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Eleveur

Tout ce que vous Devez Savoir sur le Sorgho Fourrager

Écrit par  Delphine Huet
Publié le 26 septembre 2025
7 min. de lecture

Des fourrages de qualité pour une ration économique et équilibrée !

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Culture d'avenir sur une planète en perdition ? C'est un peu comme ça qu'est présenté le sorgho fourrager depuis quelques années. Cela ressemble à un effet d’annonce un peu racoleur, et pourtant.

On lui prête notamment des qualités de résistance à la sécheresse, ce qui en ferait une culture de choix à intégrer dans les systèmes d'élevages qui cherchent à réduire leurs coûts de production.

À tort ou à raison ? C'est ce que nous allons traiter dans cet article qui se veut un guide du cultivateur de sorgho.

Qu'est-ce que le fameux sorgho fourrager ?

C'est une plante pérenne de la famille des poacées, donc une graminée. On le cultive principalement pour l'alimentation animale, particulièrement en ensilage pour les ruminants, en grain pour l’alimentation humaine, ou en biomasse pour la méthanisation.

S'il a connu un certain désamour dans les années 80 par manque de résultats fiables et de soutien politique, ce n'est plus le cas maintenant qu'on le connaît un peu mieux. Sa surface cultivée a plus que doublé entre 2018 et 2020 en France (FranceAgrimer).

Il est notamment étudié de près depuis une dizaine d'années par des instituts comme Arvalis. On lui connaît des qualités agronomiques indéniables sur lesquelles nous allons faire toute la lumière. 

Pourquoi choisir les semences de sorgho ?

Adaptabilité aux conditions climatiques

Sa première qualité, c'est sa capacité à résister à la sécheresse. En effet, il réclame 30 % d'eau de moins que le maïs, d'après Sorgho-ID, l'association internationale qui lui est dédiée. Inutile de faire un dessin, vous devinez en quoi il peut être un allié précieux des éleveurs.

Avec ses racines profondes, il capte l'eau profondément, en plus de contribuer à la structuration du sol.

Gestion durable des sols

De fait, il lutte donc contre l'érosion grâce à une implantation à toute épreuve. En plus de cela, il nécessite peu de pesticides car peu soumis aux ravageurs. Peut-être car c'est une culture plus récente ? Prenons-en soin, si on veut que ça le reste.

Enfin, l'azote et le potassium absorbés par la plante sont restitués pour moitié dans le sol. Plutôt généreux et intéressant pour vos terres, et votre compte en banque qui économisera autant d'engrais.

Rentabilité économique

Avec tout cela, vous comprenez que les coûts de production d'une telle culture sont assez réduits du fait de sa faible exigence. De plus, il peut avoir un bon rendement, de 14 à 20 T de Matière Sèche (MS)/ha.

Démonstration plus parlante : prenons un Sorgho vulgaire ou du Soudan (Sorghum bicolor ou S. x drummondii). Le coût des semences est annoncé entre 41 et 55 €/ha pour une densité de semis de 25 kg/ha.

Pour couronner le tout, il a une valeur alimentaire appréciable. Associé avec d'autres types d'affouragements, il permet d'assurer la couverture des besoins énergétiques et azotés du bétail.

Caractéristiques de ce végétal

Variétés et typologies

On peut les classer en deux familles distinctes.

usages-sorghoAlimentation humaine ou animale ou méthanisation : les différents usages du sorgho

  1. Les "monocoupe" : destinés à être récoltés en une fois. Pour le grain, en alimentation humaine, en ensilage pour les bêtes, ou éventuellement en substrat de méthanisation. Ils ont notamment fait l'objet d'une étude chez Arvalis, pendant une dizaine d'années. Ils peuvent être classés en 3 profils, en fonction de leur valeur énergétique :
  • Profil « UFL » ;
  • Profil « Équilibré » ;
  • Profil « Rendement ».

Moins ils sont riches en énergie, plus ils sont riches en fibres, et même trop. Ils sont alors destinés à un usage industriel, dans un méthaniseur.

     2. Les "multicoupe", qui vont subir en général plusieurs coupes dans la saison :

  • Les Sorghum x drummondii (les Sudan grass) ;
  • Le sorgho hybride du Sudan grass avec un bicolor, assez adapté au pâturage et à la production de biomasse rapide.

Et avec tout ça, on peut distinguer, dans ces deux classifications, le type BMR (Brown Midrib, avec une ligne brune dessinée). Ils sont particulièrement appréciés pour leur teneur en lignine jusqu'à 75 % plus faible que les autres.

Ils présentent l'avantage d'une digestibilité améliorée de 15 à 30 %.

Valeur nutritionnelle du sorgho fourrager

Il faut savoir qu'un BMR sera plus riche en amidon et en glucides solubles. Cela veut dire qu'il faudrait une quantité de matière moindre d'une variété de ce type, pour un même apport nutritionnel. Avec ceci, les monocoupes (UFL) seraient plus intéressants d'un point de vue énergétique.

Il fournit environ 1 UFL/kg de MS et propose une fourniture d'énergie intéressante, sans les inconvénients des aliments chargés en amidon comme le maïs ensilage (acidoses...). D’ailleurs, si ce serait un sacrilège de couper votre vin avec de l'eau, on vous autorise, et même conseille, de le faire  dans une ration de maïs avec du sorgho.

Ses caractéristiques fibreuses sont favorables à une bonne rumination ce qui, vous le savez sûrement, est une des clés de la bonne santé digestive de vos vaches.

Bien le cultiver

 

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Conditions optimales pour la culture

Attendez la fin du printemps ou le début d’été pour produire une biomasse suffisante. Préférez aussi des parcelles drainées car il n'aime pas barboter. Ce n'est pas pour rien qu'on le conseille dans les régions sèches !

Techniques de semis et de gestion des cultures

On conseille d'utiliser un semoir direct, suivi d'un passage de rouleau pour pouvoir favoriser une bonne implantation des semences, et donc une meilleure germination. La profondeur idéale se situe entre 2 et 4 cm.

Moment idéal pour la récolte

Il va falloir patienter entre la mi-septembre et la mi-octobre. Point très important, la hauteur des épis est un bon indicateur. Sachez que si vous vous y prenez trop tôt, la plante sera trop riche en acide cyanhydrique. Le système digestif de vos bovins ne va pas apprécier.

La hauteur minimale est autour de 30 à 40 cm pour des variétés monocoupes notamment. Mais au-dessus de 80 cm, vous écartez bel et bien le risque. Dans le doute, vérifiez ce que disent les caractéristiques de la variété de votre choix.

Un autre élément qui peut vous décider à récolter : quand le végétal atteint 27 à 30 % de matière sèche. Des analyses peuvent vous aider à étalonner, la première fois.

On parle aussi de faucher avant l'apparition des panicules, ou "bouquets" floraux, pour les variétés multicoupe. C'est là que la qualité d'ensilage est optimale. Le suivi du temps thermique, ou sommes de températures, peut vous aider à identifier ce stade idéal.

Choisissez le meilleur moment pour récolter vos fourrages

Récolter votre sorgho fourrager au moment optimal pour l'intégrer dans votre ration et améliorer votre marge sur coût alimentaire !

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Avantages agronomiques dans les rotations

Associations de culture conseillées

Dans une rotation culturale, cette plante permet surtout de casser un cycle de reproduction de ravageurs d'autres cultures, et d'augmenter le rendement de ces dernières.

Il s'entendra donc très bien en précédent des cultures comme le soja, le pois, la féverole, le lupin, ou le pois chiche. Mais c'est aussi vrai pour le lin, le tournesol ou le maïs.

Bon à savoir : les semis peuvent être associés avec une légumineuse pour conjuguer les avantages, d'après une étude franco-brésilienne de 2013. Ainsi, vous disposez d’une ration de base plus équilibrée, en réduisant la consommation d’intrants grâce aux synergies.

À la clé également, une économie d’énergie et une réduction de la sensibilité aux aléas climatiques. Par exemple, associez-lui du trèfle, du pois protéagineux, ou de la vesce.

Associations de culture déconseillées

Le faux pas à éviter : l'implantation comme précédent de céréale à paille comme le blé d'hiver ou l'orge de printemps. De même que d'autres graminées, elle pourrait nuire au bon développement de la céréale qui lui succède.

Les principales maladies et ravageurs du sorgho

Maladies courantes

En France, on note assez peu de problématiques majeures de ce genre, pour l'instant. Il existe toutefois des pathologies pouvant intervenir lors de la germination et de la levée. Le mildiou ou des champignons comme le rhizoctone ou le pythium peuvent jouer les trouble-fêtes, également sur des jeunes plants.

À un stade de végétation plus avancé, vous pouvez rencontrer des champignons de type fusarium ou macrophomina. Ils peuvent intervenir en cas de fortes variations climatiques au moment du remplissage des grains.

Selon le stade de récolte votre culture sera donc plus ou moins exposée au risque.

Principaux ravageurs et nuisibles

Si on cherche la "petite bête", voici celles dont vous devez vous méfier sur notre territoire.

Le taupin, un petit coléoptère noir, attaque au stade de larve les racines du sorgho. C'est le ravageur le plus cité par les producteurs en France.

Enfin, la mouche du semis se plaît énormément dans les sols frais. Elle peut donc attaquer les jeunes plants qu'elle pourrait y trouver.​ Si vous n'attendez pas d'avoir un sol réchauffé, bien après l'hiver.

Informations complémentaires de gestion phytosanitaire

On conseille ce que l'on appelle la lutte intégrée, car l'efficacité réside dans une pratique de prévention. Choisir des variétés résistantes, de semences qui sont parées de substances protectrices, ou faire une rotation des cultures pour limiter la pression des pathogènes en sont des exemples. En dernier recours, les produits phytosanitaires utilisés de façon ciblée, pour limiter leur portée, est une solution.

Conclusion

On ne veut pas vous vendre du rêve avec ce sorgho, mais avec tous ces éléments vous savez à quoi vous en tenir. Les qualités de ce couvert végétal commencent à avoir leur petite réputation. Elle pourrait bien être un allié de choix sur votre exploitation, et faire le bonheur du fermier comme de ses bêtes.

Tenté d'essayer ?