L’oïdium du blé : symptômes, traitements et conseils
Sommaire
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Maladie fréquente des céréales à paille, l'oïdium du blé, causé par le champignon Blumeria graminis, peut impacter la qualité et le rendement des cultures. Une identification tardive peut entraîner des pertes allant jusqu’à 15 qx/ha. Ce guide technique vous accompagne pour reconnaître les symptômes, comprendre le développement du pathogène, et choisir des solutions agronomiques et/ou chimiques raisonnées pour lutter contre la maladie.
Qu’est-ce que l'oïdium du blé ?
L’oïdium des céréales est une maladie cryptogamique causée par le champignon Blumeria graminis (anciennement Erysiphe graminis). Ce parasite dit obligatoire (qui doit obligatoirement passer par un hôte pour compléter son cycle de vie) infecte principalement :
- le blé tendre
- le blé dur
- l’orge
- l’avoine
- le seigle
- le triticale
📷 Arvalis - Institut du Végétal
Les dégâts de l'oïdium du blé sur votre culture
L’oïdium du blé peut atteindre toutes les parties aériennes et provoque des dégâts variables selon l’organe atteint et le stade de développement de la culture. S’il est installé sur tout le territoire français, il présente une nuisibilité faible tant que seules les feuilles et les tiges sont concernées. L’infection de ces organes peut ralentir la photosynthèse sans entraîner de pertes majeures.
Lorsque l’épi est touché, la situation se complique : les pertes de rendement s’élèvent en moyenne à 10 % du potentiel de la culture, mais peuvent dépasser 25 % si échaudage du grain et même plus de 40 % dans certains cas observés en Russie ou en Chine.
Le champignon perturbe alors le remplissage des grains, avec un impact direct sur la qualité et la quantité de la récolte. De 5 à 15 qx/ha peuvent ainsi être perdus si l’épiaison est fortement contaminée.
Symptômes et diagnostic de l'oïdium du blé
Comment reconnaître l'oïdium sur les feuilles et les épis
L’oïdium du blé se manifeste d’abord par un feutrage blanc cotonneux sur la face supérieure des jeunes feuilles. Ce symptôme caractéristique apparaît entre le stade 3 feuilles et la fin du tallage.
L’infection progresse ensuite rapidement sur les feuilles, les gaines, puis les tiges. En vieillissant, les pustules blanchâtres deviennent grisâtres, puis brunes, laissant apparaître des ponctuations noires : ce sont les cléistothèces, organes de conservation du champignon.
Lorsque l’infection gagne l’épi, les pustules d’oïdium se concentrent sur les glumelles et les barbes. À ce stade, la maladie devient réellement préjudiciable, avec un risque accru d’échaudage du grain.
📷 Arvalis - Institut du Végétal
Les premiers signes à surveiller
La maladie débute souvent sur les feuilles les plus basses, au niveau des limbes et des gaines. Même à basses températures (dès 5 °C), les touffes blanches peuvent apparaître, éparses, sans forcément alerter immédiatement. Leur structure cotonneuse est pourtant typique de Blumeria graminis.
En cas de pluies importantes, les symptômes visuels peuvent disparaître temporairement. Attention : cela ne signifie pas l’éradication du champignon. Des taches chlorotiques restent visibles et peuvent trahir une infection active ou récente. L’absence d’inoculum apparent ne garantit donc pas la fin du risque.
Les méthodes d’identification de l’oïdium en blé
Le suivi de la présence du champignon sur les plantes dans les phases les plus précoces s’avère toutefois compliqué à la seule inspection visuelle. Vous pourrez évidemment vous appuyer sur votre BSV local, sur votre station météo et sur l’historique de la parcelle pour prévenir les risques. Éventuellement, des tests en laboratoire (type ELISA, PCR) peuvent être réalisés.
Cependant des études récentes montrent que la mesure de la fluorescence chlorophylienne ou encore l’utilisation de l’imagerie hyperspectrale (drone, satellite…) pour mesurer l’indice NDVI (indice de végétation par différence normalisée) sont des méthodes plus fiables et plus abordables pour obtenir une confirmation avant l’apparition visuelle des premiers symptômes de la maladie.
Cycle de vie du pathogène de l'oïdium du blé
Étapes clés du développement de Blumeria graminis
Blumeria graminis peut débuter son cycle dès le stade 1 feuille. Il peut être très actif dès 2°C et jusqu’à 30°C.
Le champignon se manifeste par un feutrage blanc poudreux sur la face supérieure des feuilles, produit par la forme asexuée du pathogène. Les conidies germent rapidement en conditions favorables, sans incubation, et forment un appressorium capable de pénétrer l’épiderme pour alimenter un haustorium, suçoir intracellulaire.
Le mycélium s'étend ensuite à la surface foliaire, générant à son tour des conidiophores, structures reproductrices à l’origine de nouvelles conidies. Ce cycle se répète tous les 7 à 10 jours à température optimale (15 à 20 °C).
En fin de saison, le champignon développe des cléistothèces visibles sous forme de ponctuations noires, contenant des ascospores qui assurent sa survie hivernale.
Comment l'oïdium du blé se propage-t-il ?
La propagation repose principalement sur la dissémination massive des conidies par le vent. L’infection peut également être transmise via :
- les repousses de blé
- les graminées sauvages
- les adventices hôtes du champignon
📷 Schéma par Bayer - Agri
La maladie progresse rapidement lorsque les conditions climatiques s’alignent : températures modérées (10–22 °C) et humidité nocturne élevée (> 70 %). Une particularité de l’oïdium : il ne nécessite pas de phase d’humidité libre. Au contraire, les conidies explosent au contact de l’eau liquide. Ce comportement rend l’oïdium redoutablement opportuniste, et difficile à anticiper sans outils d’aide à la décision.
Les pluies fréquentes peuvent temporairement freiner la progression en rinçant les spores présentes sur les feuilles. Le cycle recommence tant que les conditions sont propices, ce qui peut générer plusieurs vagues infectieuses par culture. La gestion de la maladie passe donc par l’anticipation de ces cycles, à l’échelle de la parcelle et de son historique cultural.
Enfin, les conidies résistent au froid, à la sécheresse et aux UV, ce qui facilite leur dissémination à longue distance, en particulier par vent sec et ensoleillé.
Les facteurs favorables à l’oïdium du blé
Certaines variétés de blé présentent une sensibilité élevée à Blumeria graminis. Le triticale est particulièrement exposé, car même les variétés annoncées comme résistantes peuvent voir cette résistance contournée rapidement.
Une fertilisation azotée précoce excessive stimule la biomasse végétale, qui crée un couvert dense favorable à l’infection. De même, les cultures très feuillues ou semées à forte densité favorisent une humidité persistante autour du feuillage.
Le type de parcelle joue aussi un rôle : un fond de vallée, un sol profond ou une parcelle abritée du vent retiendra plus d’humidité, ce qui va ralentir le dessèchement des tissus et prolonger la durée d’infectiosité des conidies.
Il faut rappeler que l’oïdium peut se développer même en conditions sèches, contrairement à la plupart des maladies fongiques. Les printemps secs, stressants pour la plante, combinés à une alternance de jours chauds et humides, créent des conditions idéales.
Solutions efficaces dans la lutte contre l'oïdium du blé
Les leviers agronomiques contre l’oïdium du blé
La lutte chimique (types de fongicides disponibles, moment d'application, etc.)
En attendant la démocratisation de l’imagerie hyperspectrale et des outils de mesure de fluorescence des plantes, l’observation régulière des feuilles supérieures à partir du stade « épi 1 cm » reste la méthode la plus importante. Pour ce faire, examinez une vingtaine de plantes dans la parcelle :
L’application précoce au stade « épi 1 cm » est réservée à des situations particulières, comme sur des variétés très sensibles avec une forte pression de la maladie. Dans la majorité des cas, il est préférable d’attendre le stade « 2 nœuds » avant de décider une intervention. Cela permet d'éviter les traitements inutiles, de réduire l’IFT et de mieux cibler la protection.
Le choix des fongicides est à raisonner en s’appuyant sur la documentation et les notes ARVALIS, INRA et ANSES, qui précisent les bonnes pratiques pour limiter les risques de résistance aux substances actives.
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Cas de résistances sur l’oïdium du blé
Depuis les années 2000, la résistance de Blumeria graminis aux fongicides s’est installée dans de nombreuses régions céréalières françaises. La problématique reste d’actualité et s’est même intensifiée dans certains secteurs, avec l’apparition régulière de souches multi-résistantes, ce qui a rendu certains traitements partiellement ou totalement inefficaces.
Les principaux cas de résistance identifiés concernent les grandes familles de fongicides historiquement utilisées :
- triazoles (IBS) : cette classe a connu des baisses d’efficacité importantes dès le début des années 2000, notamment à cause de mutations sur la cible enzymatique (gène CYP51).
- strobilurines : une mutation bien caractérisée (G143A sur le gène du cytochrome b) est responsable d’une résistance répandue. Elle est aujourd’hui quasiment généralisée dans la moitié nord de la France. Les produits à base d’azoxystrobine ou de krésoxim-méthyl doivent être évités seuls sur oïdium.
- amines (morpholines, pipéridines, spirocétalamines) : bien que plus stables, des résistances croisées ont été détectées, en particulier dans le Nord-Est. La fenpropidine et la spiroxamine restent utiles en association dans certaines situations.
- quinoxyfène : bien que longtemps considéré comme une référence en préventif, des souches résistantes ont été confirmées dès 2003 en Champagne. Cette molécule conserve de l’intérêt, mais uniquement en combinaison avec d'autres substances actives.
Des isolats cumulent aujourd’hui des résistances à plusieurs familles (triazoles + strobilurines + amines), voire au quinoxyfène. Le choix des solutions chimiques efficaces est donc partiellement réduit. La meilleure défense reste à ce jour le choix de variétés résistantes.
Les approches biologiques et naturelles
Internet regorge de traitements curatifs naturels contre l’oïdium du blé qui n’ont à ce jour pas été formellement validé scientifiquement. Il n’est donc pas recommandé de suivre les conseils proposant d’appliquer des huiles essentielles, laits, vinaigres et autres mixtures de plantes contre le champignon.
Face au développement de cas de résistance, la recherche s’est davantage tournée vers des solutions plus naturelles, comme des solutions de biocontrôle permettant aux plantes de renforcer leurs défenses immunitaires. L'efficacité des ces stimulateurs de défense est encore à démontrer.
Une piste prometteuse pourrait être l’utilisation de champignons mycorhiziens. Ces micro-organismes du sol établissent une symbiose naturelle avec les racines de la majorité des plantes cultivées, y compris le blé. Ils appartiennent au phylum Glomeromycota et pénètrent les cellules corticales des racines pour former des structures spécialisées appelées arbuscules (zones d’échange de nutriments) et vésicules (zones de stockage).
Concrètement, la plante fournit des sucres issus de la photosynthèse au champignon, et en échange, le champignon améliore l’absorption des nutriments du sol – notamment le phosphore, souvent limitant en grandes cultures. Mais au-delà de cet effet nutritionnel, les CMA participent aussi à la protection des plantes contre les stress biotiques, comme certaines maladies fongiques.
Dans le cas de l’oïdium du blé, certaines études (notamment avec l’espèce Funneliformis mosseae) ont montré que la mycorhization permet de réduire significativement les colonies du champignon pathogène, avec un taux de protection pouvant atteindre 78 %. Ce mécanisme repose sur une résistance induite, où la plante active en amont une partie de ses défenses naturelles (synthèse de peroxyde d’hydrogène, de polyphénols, de chitinases…).
La mycorhization ne remplace pas les autres leviers de gestion de l’oïdium, mais elle constitue un outil complémentaire dans une stratégie agroécologique globale, en réduisant la dépendance aux intrants chimiques. Son efficacité dépend cependant de plusieurs facteurs :
- la concentration en phosphore du sol
- le type d’inoculum mycorhizien utilisé
- la résistance variétale du blé
Raisonner la lutte chimique avec Geofolia OAD
Face à un pathogène opportuniste comme Blumeria graminis, la clé réside dans l’anticipation. C’est là qu’intervient Geofolia OAD Prévi-LIS, un outil d’aide à la décision développé par ISAGRI en partenariat avec ARVALIS – Institut du végétal.
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