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Eleveur

Prophylaxie bovine : un pilier de la santé et de la sécurité sanitaire en élevage

Écrit par  Delphine Huet
Publié le 05 août 2025
7 min. de lecture

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Assurer la sécurité et la santé de votre troupeau ? Évident, nous direz-vous. Et pourtant, tout peut très vite basculer. Et les enjeux qui en découlent sont suffisamment nombreux pour ne pas être pris à la légère.

Loin de nous l'idée ou l'envie de vous faire peur avec la menace d'une épidémie, mais comme "cela n'arrive pas qu'aux autres", on préfère que vous ayez la meilleure connaissance possible des moyens de vous prémunir de tout désagrément. Vous avez suffisamment à gérer pour ne pas vous en rajouter, non ?

Vous allez voir que les mesures de prophylaxie que nous allons évoquer sont ce que l'on peut appeler une contrainte nécessaire, et même fort utile, voire rentable.

Qu'est-ce que la prophylaxie bovine ?

Définition et importance pour tous les bovins

Le mot prophylaxie évoque l'ensemble des mesures de prévention qui permettent d'être proactif pour veiller à la bonne santé des troupeaux. Tout ce qui évite à une maladie de se propager relève donc de mesures prophylactiques. Vaccination, dépistages, tests individuels ou sur un échantillon de population... De nombreux protocoles encadrent cette mission d'intérêt général.

Et vous allez voir que l'enjeu est non seulement celui de la santé physique, mais aussi économique. On y reviendra un peu plus loin. Cela touche d'ailleurs aussi bien les bovins laitiers qu'un troupeau allaitant.

Rôle dans la prévention des épidémies

Les différentes données récoltées chaque année permettent de s'assurer de l’efficacité des mesures, et de rectifier les pratiques si besoin en était.

Comme exemple de réussite, on peut citer le bilan de campagne du Groupement de Défense Sanitaire (GDS) de la Creuse (23). En juin 2024, ils pouvaient affirmer que 99 % des cheptels bovins de leur département étaient indemnes d'IBR, l'une des maladies les plus traquées par les programmes en place. 

Cette fameuse estampe "indemne de" est un peu le graal pour tout éleveur, un signe d'une bonne conduite d'exploitation en matière de prévention de santé.

Objectifs de la prophylaxie en élevage

Les enjeux se déclinent en trois niveaux.

1. Maintien de la santé des troupeaux...

... et de la pérennité des élevages. Eh oui car les deux sont étroitement liés. Vous avez tout intérêt à garder le plus longtemps possible vos animaux en bonne santé pour éviter les frais vétérinaires inutiles, ou pire encore.

Quand on dit "pire", c'est que les maladies traquées par les plans prophylactiques à grande échelle sont graves. Elles pourraient décimer des troupeaux entiers, et donc des exploitations entières. Regardez ce qui se passe chez les éleveurs de volaille qui ont subi de plein fouet la grippe aviaire et se sont retrouvés avec des bâtiments complètement vides. De quoi bousculer toute une économie, mais aussi des vies entières.

Vous l'avez compris, il y a beaucoup à perdre, rien qu'à votre niveau. Alors plus largement, imaginez.

2. Sécurisation de la chaîne alimentaire

Certaines maladies, comme la brucellose, sont ce que l'on appelle des zoonoses. Elles peuvent se transmettre aux êtres humains, donc potentiellement vous, votre famille, via une consommation de produits laitiers ou carnés contaminés par la bactérie.

C'est donc un enjeu sociétal important. Pour la sécurité de tous, et là encore la pérennité des filières d'élevage. Pourquoi ? Tout simplement parce que la confiance des consommateurs est plus facile à perdre qu'à gagner. L'histoire nous l'a prouvé plus d'une fois : lorsqu'un scandale éclate, il éclabousse tous ceux qui gravitent dans l'écosystème.

S'en suivent une chute des ventes, une baisse des prix, une mise en danger des exploitations... Impossible d'ignorer toutes les conséquences de ce genre de cas.

3. Optimisation de la productivité

Un animal en bonne santé est capable d'assurer une bonne production, et une bonne reproduction. Vous avez donc tout intérêt à garder éloigné le risque d'une contamination. Vous ferez ainsi l'économie de visites vétérinaires ou de traitements onéreux.

Mais vous éviterez aussi la chute de production de lait, par exemple, ou d'avoir des animaux dont la période d'engraissement se rallonge parce qu'ils ne profitent pas correctement de leurs rations.

Ainsi, assurer la santé du troupeau, c'est réduire les pertes économiques liées aux maladies, et sécuriser la production agricole, à plus ou moins grande échelle. 

Prévention des maladies dans les troupeaux bovins

De manière générale, la surveillance quotidienne du troupeau constitue la base de la prévention.

Aussi, la tenue du registre d'élevage vous permet de tenir une sorte de carnet de bord. Comme une mémoire infaillible qui permet de retracer les mouvements des animaux, les soins, bref, tout ce qui concerne de près ou de loin leur santé.

Et puis il y a ce que l'on appelle des mesures de biosécurité. Elles visent à éviter toute introduction de pathogène dans les exploitations. Cela peut concerner : 

  • Des pratiques, des habitudes, comme celle de désinfecter les bottes de toute personne pénétrant dans un bâtiment par exemple ;
  • Des équipements, comme un sas, ou des zones dédiées à la désinfection, justement ;
  • La gestion des vecteurs des agents pathogènes. La faune sauvage est souvent en cause, car il y a parfois des porteurs sains de certains virus ou bactéries.

De nombreuses formations sont régulièrement dispensées pour mettre à jour les connaissances en la matière. Vous pouvez vous rapprocher de votre GDS pour vous tenir au courant.

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Les mesures de prophylaxie obligatoires en production bovine

Charte de mise en œuvre des missions déléguées par l'État

Déjà, vous devez savoir qu'il est nécessaire d'en référer au vétérinaire sanitaire de l'élevage pour toute problématique rencontrée. Et son action se fait en parallèle de celles des GDS. Il y a des antennes régionales puis départementales, qui veillent à appliquer toutes les mesures en vigueur.

Mais vous restez la première ligne du front. Votre mission (que vous avez acceptée en devenant éleveur, si si, souvenez-vous !) est de signaler tout problème de santé suspect sur votre exploitation. 

Modalités de mise en œuvre des campagnes de prophylaxie bovine

Les mesures peuvent varier. Cela peut passer par des analyses de lait, sur les tanks, mais aussi des prises de sang individuelles, sur un nombre d'animaux plus ou moins conséquent. Généralement les campagnes ont lieu de novembre à avril.

Les principales maladies pour lesquelles les programmes prophylactiques sont obligatoires

Tuberculose bovine

C'est une maladie bactérienne chronique, principalement respiratoire. Son dépistage repose sur l'intradermotuberculination. C’est un test qui révèle en 72 heures la possible présence de la bactérie responsable, après injection de son antigène (une partie de sa structure) sous la peau. Elle est réalisée sur les bovins âgés de plus de 24 mois, ou 12 mois si le cheptel n'est composé que de jeunes animaux.

Dans les territoires à risque, vous pouvez être soumis à un dépistage tous les 3 ans. Mais bonne nouvelle : grâce à toutes ces campagnes, la France enregistre une baisse des régions dites sensibles. Les efforts paient !

Brucellose bovine

Cette bactérie touche le système reproducteur. D'ailleurs, la survenue d'un avortement doit vous alerter car c'est un des symptômes de la maladie.

Des analyses sérologiques sur les bovins de plus de 24 mois peuvent être pratiquées. Environ 20 % de la population y passe tous les ans, avec toutefois un nombre de bêtes testées qui ne peut pas être inférieur à 10. Mais on peut aussi tester du lait prélevé en tank.

Leucose bovine

Il s'agit d'une pathologie virale qui s'attaque au système lymphatique.

Là encore, les bovins sont testés à partir de 2 ans, ou bien leur lait si ce sont des vaches laitières. Et ce tous les 5 ans. On recherche alors la présence du virus sur un échantillon de troupeau jugé représentatif, à savoir 20 %.

IBR (Rhinotrachéite Infectieuse Bovine)

Elle est causée par un virus qui entraîne une affection respiratoire très contagieuse.

On recherche la présence d'anticorps que l'animal aurait développés s'il est touché, dans le sang ou le lait. Le dépistage intervient une à deux fois par an, selon que c'est respectivement dans les élevages laitiers ou les élevages allaitants. De plus, la réglementation sur l'IBR a évolué en 2022. Des contrôles sont mis en place à chaque mouvement d'animaux entre les élevages, même s'ils se font entre "indemnes de".

BVD (Diarrhée Virale Bovine)

Cette maladie est souvent asymptomatique. Elle touche souvent les jeunes animaux, qui lorsqu'ils la déclarent, manifestent de la diarrhée, un affaiblissement, voire des problèmes de reproduction.

Elle est donc recherchée tous les ans, voire deux fois par an dans le lait de tank. On peut y rechercher la présence d'anticorps. Mais on peut aussi réaliser des prélèvements de cartilage de l'oreille. 

Varron

Cette maladie parasitaire, causée par les larves d'un insecte, provoque des abcès sous la peau. Si vous en voyez le long du dos par exemple, interrogez votre vétérinaire.

Mais elle est moins présente et les règles sont donc assez variables. Un tirage au sort national peut désigner les élus à dépister, de nouveaux sur les bovins de plus de 24 mois, mais aussi si le risque est jugé important sur un secteur ou une exploitation. C'est le cas de celles situées à moins de 5 km de la frontière espagnole, ou dont les animaux s'y rendent en estive.

Voici un tableau récapitulatif des principales maladies et mesures obligatoires.

Maladies
Type de dépistage
Fréquence des contrôles
Animaux concernés
Mesures de gestion
Tuberculose Bovines
Intradermotuberculination (IDC)
Annuel ou triennal dans certaines zones à risque
Bovins de plus de 24 mois
Abattage des animaux infectés
Brucellose Bovine
Analyse sérologique ou lait de tank
Annuel
20% des bovins de plus de 24 mois
Dépistages après avortements, mesures de quarantaine
Leucose Bovine
Test sérologique (sang ou lait de tank)
Tous les 5 ans
20% des bovins de plus de 24 mois
Élimination des animaux contaminés
IBR (Rhinotrachéite Infectieuse Bovine)
Test sérologique (sang ou lait de tank)
Annuel
Tous les bovins de plus de 24 mois dans les élevages indemnes
Isolement et traitement des animaux infectés, vaccination
BVD (Diarrhée Virale Bovine)
Test virologique (sang ou lait de tank)
Selon les mesures locales de biosécurité
Bovins infectés ou nouvellement introduits
Abattage des animaux infectés, surveillance renforcée
Varron
Test sérologique
Tous les 5 ans en moyenne
Sur tirage au sort ou selon population
Traitement antiparasitaire obligatoire


Conclusion

Comme tout détenteur de bétail, il y a des règles à respecter pour assurer la sécurité sanitaire sur votre exploitation. Mais comme on l'a vu, l'enjeu est bien plus large que celui d'assurer la bonne santé de vos propres animaux. Il en va de l'équilibre économique des filières, comme de la santé des consommateurs des produits que vous vendez.
Les organismes à vocation sanitaire sont présents sur tout le territoire national pour assurer le respect des règles établies. Jouez le jeu, et vous en sortirez gagnant, soyez-en sûr !