Fièvre Catarrhale Ovine et Compagnie : Connaître les Maladies Ovines
Sommaire
7 conseils pour un cahier sanitaire en règle
Vous qui êtes éleveur, vous le savez. La santé de vos animaux est l'un des fils rouges de votre activité. Les ovins n'échappent pas à la règle. Que vous ayez des brebis laitières ou allaitantes, leur santé doit être une priorité.
C'est un des critères de réussite de votre élevage, et c'est pourquoi nous avons décidé de traiter, sans mauvais jeu de mots, ce sujet dans cet article.
Ainsi, vous saurez quelles sont les principales maladies des ovins dont il faut se méfier, et comment réagir face à cette menace.
Gérer la santé de son troupeau ovin : un enjeu de taille
Sur le plan économique et sanitaire, garantir la bonne santé de votre bétail est généralement l'une des priorités de toute exploitation d'élevage. En effet, les animaux sont souvent vos premières sources de revenus, en tant qu'éleveur. La quantité comme la qualité de votre production en dépendent, et pour les assurer, ils doivent être en bonne santé.
C'est valable pour les veaux, vaches, cochons, et autres animaux de ferme.
On peut les classer les maladies les plus courantes chez les ovins en trois grandes catégories :
- Les maladies infectieuses : à virus ou bactéries ;
- Les maladies parasitaires : causées par des parasites internes ou externes ;
- Les maladies nutritionnelles : elles concernent les troubles métaboliques plus ou moins passagers qui peuvent affecter la croissance des agneaux, ou la reproduction des adultes.

Vous voulez mieux les connaître pour mieux les gérer ? Alors on commence par l'une des plus craintes par la profession.
La fièvre catarrhale ovine (FCO) : une menace majeure pour les moutons dans les élevages français
Qu’est-ce que la fièvre catarrhale ovine ?
Elle a le droit à un traitement de faveur, une partie à elle seule, tellement il faut s'en méfier.
La FCO est aussi surnommée "bluetongue", ce qui, pour les non anglophones, signifie "langue bleue". Et là, c'est tout de suite plus parlant. En effet, c'est une des caractéristiques principales de cette maladie virale à Orbivirus, qui se décline en 36 sérotypes différents, ce qui complexifie la lutte à son encontre.
Les ovins ne sont pas les seules victimes de cette pathologie. Les autres ruminants, caprins ou bovins, sont susceptibles d'être touchés, comme son nom ne l'indique pas.
Le responsable de la transmission du virus ? Un moucheron piqueur qui fait le taxi entre les animaux infectés. Un élément à garder en tête dans la prévention, sur laquelle nous allons revenir plus loin.
Les symptômes de la FCO chez les ovins
Ils sont variables, la faute aux sérotypes. Mais généralement, vous pouvez penser à cette maladie si vos moutons présentent un à plusieurs de ces symptômes :
- Coloration bleue de la langue, due à une mauvaise circulation de l'oxygène ;
- Des lésions inflammatoires de la sphère buccale, muqueuses ou langue, avec une salivation anormalement importante ;
- Manque d'appétit, perte de poids, en lien avec le point précédent et l'état général ;
- D'autres gonflements au niveau de la tête ou des oreilles ;
- Les membres peuvent aussi être enflammés et causer des boiteries ;
- Fièvre, due à la réaction inflammatoire.
Le vétérinaire pourra confirmer le pré-diagnostic si vous aviez déjà des doutes.
Prévention et lutte contre les virus de la FCO
On parle ici de prévention car il n'existe pas de traitement à proprement parler contre ce virus. Les animaux atteints sont généralement condamnés, avec les conséquences que vous imaginez pour votre exploitation.
En revanche, il existe un vaccin. Il faudra choisir celui le plus adapté au(x) sérotype(s) présent(s) sur votre territoire. La stratégie vaccinale se joue d'ailleurs à grande échelle pour tenter d'éradiquer les cas.
Une autre mesure de prévention consiste à assainir l'environnement du troupeau. Le but est de limiter la prolifération du moucheron qui s'empresse de transmettre le virus à des ruminants sains. Insecticides, chasse aux eaux stagnantes (vous aurez aussi moins de moustiques, accessoirement), peuvent être des solutions.
Ensuite, c'est au niveau de la circulation des animaux sur le territoire que ça se joue. Selon les périodes, des restrictions sont mises en place par les autorités compétentes. Elles évoluent au fil des jours, semaines, en fonction de l'évolution des cas observés et signalés par les éleveurs.
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Les autres maladies infectieuses des ovins
Le piétin : une affection contagieuse des sabots
Une affection sérieuse car elle touche les membres des brebis ou de leurs agneaux, et donc leur mobilité. Une bête qui se déplace mal est aussi une bête qui ne s'alimente pas comme elle le devrait, ni ne s'hydrate correctement. Et l'été, en estive, c'est encore pire, car elles ne peuvent pas suivre les déplacements du troupeau.
La responsable est la bactérie Dichelobacter nodosus, et elle crée une inflammation des tissus cutanés entre les onglons. Parage régulier et bains de pieds sont essentiels pour prévenir ou traiter l'infection.
Vous êtes dans des secteurs très exposés au risque, avec des cas nombreux autour de vous, ou des parcelles très humides ? Une campagne de vaccination peut aussi être un choix judicieux.
Si cette maladie n'est pas mortelle en soi, les pertes économiques sont bien réelles. Les bêtes perdent du poids, les remettre en état coûte du temps, et de l'argent.
La listériose et ses risques zoonotiques
La bactérie Listeria monocytogenes est problématique autant pour les ovins que les humains. On peut la retrouver dans le lait et il n'est pas rare qu'elle provoque des cas qui font la une des journaux.
Avec près de 3 000 cas répertoriés en 2023, cette zoonose marque une progression inquiétante, et il est d'autant plus important de traiter le problème à la racine. Votre élevage comme point de départ d'une épidémie, on est sûrs que vous préférez éviter.
Les ensilages peuvent être vecteurs de la bactérie quand ils sont de mauvaise qualité. Veillez toujours à choisir leur provenance, ou à le stocker dans de bonnes conditions. Et si vous constatez des troubles neurologiques, des avortements inexpliqués, comme toujours, prévenez votre vétérinaire pour agir au plus vite.
L’entérotoxémie : une urgence vétérinaire
La bactérie Clostridium perfringens est une bombe à retardement capable de détruire à petit feu les intestins de vos ovins.
Elle est liée à l'alimentation et les régimes riches sont les plus gros facteurs de risques, même chez des animaux apparemment en bonne santé.
La vaccination est conseillée pour éviter ce genre de maladie à l'évolution fulgurante et à l'issue généralement fatale, surtout chez les agneaux.
La fièvre Q : un danger pour l’éleveur et le cheptel
Encore une bactérie, cette fois-ci Coxiella burnetii. De l'avortement des mères aux agneaux morts-nés ou subissant un retard de croissance, les conséquences en élevage sont vite problématiques.
Les ovins ne sont d'ailleurs pas les seuls touchés puisque même les humains peuvent la contracter. Si vous inhalez de la poussière infectée, par exemple en période de mise-bas avec présence de brebis malades, ne soyez pas surpris de développer des symptômes grippaux, qui peuvent même devenir chroniques.
Sans traitement disponible, c'est plutôt sur les mesures de prévention qu'il faut miser. Nettoyage, équipements de protection, et déclaration obligatoire en font une maladie heureusement rare, mais à surveiller.
Les maladies parasitaires affectant les ovins
Les vers intestinaux et la grande douve
Ah ça, ils n'aiment pas, les moutons, et on comprend vite pourquoi. Les parasites comme les strongles ou les douves se délectent de leur hôte, et en l'occurrence, de l'habitat que leur offre le système digestif des ruminants.
Et qui dit qu'ils en profitent, dit que le petit ruminant infesté y laisse des plumes, enfin des poils, et même du poids. Cela provoque des retards de croissance, voire des amaigrissements longs à rattraper et plus ou moins problématiques selon le stade de vie de l'animal.
Les pertes économiques sont réelles car c'est un manque à gagner pour l'éleveur qui ne peut pas compter sur la finition des agneaux infestés pour le rémunérer.
Et la grande douve ne se contente pas de se loger dans le foie, mais elle se dissémine aussi dans l'environnement de l'animal sous forme d'oeufs, qui peuvent devenir des kystes, puis des larves, en passant d'hôte en hôte (escargots, plantes...).
C'est pourquoi les cycles de pâturage doivent être soigneusement pensés pour couper ceux des parasites et éviter qu'ils ne persistent, et soient réingérés plus tard. La FRGDS Auvergne Rhône Alpes suggère de laisser idéalement 25 à 30 jours entre deux cycles.
Peu de chances que vous passiez à côté, avec 86 % d'incidence en France, vous n'êtes pas à l'abri (étude de 2018). Si vous avez des zones humides, soyez particulièrement vigilants ! C’est le genre d’endroit que les hôtes de la grande douves adorent pour se développer. Si vous ne pouvez pas drainer la parcelle, veillez à ne pas laisser les animaux y accéder aux périodes les plus pluvieuses. Et si vous n’avez guère le choix, évitez d’y mettre les sujets les plus à risque, comme les femelles gestantes ou les jeunes. En plus du risque d’infestation, ils abîmeraient la prairie en y pataugeant.
La myiase : une parasitose cutanée
La chaleur n'a jamais été l'alliée des moutons. Mais alors en présence de mouches qui déposent allègrement des larves autour des queues, pour qu'elles aillent ensuite se développer sur la vulve des brebis et agnelles, c'est vite l'escalade.
Ces myiases sont des infections des tissus vivants pouvant entraîner des nécroses des tissus atteints. Les insecticides sont vivement conseillés en cas de fortes chaleurs.
Les maladies nutritionnelles
On aurait pu retrouver ici l'entérotoxémie, mais on va se contenter d'évoquer les autres troubles.
De manière générale, les acidoses sont un problème courant chez les ruminants et peuvent faire des dégâts, notamment lors de la mise à l'herbe, au printemps, avec une transition alimentaire mal gérée. En effet, les changements d'alimentation un peu trop rapides ne laissent pas le temps aux bactéries du système digestif de s'adapter, et c'est la porte ouverte aux inflammations.
Ça peut arriver même aux meilleurs, car d'une année sur l'autre, les conditions météo et la pousse de l'herbe varient, impactant sa composition. La vigilance doit toujours être de mise, même si vous êtes expérimenté.
Comment reconnaître un mouton malade ?
Le meilleur moyen d’identifier les moutons malades dans votre élevage est de repérer les comportements qui sortent de l’ordinaire. Manque d'appétit, perte de poids, diarrhées, toux, coloration anormale des selles, des muqueuses, boiteries, comportement anarchique (tremblements, pertes d'équilibre...), sont autant de signes cliniques qui doivent vous alerter.
Pour les repérer, deux outils complémentaires s’offrent à vous : une observation visuelle régulière de vos animaux, en bâtiment comme en pâture, mais aussi le suivi de leurs performances. Evolution du poids grâce aux pesées, de la fertilité (avortements, retour en chaleur, …), mortalité des agneaux, … sont autant d’indicateurs qui peuvent vous alerter sur les problèmes sanitaires de votre troupeau.
Les petits ruminants, et notamment les jeunes, sont particulièrement sensibles aux pathologies qui peuvent les toucher. Sans aller jusqu'à dire qu'ils sont fragiles, les évolutions sont souvent plus rapides que chez les bovins à cause de leur petite taille, ou de leurs réserves moins grandes. Mais aussi collectivement parlant.
En effet, selon les conditions de vie, une épidémie est vite arrivée, alors on n'est jamais trop prudent. D'ailleurs, on en parle tout de suite.
Prévention et gestion des maladies ovines
Les vaccins : un outil essentiel
On l'a vu avec les exemples précédents, il n'y a pas de traitement contre les principales maladies ovines évoquées. Vous pouvez agir sur les symptômes pour limiter "la casse", mais pas éliminer les agents pathogènes des organismes.
Le mieux reste donc de les aider à s'en débarrasser tout seul, grâce à l'immunité permise par les vaccins.
Hygiène et gestion des troupeaux
Une autre solution, qui est même une des règles de base en élevage, est d'assurer une hygiène stricte. Pour ne pas avoir à lutter contre un envahisseur, mieux vaut ne pas lui donner la possibilité de pénétrer dans le troupeau pour s'y répandre. Ainsi, les mesures de désinfection, le drainage, la gestion du pâturage et de la densité dans les lieux de vie, le nettoyage des bâtiments, sont parmi les meilleures actions de prévention que vous pouvez mettre en place.
Parlez-en avec votre vétérinaire pour qu'il vous conseille au mieux selon la typologie de votre élevage.
Réglementation et démarches administratives
C'est dans cet esprit de prévention que la Loi Santé Animale (LSA) a été créée. Elle veille à assurer tant la sécurité des animaux que de la population humaine.
De plus, vous êtes certainement de près ou de loin en lien avec le Groupement de Défense Sanitaire (GDS) de votre département. Ils coordonnent tout ce qui concerne les informations sur les risques territoriaux, les campagnes de préventions, et autres actions.
Analyse de vos données d’élevage
Et si les maladies se développaient plus dans un de vos bâtiments que dans un autre ? Ou dans telle parcelle où les parasites sont bien installés ? Et si encore telle ou telle brebis était plus sujette aux maladies ?
Pour l’identifier, le suivi de votre élevage est indispensable. En élevage ovin, où les animaux sont nombreux, un carnet et un crayon ne suffisent cependant pas toujours pour un suivi précis de chaque brebis. C’est pourquoi les outils numériques, tels que les logiciel de gestion de troupeau peuvent être précieux et vous permettre de diminuer la pression des maladies sur votre élevage.
L'impact économique des maladies des ovins
On ne vous apprend sans doute rien en disant que gérer la santé de vos ovins, c'est une question de rentabilité. Une bête malade, ce sont des frais vétérinaires à assurer, et des coûts indirects plus ou moins importants : moins bonne qualité de la production, temps d'engraissement allongé, productivité ou prolificité en baisse...
Ainsi, en améliorant l'état général de votre troupeau, tout au long de l'année, vous investissez dans votre outil de production principal, sur le long terme.
Pensez-y, c'est clairement le genre de poste de dépense à ne pas négliger. Vos brebis vous le rendront bien !
Conclusion
Vous connaissiez peut-être bien au courant des risques liés à la fièvre catarrhale du mouton à cause des actualités de ces derniers mois, mais elle n'est pas la seule maladie à craindre. Vous savez désormais quels sont les risques majeurs auxquels vos brebis, béliers et agneaux peuvent être exposés, et comment limiter les risques.
Alors, c'est quoi votre prochaine mesure de protection ?