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Cerealier

Guide complet sur les maladies du blé en France

Écrit par  Adélaïde GREHAN
Publié le 09 avril 2025
33 min. de lecture

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Les principales maladies qui affectent le blé en France

La France est à ce jour le 1er producteur de blé de l’UE, avec près de 35 millions de tonnes de blés tendres et durs produites annuellement. Aliment de base pour près de 35 % de la population mondiale, le blé est aussi la cible de nombreuses maladies fongiques, bactériennes et virales qui peuvent gravement compromettre les rendements et la qualité des récoltes. Ce guide sur les principales maladies du blé a donc été conçu comme un mémo complet pour les agriculteurs qui veulent un récapitulatif efficace pour protéger leurs parcelles.

Classification des maladies du blé

Les maladies se répartissent en 3 grandes catégories en fonction de leur origine :

Maladies fongiques

La majorité des pathologies rencontrées, causées par des champignons pathogènes qui prolifèrent en conditions favorables (forte humidité, températures spécifiques). Elles peuvent affecter toutes les parties de la plante, des racines aux épis.

Maladies bactériennes

Rares, mais pouvant provoquer des dégâts importants en contexte de forte humidité prolongée ou de blessures sur les plantes. Manifestation par taches ou pourritures sur le feuillage et les gaines.

Maladies virales

Des virus généralement transmis par des insectes vecteurs, peuvent entraîner déformations, nanisme ou anomalies dans la croissance des plantes.

Facteurs de développement des pathogènes en blé

Plusieurs facteurs influencent l’apparition et la propagation des affections du blé, parmi lesquels :

  • les conditions climatiques 🌦️: l’humidité prolongée (rosées, pluies fréquentes), les températures spécifiques, l’alternance des périodes sèches / humides, les conditions extrêmes (sécheresse, gel, excès d’eau) vont favoriser la germination et la sporulation des champignons, ou affaiblir la plante ;
  • les rotations culturales et précédents 🌱: monoculture et rotations courtes, ainsi que les précédents à risque ;
  • les sensibilités variétales 🌾: résistance génétique ou tolérance de certains blés, densité et précocité des variétés ;
  • les pratiques culturales : densité trop élevée, semis précoces, fertilisation excessive en azote, gestion des résidus ;
  • les vecteurs biologiques et environnementaux : présence d’insectes vecteurs (pucerons, cicadelles), d’adventices et de repousses pouvant héberger des agents pathogènes.

Calendrier des principales maladies du blé

pagri-meteus-fonctionnalite-15joursprevisionChaque affection se développe selon des conditions climatiques spécifiques et des stades phénologiques précis de la culture. La protection repose donc sur des connaissances préalables et une observation attentive durant ces périodes à risque. Voici un exemple de calendrier général des principales maladies affectant le blé en France :

Affections
Stades à risque
Conditions climatiques favorables
Charbon du blé
Dès la levée
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Piétin verse
Du semis à l’épiaison
Hiver doux et humide, température entre 2°C et 15°C, humidité >85 %.
Oïdium
De 3 feuilles à l’épiaison
Hygrométrie nocturne élevée, alternance jour sec/nuit humide, température entre 10°C et 25°C.
Rouille jaune
De fin tallage à floraison
Printemps frais et humide, température entre 9°C et 15°C.
Septoriose
Du tallage à la montaison, surtout dernière feuille étalée
Alternance de périodes humides et sèches, température entre 5°C et 20°C.
Helminthosporiose
Du tallage à l’épiaison
Alternance humidité/sécheresse, température entre 5°C et 20°C.
Rouille brune
Montaison à maturité
Printemps et début d’été chauds, température entre 15°C et 25°C.
Fusariose
Épiaison à floraison
Humidité élevée (>90 %) pendant plus de 48 h, température >15°C.
Piétin échaudage
Début montaison à floraison
Sols alcalins, température entre 12°C et 20°C, automne humide.

 

pagri-meteus-fonctionnalite-alertePour aller plus loin : Il existe de nombreux outils pour vous aider à repérer les risques pathogènes afin de prendre le meilleures décisions de protection durant la saison, comme par exemple :

Les maladies fongiques du blé

La fusariose

La fusariose, ou plutôt les fusarioses, sont une famille de maladies fongiques majeures du blé, causées par plusieurs espèces de champignons du genre Fusarium spp. et Microdochium spp. Ces pathogènes affectent principalement l’épi, ce qui provoque la baisse des rendements et une diminution qualitative du grain.

Les mycotoxines produites, comme le désoxynivalénol (DON), posent également des problèmes de toxicité pour la consommation humaine et animale. Les fusarioses peuvent aussi toucher les semences : les pousses et racines se nécrosent et meurent.

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Source : Fusariose, Arvalis 

Symptômes

  • Échaudage partiel ou total des épis, souvent accompagné d’une décoloration rose à orange des glumes.
  • Grain présentant un aspect plissé ou décoloré, avec une qualité réduite.
  • Brunissement du col de l’épi.
  • Symptômes disséminés, surtout en bordure ou dans les zones à forte humidité.

Périodes de présence

Principalement entre l’épiaison et la floraison, notamment en cas de forte humidité et de pluies continues.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Sur 3 placettes, inspectez 10 épis au hasard pour détecter des échaudages ou des glumes décolorées.
  • Analyse microbiologique pour confirmer la présence de Fusarium spp. et quantifier les niveaux de mycotoxines.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Dessèchement de l’épi, pertes de rendements jusqu’à 30 %, généralement de 20 à 30 q/ha en cas d’attaque sévère.
  • Diminution de la qualité boulangère du grain.
  • Contamination par des mycotoxines, entraînant des restrictions réglementaires sur les récoltes.

Épidémiologie

  • Humidité relative élevée (>90 %) pendant plus de 48 heures.
  • Actif dès 0°C.
  • Températures supérieures à 15°C, particulièrement après des orages.
  • Présence de résidus de maïs ou de céréales, qui hébergent les spores.
  • Favorisée par des précédents problématiques (maïs, blé, sorgho).

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Éviter les retours fréquents de blé dans les rotations culturales.
  • Enfouir les résidus de paille et détruire les repousses de céréales.
  • Choisir des variétés peu sensibles à la septoriose.
  • Éviter de semer précocement et à forte densité, ce qui augmente le temps d’exposition à la maladie.

Curatif :

  • Intervenir avec des fongicides dès que 20 % des troisièmes feuilles sont touchées.

La septoriose

La septoriose, causée par Zymoseptoria tritici, est très fréquente et très dommageable pour le blé. Elle affecte principalement le feuillage, ce qui va réduire sa capacité photosynthétique, mais peut également toucher les épis dans des cas graves. En l’absence d’une gestion adaptée, elle peut entraîner des pertes très importantes pour le rendement.

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Source : Septoriose, Arvalis

Symptômes

  • Taches ovales à rectangulaires brun clair sur le feuillage.
  • Présence de pycnides (points noirs) au centre des taches, caractéristique de la maladie.
  • Formation de plaques irrégulières lorsque les taches se rejoignent.
  • Symptômes plus rarement visibles sur les gaines, les épis ou les grains.

Périodes de présence

Du tallage à la montaison, avec une intensité accrue lorsque la dernière feuille est déployée. Progresse particulièrement après des périodes d’alternance entre humidité prolongée et sécheresse.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Examinez 20 plantes sur trois placettes différentes. Observez les feuilles, particulièrement entre les stades 2 nœuds et dernière feuille étalée.
  • Faites attention aux confusions possibles avec l’helminthosporiose ou des taches physiologiques (ex. phytotoxicité).

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Pertes de rendements fréquentes de 15 à 20 %, pouvant atteindre jusqu’à 50 % lors des étés particulièrement pluvieux.
  • Réduction de la surface foliaire active, entraînant une baisse de photosynthèse et une qualité du grain dégradée si les épis sont touchés.

Épidémiologie

  • Sporulation favorisée par des températures modérées (15°C à 20°C) et une humidité prolongée. Optimum entre 20 et 25°C.
  • Les éclaboussures de pluie propagent les spores sur les feuilles inférieures.
  • Alternance de périodes humides et sèches idéale pour le développement.
  • Réceptivité augmentée en cas de présence d’oïdium et de rouilles.

L’oïdium

L’oïdium, causé par Blumeria graminis, est une affection fréquente du blé, qui affecte principalement le feuillage, mais aussi les gaines, les tiges et les épis. Visible tout au long du cycle de la plante, elle est particulièrement nuisible si elle atteint l’épi.

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Source : Oidium, Arvalis

Symptômes

  • Feutrage blanc et cotonneux envahissant la surface des feuilles, des gaines et des épis.
  • Le feutrage devient gris avec l’apparition de points noirs à la fin du cycle du champignon.
  • Croûtes blanchâtres à grisâtres sur les parties atteintes.
  • Commence souvent par les feuilles basses avant de progresser vers l’épi.

Périodes de présence

Tout au long du cycle de la culture, mais surtout entre la fin du tallage et l’épiaison.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Inspectez les 3 dernières feuilles déployées sur 20 plantes au hasard, en particulier dès le stade épi 1 cm.
  • Recherchez le feutrage blanc caractéristique.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité faible.
  • Pertes de rendements atteignant 10 % dans des cas courants, et davantage si les épis sont sévèrement touchés.
  • Réduction qualitative du grain due à une mauvaise maturation.

Épidémiologie

  • Optimum entre 15°C et 20°C, mais germination possible entre 2°C et 30°C.
  • Germe même avec une humidité faible si les feuilles sont déjà vulnérables.
  • Alternance de jours chauds et secs avec des nuits humides.
  • Favorisé par des automnes ou printemps chauds, ainsi qu’une carence en potasse.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Incorporer rapidement les résidus de récolte et détruire les repousses de céréales.
  • Choisir des variétés peu sensibles.
  • Éviter de semer précocement et à forte densité, ce qui favorise l’humidité dans la végétation, ainsi qu’une fertilisation trop tardive.
  • Maintenir une bonne teneur en potasse dans le sol.

Curatif :

  • Variétés sensibles : Traitez si 20 % des feuilles observées sur les 3 dernières feuilles déployées présentent un feutrage couvrant plus de 5 % de leur surface. 
  • Autres variétés : Intervenez si 50 % du feuillage montrent des symptômes similaires.

La rouille jaune

La rouille jaune, causée par le champignon Puccinia striiformis, est une affection foliaire fréquente dans les régions où la saison printanière est fraîche et humide. Très agressive, elle peut causer une baisse des rendements importante si elle n’est pas gérée rapidement, surtout sur des variétés sensibles.

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Source : Rouille jaune, Arvalis

Symptômes

  • Pustules jaunes à orangées alignées en stries de 7 à 11 cm, le long des nervures des feuilles.
  • Apparition précoce en foyers de 1 à 2 m² avant de se généraliser dans la parcelle.
  • Les feuilles atteintes se fendillent et s’enroulent.
  • Gaines et épis peuvent être touchés lors de fortes attaques.

Périodes de présence

Présente dès la fin du tallage et se développe jusqu’à l’épiaison, particulièrement au printemps lorsque les températures oscillent entre 9°C et 15°C.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Sur 3 placettes, inspectez 10 plantes au hasard pour repérer des pustules alignées sur les feuilles.
  • Surveillez particulièrement les foyers précoces.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Pertes de rendements pouvant atteindre 40 % en cas d’infestation sévère.
  • Réduction de la surface photosynthétique et diminution qualitative du grain et de la valeur boulangère.

Épidémiologie

  • Optimum entre 9°C et 11°C, mais contamination possible entre 2°C et 25°C si l’humidité est élevée (>80 %) pendant au moins 18 heures.
  • Risques accrus après un hiver doux ou si l’afection s’est manifestée l’année précédente.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Supprimer les repousses de céréales et les adventices avant la levée des semis d’automne.
  • Choisir des variétés peu sensibles ou tolérantes à la rouille jaune.
  • Éviter de semer précocement et à forte densité.
  • Éviter les fortes doses d’azote.

Curatif :

  • Appliquer un fongicide dès l’apparition des premières pustules sur les feuilles supérieures, en particulier sur les foyers précoces.

La rouille brune

La rouille brune, causée par le champignon Puccinia triticina, touche principalement les feuilles supérieures. Moins précoce que la rouille jaune, elle peut néanmoins provoquer des pertes importantes si elle n’est pas contrôlée à temps.

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Source : Rouille brune, Arvalis

Symptômes

  • Pustules orange à brun clair de 0,5 à 2 mm, disposées aléatoirement sur la face supérieure des feuilles.
  • Les tiges, gaines ou épis peuvent également être touchés lors de fortes attaques.
  • Anneau de décoloration parfois présent autour des pustules, en fonction de la variété et du climat.
  • Confusion possible avec la rouille jaune dans les stades précoces ou avec la septoriose.

Périodes de présence

Apparition à partir de la montaison, avec un développement accru à l’approche de l’épiaison et jusqu’à la maturité.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Inspectez les 3 feuilles supérieures sur 5 placettes de 10 plantes, à partir de 2 nœuds. 
  • Recherchez des pustules dispersées sur les feuilles supérieures.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Pertes de rendements pouvant atteindre 40 % dans des cas sévères, surtout si l’affection n’est pas contrôlée avant l’épiaison.
  • Réduction de la surface foliaire et affaiblissement général des plantes.

Épidémiologie

  • Optimum entre 15°C et 25°C avec une forte humidité, comme les rosées nocturnes. Contamination possible entre 5°C et 25°C.
  • Risques accrus dans les parcelles à historique, après un hiver doux, suivi d’un printemps et début d’été chauds et humides.
  • Les spores peuvent persister dans les résidus de culture et se propager via le vent.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Détruire les repousses de céréales et les adventices.
  • Éviter de semer précocement et à forte densité.
  • Choisir des variétés résistantes à la rouille brune.
  • Fractionner les apports d’azote pour éviter les excès qui favorisent la maladie.


Curatif : 

  • Traiter dès l’apparition des pustules sur l’une des 3 feuilles supérieures, en combinaison avec un traitement contre la septoriose si nécessaire.

Le piétin-verse

Le piétin-verse, causé par le champignon Oculimacula yallundae, majoritaire en France, et dans une moindre mesure, Oculimacula acuformis, affecte les bases des tiges de blé. Elle provoque un affaiblissement des plantes, entraînant des pertes de rendement, notamment en cas de verse parasitaire.

Symptômes

  • Taches brunâtres allongées à la base de la tige, souvent entourées d’un liseré diffus.
  • Présence de plaques noires sur la face interne de la gaine ou sur la deuxième gaine.
  • Verse provoquée par l’affaiblissement des tiges en fin de cycle.
  • Épis blancs disséminés de manière aléatoire, indiquant un échaudage des grains.

Périodes de présence

Observé tout au long du cycle, avec un développement accru de l’automne au printemps, surtout durant les hivers doux et humides.

Méthodes d’observation

  • Prélevez 40 tiges aléatoirement à partir du stade épi 1 cm.
  • Inspectez la base des tiges pour rechercher des taches ou des lésions caractéristiques.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité faible.
  • Pertes moyennes de 6 à 7 q/ha, pouvant atteindre 15 q/ha en cas de forte verse parasitaire.
  • Difficultés pour récolter en cas de verse importante.

Épidémiologie

  • Germination possible entre 2°C et 15°C, avec un optimum à 7°C, et une humidité supérieure à 85 % pendant plus de 15 heures.
  • Favorisé par des précédents à paille non enfouis et des semis précoces ou à forte densité.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Éviter les précédents à paille et enfouir les chaumes. Détruire les adventices qui peuvent héberger le champignon.
  • Choisir des variétés avec une résistance élevée.
  • Éviter de semer précocement et à forte densité.
  • Si traitement préventif : à faire entre les stades épi 1 cm et 2 nœuds pour éviter le recouvrement des tiges par le feuillage.

Curatif :

  • Pression faible (moins de 10 % des tiges atteintes) : pas de traitement.
  • Pression modérée (entre 10 et 35 % des tiges atteintes) : action selon le risque agronomique.
  • Pression élevée (plus de 35 % des tiges atteintes) : traitez.

Le piétin échaudage

Le piétin échaudage, causé par le champignon Gaeumannomyces graminis var. tritici, affecte les racines et les bases des tiges. Il provoque un dessèchement des épis et une baisse des rendements importante.

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Source : Piétin échaudage , Arvalis

Symptômes

  • Épis blancs, desséchés et souvent vides.
  • Racines nécrosées et atrophiées, parfois accompagnées d’un noircissement de la base de la tige.
  • Les plantes malades se déracinent facilement et sont souvent groupées en plaques circulaires.
  • Le tallage est réduit en cas d’attaque précoce.
  • Confusions possibles avec les fusarioses, le rhizoctone ou l’helminthosporiose.

Périodes de présence

Observé dès le début de la montaison jusqu’à la floraison, avec des attaques précoces favorisées par des automnes doux et humides.

Méthodes d’observation

  • Observez les épis et les tiges sur des plantes prélevées dans les zones suspectes (plaques).
  • Recherchez les racines nécrosées et les bases noircies caractéristiques.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Pertes de rendements pouvant atteindre 50 % dans des cas graves.
  • Réduction de la qualité du grain due à un mauvais remplissage des épis.

Épidémiologie

  • Optimum entre 12°C à 20°C en sols alcalins, humides et légers. 
  • Favorisé par des automnes ou hivers doux et humides, puis des printemps et étés chauds.
  • Les sols riches en azote nitrique ou avec un déficit en potassium augmentent le risque.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Éviter les retours fréquents de blé sur blé dans les rotations.
  • Éliminer rapidement les résidus de chaumes après récolte.
  • Maintenir une teneur suffisante en potassium et en phosphore pour renforcer les racines.
  • Choisir des variétés résistantes
  • Éviter de semer précocement et à forte densité.
  • Raisonner les apports d’azote nitrique, et éviter les apports de chaux avant le semis dans les sols alcalins.

Curatif :

  • Aucune spécialité efficace en cours de culture.
  • La prévention et les rotations culturales adaptées restent les meilleures stratégies pour limiter les pertes.

L'helminthosporiose du blé

L’helminthosporiose, causée par les champignons Bipolaris sorokiniana et Drechslera tritici-repentis, est rare mais parfois grave. Elle affecte le feuillage des céréales comme le blé et l’orge. Elle est principalement présente dans les régions du Nord de la France, où les conditions climatiques favorisent son développement. Elle peut entraîner des pertes importantes de rendement, surtout sur des variétés sensibles.

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Source : Helminthosporiose , Arvalis

Symptômes

  • Taches ocellées (en forme d’œil) sur le feuillage, avec un centre brun foncé ou noir entouré d’un halo jaune, sans pycnides.
  • Progression des taches des feuilles inférieures vers les feuilles supérieures.
  • Souvent visible sur la dernière feuille étalée (F1) dans les cas avancés.
  • Dispersion homogène dans la parcelle.

Périodes de présence

Développement observé du tallage à l’épiaison, avec une intensification à partir de la dernière feuille étalée.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Sur 3 placettes, examinez 10 plantes au hasard. Recherchez des taches ocellées caractéristiques sur le feuillage. 
  • Assurez-vous de différencier l’affection de la septoriose ou des taches physiologiques.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité moyenne.
  • Pertes de rendements pouvant atteindre 50 % dans des cas graves sur des variétés sensibles.

Épidémiologie

  • Germination possible entre 5°C et 35°C, avec un optimum compris entre 21°C et 23°C, sous présence d’humidité durant 6 à 48 heures.
  • Affectionne les nuits humides et tièdes.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Éviter les rotations courtes et les retours fréquents de blé.
  • Enfouir les résidus de paille et détruire les repousses par le labour.
  • Choisir des variétés tolérantes ou résistantes.

Curatif :

  • Intervenir si des symptômes sont visibles sur une des 3 feuilles supérieures (F1, F2, F3) dès la dernière feuille étalée. 
  • Association de strobilurine et triazole en T2 et/ou en T3.

Le rhizoctone

Le rhizoctone des céréales, causé par le champignon Rhizoctonia cerealis, affecte principalement les gaines et les tiges. Les pertes de rendements varient selon l’intensité de l’infection.

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Source : Rhizoctone , Arvalis

Symptômes

  • Au tallage : taches ovales claires sur les gaines, délimitées par un liseré brun (brûlure de cigarette).
  • À la montaison : dessèchement des gaines, avec des taches en forme de rideaux. Taches étroites sur les tiges, irrégulières ou ocellées, bien délimitées, surtout au niveau du deuxième nœud.
  • Taches parfois couvertes de plaques mycéliennes, comparables aux stroma du piétin-verse (tache jusqu’au premier nœud pour ce dernier).

Périodes de présence

Apparition dès l’automne, avec un développement accru pendant l’hiver et le printemps, particulièrement en conditions froides et sèches.

Méthodes d’observation

  • Observation visuelle : Inspectez les gaines et les tiges au tallage et à la montaison pour détecter les taches caractéristiques. 
  • Attention à la confusion avec le piétin-verse.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité faible.
  • Perte de rendements de 5 % en cas d’infection modérée, jusqu’à plus de 25 % dans les cas sévères.
  • Réduction qualitatitve des productions en plus des pertes quantitatives.

Épidémiologie

  • Les résidus de récolte sont la principale source d’inoculum.
  • Se développe à l’automne et infecte le blé via la cuticule, l’épiderme ou les stomates, progressant de gaine en gaine jusqu’à la tige.
  • Après la récolte, Rhizoctonia cerealis forme des sclérotes sur les chaumes ou retourne au sol.
  • Rhizoctonia cerealis affectionne les sols légers et sableux, bien drainés, ainsi que les hivers et les printemps froids et secs.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Éviter de semer précocement et à forte densité.
  • Favoriser le broyage superficiel et la décomposition des pailles en aérant le sol.
  • Réduire les résidus de récolte qui servent de support nutritif au champignon.
  • Limiter les risques de stress ou carence qui fragilisent la plante.

Curatif :

  • Aucun fongicide n'a montré une véritable efficacité.

Le charbon nu du blé

Le charbon du blé, causé par les champignons Ustilago tritici et Ustilago tritici, se manifeste par le remplacement des graines des épis par une masse noire de spores pulvérulentes (téliospores). Le charbon n’amène pas de toxicité et la récolte peut être faite.

Symptômes

  • À l’épiaison, les épis affectés sont recouverts de masses noires pulvérulentes formées par les chlamydospores.
  • Après dissémination des spores, seul l’axe rachitique de l’épi, souvent déformé, reste visible.
  • Développement en foyers ou sur des tiges isolées.

Périodes de présence

Visible uniquement à partir de l’épiaison. La dissémination des spores se produit à la floraison, favorisée par le vent.

Méthodes d’observation

  • Inspectez les épis lors de l’épiaison pour détecter les masses noires caractéristiques.
  • Recherchez des épis stériles ou des axes rachitiques dans la parcelle.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité faible.
  • Pertes de rendements généralement faibles, entre 1 et 10 %.
  • Dépréciation qualitative de la récolte, bien que le charbon ne soit pas toxique.

Épidémiologie

  • Se développe à l’intérieur de la plante, envahissant les ébauches florales. Les symptômes apparaissent à l’épiaison.
  • Les spores sont disséminées par le vent, jusqu’à 1,5 m autour des plantes infectées.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Utiliser des semences saines et traitées pour éliminer la source principale de contamination.

La rouille noire

La rouille noire était encore au début du 20e siècle considérée comme la plus dangereuse des rouilles sur céréales. Causée par Puccinia graminis f.sp. tritici, elle peut entraîner des pertes importantes. Bien que rare en France, elle est placée sous surveillance en raison de son potentiel de réémergence lié au changement climatique et à la présence de son hôte secondaire, l’épine-vinette (Berberis spp.).

Symptômes

  • Pustules brunes allongées, principalement sur les tiges, parfois sur les feuilles, glumes et arêtes.
  • Les pustules à urédospores, plus longues que celles de la rouille brune (10 à 12 mm), contiennent des spores pouvant se disperser sur de longues distances via le vent.
  • En fin de saison, apparition de pustules noires (téleutospores) sur les tiges et gaines, qui assurent la conservation et la reproduction sexuée de la maladie.
  • L’épiderme des tiges et des gaines finit par se rompre, laissant une surface rugueuse et déchiquetée.

Périodes de présence

Les pustules apparaissent 10 à 20 jours après infection, principalement en fin de saison lorsque les températures sont élevées (20 à 30°C le jour, 15 à 20°C la nuit) et en présence d’eau libre (rosée, pluie ou irrigation).

Méthodes d’observation

  • Surveillez les tiges et les feuilles pour repérer des pustules brunes allongées en début de saison et des pustules noires sporulées en fin de saison.
  • Attention particulière dans les zones proches de populations d’épines-vinettes, hôte secondaire du champignon.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité moyenne.
  • Actuellement, peu de nuisibilité en France grâce aux variétés précoces et aux stratégies culturales. Mais possibilité d’évolution avec le réchauffement climatique.
  • À l’échelle mondiale, la rouille noire est responsable de pertes importantes dans des régions comme l’Afrique de l’Est et le Moyen-Orient, où elle peut engendrer des risques de famine.

Épidémiologie

  • Se développe sous forme de téleutospores sur les débris de cultures infectées.
  • Les téleutospores germent au printemps pour produire des basidiospores, qui infectent l’hôte secondaire (Berberis spp.).
  • L’hôte secondaire produit des écidiospores qui réinfectent le blé, formant des pustules à urédospores.
  • Températures optimales au-delà de 20°C ; températures inférieures à 15°C inhibent son développement.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Éliminer les épines-vinettes à proximité des parcelles pour rompre le cycle du champignon.
  • Privilégier des variétés précoces qui échappent aux conditions favorables à la rouille noire en fin de saison.

L’ergot du blé

L’ergot du blé, causé par Claviceps purpurea, affecte toutes les céréales à paille dont le blé et l’orge, ainsi que de nombreuses graminées adventices, sans spécificité d’hôte. Ce champignon se développe principalement sur l’inflorescence, remplaçant les grains par des sclérotes noirs ou violacés qui contiennent des toxines dangereuses pour l’alimentation humaine et animale. Bien qu’il n’impacte pas directement le rendement, l’ergot représente un risque sanitaire et économique majeur.

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Source : L'ergot du blé , Arvalis

Symptômes

  • Apparition d’un miellat sur les épillets contaminés quelques jours après la floraison, contenant les conidies (inoculum secondaire).
  • Développement de sclérotes noirs ou violacés entre les glumelles, souvent similaires en taille et forme aux grains.
  • Coupe transversale : extérieur noir, section blanc violacé.
  • Les épis contaminés peuvent présenter une masse blanchâtre puis noirâtre à maturité.

Périodes de présence

Risques à deux stades clés : à la méiose (dernière feuille étalée) avec un déficit de rayonnement ou des températures inférieures à 4°C, et à la floraison en cas de pluies importantes (>40 mm) et après une saison printanière humide avec des températures entre 10 et 25°C.

Méthodes d’observation

  • Inspectez les épis à la floraison et jusqu’à la maturité pour repérer le miellat et les sclérotes.
  • Surveillez la présence de graminées adventices (vulpin, ray-grass) à proximité des parcelles, qui servent de relais pour le champignon.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Impact indirect par la production d’alcaloïdes toxiques rendant les lots impropres à la consommation humaine et animale.
  • Teneurs maximales réglementées : 0,2 g/kg de sclérotes dans les lots alimentaires.
  • Les sclérotes dans les semences sont limités à 3 pour 500 g de semences certifiées.

Épidémiologie

  • Inoculum primaire : les sclérotes au sol germent au printemps et produisent des ascospores disséminées par le vent (jusqu’à 20 mètres).
  • Inoculum secondaire : les conidies présentes dans le miellat sont dispersées par la pluie, les insectes (pucerons, thrips) ou le contact direct entre épis.
  • Les sclérotes tombés au sol à la récolte peuvent rester viables pendant plus de 5 ans. Ils germent au printemps après une période hivernale froide (<10°C) et humide.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Utiliser des semences certifiées indemnes de sclérotes ou appliquer un fongicide (efficace sur les sclérotes).
  • Privilégier un labour pour enfouir les sclérotes à plus de 10 cm et limiter leur germination (réduction de 85 % du risque infectieux).
  • Faucher ou désherber les graminées adventices avant leur floraison.
  • Alterner les rotations avec des cultures non hôtes pour réduire le réservoir d’inoculum dans le sol.
  • Il n’existe pas de variété résistante.

Lutte curative :

  • Un traitement du sol après une forte infestation peut réduire le potentiel infectieux.
  • Contrôler efficacement le vulpin et le ray-grass.
  • Si contamination, éviter les céréales à paille pendant 2 ans.

La carie du blé

La carie du blé, causée par le genre Tilletia, affecte principalement le blé tendre, mais aussi le blé dur, l’épeautre, l’orge le seigle le riz et autres graminées sauvages. On parle en réalité de plusieurs caries : Tilletia caries / tritici et Tilletia laevis / foetida pour la carie commune, Tilletia controversa / brevifaciens pour la carie naine ou encore Tilletia indica pour la carie de Karnal. Ces champignons peuvent entraîner des pertes de rendements importantes et une dépréciation qualitative du grain à la récolte.

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Source : La carie du blé, Arvalis

Symptômes

  • Épis cariés plus petits, bleutés, avec un aspect « ébouriffé » dû aux grains gonflés écartant les glumelles.
  • Grain carié sphérique, vert olive puis brun, rempli de spores noires à la place de l’amidon.
  • À maturité, le grain éclate facilement et libère une poudre noire avec une odeur de poisson pourri (non systématique).
  • Un nuage noir au battage est caractéristique de parcelles fortement cariées.

Périodes de présence

Apparition des signes à partir de la montaison et surtout à l’épiaison

Méthodes d’observation

  • Inspectez les épis pour repérer les grains déformés et la coloration bleutée ou ébouriffée des épis.
  • Surveillez la parcelle à la récolte pour détecter la dissémination des spores et limiter leur propagation.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Lots contaminés considérés comme non marchands et impropres à la consommation humaine ou animale.
  • L’affection est très propagatrice : une parcelle touchée à 1 % peut atteindre 60 % d’épis cariés l’année suivante si les semences infectées sont réutilisées.
  • Chaque grain carié contient entre 4 et 9 millions de spores, pouvant contaminer d’autres grains, le sol et les parcelles voisines.
  • Les spores au sol peuvent survivre plusieurs années.

Épidémiologie

  • Sporule dans les grains infectés et produit des spores qui contaminent les semences ou le sol.
  • Les spores peuvent rester viables dans le sol pendant 5 ans ou plus en conditions sèches.
  • Les contaminations se produisent au moment de la germination des semences.
  • Progresse à l’intérieur de la plante sans symptôme jusqu’à l’épiaison, où il fructifie dans le grain.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Utiliser des semences certifiées en semis précoces.
  • Une plante qui lève vite échappera au pathogène : contamination impossible après le stade 2 à 3 feuilles.
  • Récolter les parcelles infectées en dernier pour éviter la dissémination des spores.
  • Nettoyer rigoureusement les moissonneuses-batteuses après récolte.
  • Réduire le travail du sol pour diminuer l’inoculum.


Curatif :

  • Appliquer des traitements de semences fongicides, y compris des spécialités contenant des triazoles pour un contrôle quasi-total, ou Pseudomonas chlororaphis en bio.

Les fumagines

Les fumagines sont des champignons saprophytes qui se développent superficiellement sur les épis de céréales en conditions humides, particulièrement lorsque les récoltes sont retardées. Ces champignons, appartenant aux genres Alternaria, Cladosporium, et Epicoccum, affectent toutes les céréales et provoquent un noircissement des épis. Il n’y a en revanche pas de conséquence sur le rendement.

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Source : Les fumagines, Arvalis

Symptômes

  • Noircissement des épis : développement de champignons noirs à la surface des glumes desséchées.
  • L’ensemble de la parcelle peut être affecté lorsque les conditions humides persistent.
  • Foyers localisés : en cas d’attaques de pucerons, le noircissement peut se manifester en foyers.

Périodes de présence

  • Principalement observées lorsque les récoltes sont retardées et que les conditions climatiques sont humides.
  • Les épis arrivant précocement à maturité sont les plus sensibles.

Méthodes d’observation

  • Inspectez les épis pour détecter un noircissement superficiel, particulièrement dans les zones à maturité précoce ou dans les foyers de pucerons.
  • Recherchez des signes d’accidents phytosanitaires pouvant favoriser la stérilité des épis et le développement de fumagines.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité faible.
  • Les fumagines ne causent pas directement de pertes de rendements, car elles se développent sur des tissus desséchés.
  • Leur présence peut toutefois entraîner une dégradation visuelle des épis, avec une coloration noirâtre possible du grain.

Épidémiologie

  • Développement favorisé par des périodes humides prolongées, particulièrement lorsque la récolte est retardée.
  • Présence accrue dans les parcelles ayant subi des attaques de pucerons ou des accidents phytosanitaires (traitements hors périodes préconisées).

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Effectuer les récoltes dès que possible pour limiter l’exposition des épis à des périodes humides prolongées.
  • Surveiller et contrôler les populations de pucerons et autres ravageurs.
  • Respecter les périodes et les usages préconisées pour les applications phytosanitaires, afin de limiter la phytotoxicité.

Quelques autres maladies fongiques du blé

Voici une liste complémentaire des affections fongiques qui n’ont pas été traitées dans ce guide :

  • Ascochytose du blé (Ascochyta tritici)
  • Black Chaff - Maladie de la glume du blé (Phaeosphaeria avenaria f.sp. triticae, Stagonospora avenae f.sp. triticae, Phaeosphaeria nodorum, Stagonospora nodorum, Septoria nodorum)
  • Moisissure grise des neiges (Typhula incarnata)
  • Nécroses racinaires et des radicelles du blé (Microdochium bolleyi, Aureobasidium bolleyi, Fusarium graminearum, Lagena radicicola, Ligniera pilorum, Olpidium brassicae, Rhizophydium graminis)

Les mosaïques sur blé

Les mosaïques regroupent deux viroses causées par Polymyxa graminis, un champignon du sol transmettant le virus de la mosaïque des céréales (VMC) et le virus de la mosaïque des stries en fuseaux du blé (VSFB). Elles affectent le blé tendre, le blé dur et parfois le triticale. Une fois une parcelle contaminée, elle reste infestée de manière quasi permanente, rendant indispensable l’utilisation de variétés tolérantes.

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Source : Mosaïques sur blé, Arvalis

Symptômes

  • Feuillage : décolorations vert pâle sous forme de tirets ou fuseaux étroits dans le sens de la longueur. Les symptômes apparaissent d’abord par transparence à partir de la montaison. 
  • Jaunissement et rougissement des vieilles feuilles, réduction de la croissance et du tallage, jusqu’au nanisme (-40 à -60 %). Dans les cas graves, mort complète des blés (jusqu’à 100 %).
  • Parcelle : zones touchées de forme et taille variable, souvent alignées dans le sens du travail du sol.

Périodes de présence

Symptômes visibles dès la sortie de l’hiver (février - mars), avec une intensification à la montaison. Les zones touchées sont plus fréquentes dans les sols humides ou compactés, notamment dans les tournières et entrées de parcelle.

Méthodes d’observation

  • Observez les plantes chétives avec des symptômes de décolorations vert pâle, de jaunissement ou de rougissement.
  • Inspectez les foyers irréguliers, souvent alignés dans le sens du travail du sol.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité forte.
  • Réduction significative des rendements : nanisme, tallage insuffisant et parfois disparition totale de la plante.
  • Les pertes peuvent atteindre 40 à 60 %, voire 100 % dans les cas les plus graves, notamment dans les régions au climat plus froid.
  • Pertes plus importante avec VMC qu’avec VSFB.

Épidémiologie

  • Polymyxa graminis reste actif dans le sol à partir de l’automne. 
  • Les conditions humides en hiver favorisent la propagation du champignon et le développement des virus.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Utiliser exclusivement des variétés tolérantes aux mosaïques dans les parcelles contaminées.  
  • Améliorer le drainage des parcelles pour limiter les zones humides favorables à la propagation.
  • Éviter les rotations répétées avec des cultures sensibles.
  • Les semis de printemps ne sont pas affectés.
  • Nettoyer les outils après travail du sol pour limiter la propagation.

Curatif :

- Il n’existe aucune spécialité pour la lutte directe.

Les stries chlorotiques

Les stries chlorotiques du blé sont causées par des virus tels que Wheat Chlorotic Streak Virus (WCSV) ou Barley Yellow Striated Mosaic Virus (BYSMV), transmis par la cicadelle Laodelphax striatellus. Ces virus affectent principalement le blé tendre et dur, et plus rarement d’autres céréales à paille. La maladie est plus fréquente en bordure des champs ou dans des parcelles proches de graminées sauvages.

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Source : Stries chlorotiques, Arvalis

Symptômes

  • Nanisme (-10 % à -40 % de hauteur) selon la date de contamination. Les plantes contaminées en automne sont particulièrement naines et jaunes, et ne montent pas à épi.
  • Feuillage : tirets vert pâle ou jaunes qui évoluent en longues stries alternant jaune et vert, puis dégradé de crème, roux, et vert foncé. Les F2 et F1 sont les plus touchées, avec dessèchement complet à maturité.
  • Épis : difficulté ou impossibilité à dégainer, échaudage du col de l’épi, grains avortés ou échaudés.
  • Parcelles : foyers localisés, souvent en bordure ou près des traces de roues, avec une répartition éparse ou alignée dans le sens du travail du sol.

Périodes de présence

  • Symptômes visibles à partir de fin avril, à la dernière feuille étalée. L’affection peut persister jusqu’au stade grain formé.
  • Contaminations précoces possibles dès l’automne en cas de semis anticipés.

Méthodes d’observation

  • Inspectez les bordures de champ et les passages de roues pour détecter les foyers de plantes naines ou jaunies.
  • Recherchez les tirets chlorotiques caractéristiques sur les feuilles, particulièrement les dernières feuilles étalées (F2 et F1).

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité moyenne.
  • Réduction du PMG jusqu’à -65 % et pertes de rendements jusqu’à -80 % pour les épis touchés.
  • Pertes globales souvent limitées à moins de 5 %, mais pouvant atteindre 25 à 40 % dans les parcelles peu denses et très exposées.

Épidémiologie

  • Transmis par la cicadelle Laodelphax striatellus, qui vit sur des graminées sauvages (ray-grass, pâturins, chiendent, etc.).
  • Les contaminations printanières sont associées à des zones proches de friches ou prés enherbés. Les contaminations automnales sont favorisées par des semis précoces.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Faucher les graminées sauvages autour des parcelles pour limiter les réservoirs de cicadelles.
  • Éviter de semer précocement, à proximité des friches ou prés.
  • Favoriser une culture dense et régulière pour limiter les déplacements des cicadelles.

Curatif :

  • Appliquer un insecticide systémique sur les semences pour limiter les piqûres d’automne (efficacité limitée au printemps).
  • Rechercher du côté des bioagresseurs des cicadelles et du piégeage pour une réponse sans insecticide.

Les pieds chétifs du blé

La maladie des pieds chétifs, causée par le Wheat Dwarf Virus (WDV), est transmise par les cicadelles Psammotettix alienus. Présente dès la levée de la céréale en automne, elle affecte principalement le blé tendre.

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Source : Pieds chétifs du blé, Arvalis

Symptômes

  • Épis chétifs, trapus, avec des feuilles courtes. La parcelle peut présenter un aspect « moutonné » en début de montaison.
  • Jaunissement et rougissement de plusieurs étages foliaires. Dans les cas graves, les plantes se dessèchent et disparaissent.
  • Répartition en foyers en bordure de parcelle ou selon les lignes de semis. Les plantes affectées sont souvent groupées par 4 à 10 pieds le long des semis, mais une répartition aléatoire est également possible.

Périodes de présence

Symptômes observés dès la levée à l’automne, avec une intensification au cours du tallage et de la montaison.

Méthodes d’observation

  • Inspectez les bords des parcelles et les lignes de semis pour détecter les foyers de plantes chétives ou mortes.
  • Recherchez les plantes présentant des feuilles jaunies, rougies ou desséchées.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité moyenne.
  • Croissance altérée avec une réduction importante de la hauteur des plantes.
  • Disparition de pieds, entraînant des pertes localisées.
  • Les foyers touchés peuvent avoir un impact sur les rendements si les conditions sont favorables à la propagation.

Épidémiologie

  • Transmise par les cicadelles Psammotettix alienus, actives à l’automne dès la levée.
  • Les graminées sauvages et les repousses servent de foyers pour les cicadelles.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Faucher les graminées et repousses à proximité des parcelles pour réduire les refuges à cicadelles.
  • Éviter les semis précoces

Curatif :

  • Pas de solution contre le virus.
  • Appliquer des traitements insecticides en végétation, si autorisés, pour limiter la population de cicadelles.
  • Rechercher du côté des bioagresseurs des cicadelles et du piégeage pour une réponse sans insecticide.

La jaunisse nanisante de l’orge (JNO) sur le blé

La jaunisse nanisante de l’orge (JNO) est causée par le Barley Yellow Dwarf Virus (BYDV), transmis principalement par les pucerons Rhopalosiphum padi. Elle affecte le blé, l’orge, et l’avoine, mais le blé est plus sensible que le triticale et le seigle.

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Source : JNO, Arvalis

Symptômes

  • Plantes : croissance réduite, mauvais tallage, parfois nanisme marqué. 
  • Jaunissement progressif du feuillage à partir de la pointe, souvent accompagné de rougissement sur 2 à 5 cm. Les feuilles touchées peuvent finir par se dessécher.

Périodes de présence

  • Symptômes visibles dès l’automne, avec une intensification courant montaison.
  • Contamination la plus critique entre la levée et le stade 3 feuilles.

Méthodes d’observation

  • Inspectez les jeunes plants et les feuilles pour détecter des jaunissements et des rougissements.
  • Observez les foyers localisés, souvent dispersés en taches ou le long des passages de pucerons ailés.
  • Peut être confondu avec des carences en azote ou en phosphore.

Dégâts et nuisibilité

  • Nuisibilité moyenne.
  • Réduction de la croissance et du tallage, entraînant une baisse des rendements dans les zones touchées.
  • Estimation : jusqu’à 30 q/ha de perte dans les cas graves.

Épidémiologie

Transmise par les pucerons Rhopalosiphum padi, qui se nourrissent des plantes réservoir infectées avant de propager le virus à d’autres plants.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention : 

  • Limiter les semis précoces dans les zones où les pucerons sont actifs à l’automne.
  • Surveiller les populations de pucerons dès la levée.
  • Utiliser des variétés tolérantes lorsqu’elles sont disponibles.

Curatif : 

  • Il n’existe pas d’insecticide préventif sur les semences.
  • Si les infestations sont détectées tôt, intervenir avec un insecticide en végétation, à partir de 10 % de plantes avec au moins un puceron, ou présence de pucerons dans la parcelle plus de 10 jours d’affilée

Les maladies bactériennes du blé

La bactériose des épis du blé

La bactériose des épis du blé, causée par Rathayibacter tritici, affecte principalement le blé et certaines poacées adventices. Sa transmission est assurée par le nématode Anguina tritici, mais elle n’est pas transmissible directement par les semences. Cette affection est absente de France.

Symptômes

  • Feuilles : Stries jaunes ou blanches parallèles le long des nervures. Les feuilles peuvent également apparaître froissées ou tordues. 
  • Épi : Masse gluante et déformante au centre de l’épi, avec un exsudat jaune qui devient blanc en séchant. Cette déformation affecte également les feuilles, les épis et les tiges, empêchant leur élongation.

Périodes de présence

Symptômes visibles principalement à l’épiaison.

Méthodes d’observation

Rechercher des stries jaunes ou blanches sur les feuilles et des masses gluantes sur les épis. Attention aux risques de confusion avec d'autres bactérioses.

Dégâts et nuisibilité

Malformation des feuilles, épis et tiges, limitant leur élongation et pouvant entraîner la baisse des rendements si la maladie est présente dans la culture.

Épidémiologie

Le pathogène se conserve dans le sol sur les débris culturaux et est transmis par le nématode Anguina tritici.

La bactériose des glumes de blé

La bactériose des glumes du blé, causée par Pseudomonas syringae pv. atrofaciens, peut être transmise par les semences contaminées, ainsi que par la pluie battante et les insectes.

Symptômes

  • En cas d’infection précoce, les plantes restent naines.
  • Petites taches irrégulières vert foncé imbibées d’eau sur le feuillage, devenant brun foncé à noirâtre. Absence d'exsudat bactérien. Lors de fortes attaques, les feuilles se dessèchent.
  • Glume d’apparence translucide à la lumière, évoluant vers une coloration brun foncé à noir, caractéristique de la maladie. Dans les cas graves, noircissement complet des glumes.
  • Grain chétif et malformé.

Périodes de présence

Symptômes visibles principalement à l’épiaison et maturation du grain, dans des conditions de forte humidité et températures chaudes.

Méthodes d’observation

  • Examiner les glumes et feuilles pour détecter des taches brun foncé à noir.
  • Attention aux confusions possibles avec la septoriose (Leptosphaeria nodorum) ou l’helminthosporiose (Cochliobolus sativus).

Dégâts et nuisibilité

  • Forte dépréciation de la qualité du grain.
  • Perte de rendements possible en cas de fortes attaques.
  • Déformation des épis entraînant une réduction de la productivité globale.

Épidémiologie

  • La bactérie se conserve sur les débris de culture et hôtes alternatifs.
  • Transmission par les semences, la pluie battante et les insectes.

Statut réglementaire

  • Non réglementée en France.
  • Pour les pays exportateurs, vérifier les exigences locales (inspection des cultures et/ou analyse des semences).

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Enfouir les débris culturaux après récolte pour réduire l’inoculum.

En cours de culture :

  • Éviter l’irrigation à l’épiaison pour limiter la propagation de la bactérie.

La glume noire des céréales

La glume noire des céréales, causée par Xanthomonas translucens pv. translucens, affecte principalement les céréales à paille comme l’orge, le seigle, le blé, et le triticale. Bien que cette maladie ne soit pas présente en France, elle est signalée dans certains pays de l’Union européenne.

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Source : Glume noire, Arvalis

Symptômes

  • Stries imbibées d’eau, qui s’allongent parallèlement aux nervures en condition humide.
  • Feuilles nécrotiques au centre avec des bords rouillés. Un exsudat bactérien brun foncé ou translucide peut apparaître, se sécher et former un dépôt écaillable. Les lésions peuvent fusionner et entraîner la mort des feuilles.
  • Stries noires entre les vaisseaux sur les épis, partant de la pointe des glumes et glumelles. Ces stries peuvent fusionner, donnant un aspect noir aux épis. Les grains affectés sont flétris, bruns et présentent un faible poids.

Périodes de présence

Les symptômes apparaissent en conditions d’humidité élevée avec présence d’eau libre sur les tissus végétaux.

Méthodes d’observation

  • Examiner les feuilles pour détecter les stries imbibées d’eau ou les exsudats, et les épis pour les stries noires caractéristiques. 
  • Attention aux confusions avec d’autres bactérioses ou réactions physiologiques.

Dégâts et nuisibilité

  • Dépréciation qualitative du grain (flétri et de faible poids).
  • Réduction des rendements par la mort des feuilles et les lésions sur les épis.

Épidémiologie

  • La bactérie se conserve dans les semences et se transmet par éclaboussures de pluie, contact entre plantes ou insectes, et pénétration par les stomates ou blessures.
  • Optimum à 22°C, mais supporte des températures entre 15 et 30°C.

Conseils de gestion technique et agronomique

Prévention :

  • Utiliser des semences saines et certifiées.
  • Limiter les excès d’humidité pour réduire les risques de contamination.
  • Enfouir les débris culturaux.

Les OAD dédiés au blé

En 2018, près de 10 % des surfaces de blé en France étaient déjà équipées de modèles intégrant des prévisions de risques maladie issues des travaux d’ARVALIS. L’objectif du plan Filière d’Intercéréales visait à tripler ce chiffre jusqu’à 2022. Aujourd’hui, l’utilisation d’OAD n’est plus remise en question, étant donnés les apports positifs de ces technologies dans la gestion des parcelles, le contrôle des pathogènes et la réduction de l’IFT.

De nombreuses solutions sont disponibles pour répondre aux besoins des producteurs, comme par exemple :

  • Taméo (ARVALIS & Météo-France) : outil intégrant des prévisions météorologiques haute précision et un module de pulvérisation
  • Septo-LIS Carto (ARVALIS) : dédié au pilotage des traitements contre la septoriose
  • Opti-Protech : option de l’outil MesParcelles diffusé par les Chambres d’agriculture, intégrant des modèles ARVALIS

De son côté, Isagri propose Geofolia OAD Prévi-LIS et la station météo connectée Météus.

En combinant les deux outils, Isagri offre une solution complète pour répondre aux besoins des agriculteurs en matière de précision, de traçabilité et de durabilité. Ces outils permettent de réduire les coûts tout en garantissant des rendements optimaux, dans un contexte où la maîtrise des intrants et l’adaptation aux variations climatiques sont devenues des priorités.

Geofolia OAD Prévi-LIS

Geofolia OAD Prévi-LIS, développé en partenariat avec ARVALIS, intègre des modèles prédictifs pour les principales affections des céréales. Cet outil affiche la dynamique des épidémies à venir grâce à des codes couleur et propose des alertes sur les dates optimales de traitement. En intervenant au bon moment, les agriculteurs peuvent réduire leur IFT de 20 %, tout en économisant environ 30 €/ha sur les produits phytosanitaires.

L’intégration directe des données météorologiques de stations comme Météus renforce encore la fiabilité des prévisions. De plus, Geofolia OAD assure la traçabilité des interventions phytosanitaires, garantissant ainsi leur conformité réglementaire. Cette solution offre non seulement un pilotage précis des parcelles, mais également une simplicité d’utilisation grâce à une interface intuitive et personnalisable.

Comment réduire vos IFT ?

Découvrez dans ce guide toutes les clés pour réduire vos IFT.

Télécharger le guide
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La station météo connecté Météus

Les stations météo Météus, fixes ou mobiles, fournissent des données météorologiques précises et actualisées toutes les 15 minutes. Ces informations incluent la pluviométrie, la température, l’humidité et, selon les options choisies, des indicateurs tels que l’humectation du feuillage ou la vitesse du vent. Ces stations permettent aux agriculteurs de suivre en temps réel les conditions spécifiques de leurs parcelles et de positionner leurs traitements avec une précision accrue.

 

En connectant Météus aux OAD tels que Geofolia, les agriculteurs bénéficient d’une analyse approfondie des risques pathogènes et peuvent anticiper les interventions. La station offre également des fonctionnalités supplémentaires comme le suivi des stades végétatifs ou des alertes antigel. Utilisée par plus de 7 000 agriculteurs dans 8 pays, Météus contribue à une gestion proactive et optimisée des cultures.