donne des indices sur le niveau de bonne santé d'un troupeau dans une exploitation donnée. Cela permet également d'orienter le professionnel de santé quant aux mesures à appliquer en priorité pour améliorer votre situation, si besoin en était.

Ainsi, vous pouvez bénéficier d'un protocole de soins sur mesure en fonction des besoins identifiés sur votre ferme.

La rédaction et l'utilisation du document de synthèse suite à une visite

Le vétérinaire rédige sa synthèse selon trois grandes parties les informations recueillies sur les formulaires suite à la visite :

• Les coordonnées du vétérinaire et de l’éleveur ;
• Un récapitulatif des pathologies prioritaires identifiées suite à examen clinique, leur fréquence et impact économique ;
• Les protocoles de soin pour chaque type de pathologie courante. Ils sont souvent accompagnés d’ordonnances spécifiques en cas de traitements à distance​.

Les synthèses sont utilisées aussi pour suivre l'application des préconisations. Des GDS comme celui de la Creuse apportent même une aide financière pour encourager les éleveurs à pleinement adhérer à la démarche de veille sanitaire : jusqu'à 250 € pour des analyses dans le cadre d'un audit sanitaire.

Et chez vous, ça se passe comment ?

Actualisation et suivi régulier du bilan sanitaire

Enfin, ce bilan sanitaire ne serait pas un dispositif complet sans mise à jour des données. Des visites régulières de suivi alimentent les données recueillies. Cela permet d'avoir des statistiques de mortalité, de morbidité, ou encore d’efficacité des traitements effectués. Et ce, à l'échelle d'une ferme, comme d'un territoire.

En plus, avec la digitalisation, tout devient plus simple. L'automatisation du traitement des données facilite grandement leur utilisation dans le temps.

Les visites sanitaires comme outil de gestion pour les éleveurs

Déjà, si l'on prend l'exemple du plan Ecoantibio, de nombreux éleveurs ont pu réduire l'usage d'antibiotiques. C'était un gros enjeu non seulement pour la santé publique, mais aussi pour la gestion sanitaire du troupeau. Mieux vaut garder éloignés les problèmes d'antibiorésistance, non ?

D'après le Ministère de l'Agriculture, les campagnes de suivi diverses et variées ont entraîné des résultats satisfaisants et encourageants en matière de santé animale, et donc de sécurité sanitaire. C'est donc un bon outil de gestion pour la population agricole.

À l'échelle de votre exploitation, vous pouvez tout à fait vous servir de ces données pour évaluer vos résultats en matière de performance. Par exemple, éviter les affections impactant la reproduction se verra sur la productivité de votre troupeau. Les femelles improductives seront moins nombreuses. Le nombre de veaux par an sera plus important, et cela se répercutera favorablement sur vos résultats économiques.

Ainsi, réduire les problématiques sanitaires peut vous permettre de sérieuses économies, en limitant l'intervention du vétérinaire pour des soins.

Conclusion

Ces visites sanitaires obligatoires en élevage s'opèrent dans le cadre d'un dispositif visant à faire un bilan de la situation sanitaire en France. Ce suivi sanitaire permanent s'inscrit dans la durée, et permet à tout détenteur des animaux d'élevage du territoire de participer à l'effort collectif en s'acquittant de sa propre responsabilité à l'échelle de son troupeau.

Et cela s'avère payant ! Que ce soit au niveau de la qualité des produits destinés à la consommation humaine, mais aussi sur la productivité de votre troupeau, qui se traduiront positivement sur la comptabilité de l'exploitation. Peut-être que désormais, vous ne verrez plus cette surveillance sanitaire comme une contrainte, mais comme une opportunité ?