Piétin-verse du blé : symptômes, traitements et conseils
Sommaire
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Le piétin-verse, souvent discret en début de cycle, peut compromettre une récolte de blé tendre s’il n’est pas détecté à temps : verse, échaudage des épis, pertes de rendement… Pourtant, en combinant résistance variétale, conduite culturale adaptée et outils d’aide à la décision, il est possible d’éviter un traitement fongicide non nécessaire. Ce guide vous aide à reconnaître cette maladie, à évaluer précisément le risque dans vos parcelles, et à choisir les leviers techniques ou curatifs les plus efficaces.
Qu'est-ce que le piétin-verse du blé ?

Le piétin verse
Le piétin-verse est une maladie cryptogamique du blé provoquée par deux champignons du genre Oculimacula : O. yallundae et O. acuformis
📷 Source : Arvalis - Institut du végétal
Ce pathogène s’attaque à la base des tiges, affaiblit leur structure et peut entraîner une verse parasitaire. Inféodée à la parcelle, la maladie s’installe durablement si les pratiques culturales favorisent son développement. Les attaques, souvent discrètes au départ, peuvent évoluer vers des pertes de rendement significatives si la verse survient avant la maturité.
En France, Oculimacula yallundae est l’espèce majoritaire. Sa forme sexuée colonise les graminées, notamment les céréales à paille. Deux pathotypes circulent : le type W, très virulent sur blé, et le type R, pathogène à la fois sur blé et seigle. O. acuformis, plus lent en culture in vitro, est moins fréquent mais tout aussi problématique en parcelle
Dégâts du piétin-verse sur la culture de blé
Bien que souvent peu nuisible, le piétin-verse peut provoquer des dégâts importants lorsqu’il s’installe précocement. Sans verse, les pertes restent généralement limitées (3 à 4 q/ha), mais si la maladie affaiblit les tiges avant la montaison, les risques augmentent fortement.
Une attaque précoce fragilise les tiges, qui deviennent cassantes à maturité sous l’effet du vent ou de la pluie. Cette verse, mécanique et désordonnée :
- complique les opérations de récolte
- augmente les pertes au sol
- dégrade la qualité du grain
Le poids spécifique est souvent impacté, ce qui pénalise directement la valorisation commerciale du lot.
Le piétin-verse touche principalement le blé tendre, plus rarement le blé dur. Il est exceptionnel sur orge, triticale et autres graminées.
En cas de forte attaque, les pertes peuvent atteindre 15 à 20 q/ha, notamment dans les parcelles sensibles ou semées précocement – jusqu’à 40 % du rendement normal dans les cas extrêmes. Une surveillance dès les premiers stades est donc à prévoir dans les parcelles à historique.
Symptômes typiques du piétin-verse en blé
Les symptômes du piétin-verse apparaissent généralement la montaison et la maturité.
Le premier signe visuel est une tache ocellée, de forme elliptique, bordée d’un liseré brun diffus, localisée sur la gaine à la base de la tige. En soulevant les gaines, on peut observer un ou plusieurs points noirs bien distincts sur la tige. Ce sont les stromas, amas mycéliens caractéristiques du piétin-verse. Leur résistance au frottement du doigt en fait un excellent critère de diagnostic.
Sur la tige, une seule tache diffuse est généralement visible, située juste sous le premier nœud. Parfois, deux lésions peuvent coexister. En cas d’atteinte sévère, les épis peuvent subir un échaudage complet, distribué de façon désordonnée dans la parcelle, sans logique de sol ou d’exposition. La plante peut également verser à maturité, surtout si l’attaque est précoce et intense.
La confirmation du diagnostic repose sur la reconnaissance du stroma, mais peut aussi être complétée par des analyses moléculaires, sérologiques ou microbiologiques si nécessaire.
Tableau récapitulatif des symptômes du piétin-verse en blé
Faire la distinction avec d’autres maladies du blé
Le piétin-verse peut être confondu avec d’autres maladies de pied, comme le rhizoctone ou la fusariose du collet. Une identification rigoureuse à la base des tiges permet en général de les différencier :
Cycle de vie du pathogène du piétin-verse
Le pathogène est capable de survivre jusqu’à 3 ans sur les résidus de culture. Dès l’été, il se maintient sur les chaumes contaminés, les repousses ou les graminées adventices, qui agissent comme sources primaires d’inoculum.
À l’automne, il sporule : il produit des conidies en continu, jusqu’à l’hiver. Ces spores asexuées sont dispersées par les éclaboussures de pluie sur de courtes distances. Dès que la température dépasse 5 °C et que l’humidité est suffisante (85 % pendant 15 heures), les conidies germent à la base des jeunes tiges et pénètrent par la gaine foliaire. Les cultures en semis précoce ou en monoculture sont les plus exposées.
L’incubation dure de 6 à 8 semaines. Les premiers symptômes apparaissent donc souvent à partir de la fin tallage :
Taches ocellées
En fin de cycle, une reproduction sexuée peut se produire : les périthèces libèrent des ascospores capables de se disperser plus loin et de générer une diversité génétique élevée dans les populations du champignon.
Certaines hypothèses évoquent la possibilité d’infections secondaires à partir des lésions existantes, mais ce point reste discuté.
Cycle de vie du pathogène du piétin-verse en blé
Les facteurs de risque du piétin-verse
Plusieurs facteurs agronomiques et environnementaux favorisent l’apparition du piétin-verse. En voici les principaux :
- Rotation et antécédents culturaux : blé sur blé ou rotations courtes avec céréales = risque élevé. Le champignon survit jusqu’à 3 ans sur les résidus. Les parcelles à historique sont prioritaires à surveiller.
- Sensibilité variétale : les variétés sans gènes Pch1 ou Pch2 sont plus vulnérables. Le gène Pch1 (issu d’Aegilops ventricosa) offre une bonne résistance. Une note ≥ 5 dans les classements du CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection) gérés par le GEVES (Groupe d'Étude et de contrôle des Variétés Et des Semences) est un bon indicateur.
- Semis précoces et densité élevée : un semis trop tôt = exposition prolongée aux spores. Densité élevée = contact gaine à gaine favorisant la propagation. Tiges fines et peu aérées → conditions idéales pour l’infection.
- Sols favorables : sols limoneux battants, boulbènes ou crayeux = plus de rétention d’eau. Favorisent la conservation des résidus et la germination du champignon.
- Travail du sol mal maîtrisé : un labour mal conduit peut remonter des résidus infectés. Seul un enfouissement profond et homogène est réellement protecteur.
- Conditions climatiques favorables : automnes doux et humides. À partir de 550 degrés-jours cumulés (DG), la propagation de gaine en gaine s’accélère. Le suivi météo local est essentiel pour anticiper le risque.
Pour en savoir plus sur l’intérêt et le fonctionnement de la somme des températures, découvrez notre article thématique
Leviers agronomiques contre le piétin-verse
La lutte contre le piétin-verse commence dès la conception de l’itinéraire technique. En adaptant ses choix variétaux, ses dates de semis et ses pratiques culturales, il est possible de fortement réduire, voire d’éviter un fongicide.
1. Choisir une variété résistante au piétin-verse
C’est le levier le plus simple et le plus économique. Certaines variétés de blé tendre possèdent le gène Pch1, qu'il leur confère une résistance naturelle.
Les variétés notées 5 et plus dans la grille GEVES ne nécessitent généralement aucun traitement spécifique. À l’inverse, les variétés très sensibles (note ≤ 2) doivent être évitées en zones à risque.
Par exemple : Scénario (note 7) est une référence pour sa double résistance piétin-verse et maladies foliaires. En revanche, il faudra éviter les variétés Apache, Rubisko, Solehio ou Hysun, très sensibles malgré un bon comportement sur d’autres maladies.
Pour davantage d’informations sur la résistances des variétés de blé, consultez les Fiches Variétés d’Arvalis.
2. Casser le cycle par la rotation
Le piétin-verse survit dans les résidus céréaliers. Un précédent blé, suivi d’un blé, favorise l’inoculum résiduel. L’orge, peu sensible, est une bonne alternative en deuxième paille. L’idéal est d’introduire une rupture dans la rotation dès que possible.
Un labour profond peut enfouir les chaumes contaminés. Mais s’il est trop superficiel ou irrégulier, il peut au contraire remonter de vieux foyers en surface. Ce levier est utile, mais ne remplace pas le choix variétal.
3. Retarder la date de semis
Un semis après le 25 octobre réduit d’un point le risque piétin selon les grilles Arvalis. En plus, le semis tardif présente des avantages sur d’autres fronts :
- moindre pression des graminées (ray-grass, vulpin…)
- moins de maladies du feuillage (septoriose, rouilles)
- moins de pucerons d’automne, vecteurs de virus
Grille de risque piétin-verse : le modèle TOP
Pour gérer efficacement le piétin-verse sans traitement systématique, la grille de risque développée par Arvalis – Institut du végétal offre une méthode structurée. Le modèle TOP (Traitement Optimum vis-à-vis du Piétin) évalue en 3 étapes le risque de manière progressive en intégrant les facteurs agronomiques, les observations terrain et les conditions climatiques, et ce, depuis la date de semis jusqu'au stade épi 1 cm.
Utilisé sur plus de 486 000 ha (chiffres 2020), ce modèle est intégré dans de nombreux OAD. Il permet d’économiser un fongicide spécifique dans les situations maîtrisées, ou de mieux cibler le traitement là où il est réellement justifié.
Étape 1 : Choix variétal
La première entrée du modèle est génétique. Une variété notée ≥ 5 dans la grille GEVES est considérée comme peu sensible (Scénario, Hyxpress…) : elle ne justifie pas de traitement ni de surveillance particulière. Si la variété est plus sensible, l’évaluation se poursuit.
Étape 2 : Analyse agronomique + observation terrain
On complète la grille par l’évaluation du potentiel infectieux de la parcelle (présence d’un précédent blé, résidus de culture, type de sol) et par des observations entre le stade épi 1 cm et 2 nœuds :
👉 L’observation doit porter sur au moins 50 tiges, en plusieurs points de la parcelle.
- ✅ Si < 10 % de tiges atteintes (moins de 5 tiges) : aucun traitement
- ⚠️ Si 10 à 35 % (entre 10 et 35 tiges) : on passe à l’étape 3
- 🚨 Si > 35 % de tiges atteintes (plus de 35 tiges) et historique maladie : traitement conseillé
Étape 3 : Indice climatique TOP
L’indicateur TOP, accessible via le BSV ou le Baromètre® maladies blé tendre (Arvalis), intègre les données climatiques de la levée au début montaison :
- < 30 → Aucun traitement nécessaire
- 30 à 45 → Décision au cas par cas selon le risque agronomique
- > 45 → Traitement conseillé
Le TOP permet d’ajuster la note calculée à l’étape précédente, renforçant ou diminuant la priorité d’intervention. En intégrant la météo, la génétique et l’état sanitaire réel, ce modèle limite les traitements inutiles et sécurise les parcelles à haut risque.
Grille d’évaluation du piétin-verse (Source Arvalis – Institut du végétal )
Traitement contre le piétin-verse du blé durant la campagne
Si l’observation confirme un besoin d’intervention, le moment du traitement est primordial. Il doit être appliqué entre le stade épi 1 cm et 2 nœuds : après, le feuillage gêne la pulvérisation et limite l’efficacité.
Les matières actives disponibles contre le piétin-verse sont aujourd’hui limitées à quelques familles de fongicides :
- ✅ Prothioconazole (triazolinthione) : très bonne efficacité, aucune résistance spécifique connue (pas plus d’une fois par an pour éviter la résistance)
- ✅ Boscalid (SDHI) : actif mais attention aux souches MDR (pas plus d’une fois par an pour éviter la résistance)
- ✅ Cyprodinil (anilinopyrimidine) : bon niveau d’efficacité sur piétin-verse et oïdium, efficacité limitée sur septoriose
- ✅ Métrafénone (benzophénone) : bon niveau d’efficacité sur piétin-verse et oïdium, efficacité limitée sur septoriose
- ⚠️ Prochloraze (imidazole, DMI) : actif mais résistances possibles, surtout en zones à historique
Cas de résistances sur piétin-verse
Le piétin-verse n’échappe pas à la problématique des résistances fongiques. Depuis les années 1990 en France, les populations des deux champignons responsables ont développé au fil des campagnes plusieurs profils de résistance aux matières actives couramment utilisées.
Voici les résultats de l’étude « Fungicide resistance status in French populations of the wheat eyespot fungi Oculimacula acuformis and Oculimacula yallundae » (Le Roux et al., 2012) menée en France sur les cas de résistance au piétin-verse :
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