Des leucocytes en début de lactation : que faire ?
Sommaire
Votre vache vient de vêler et malheureusement son premier dénombrement leucocytaire apparait élevé sans pour autant manifester une mammite clinique ! Que faire d’elle ? Attendre, traiter, réformer… Retour sur une méthode en 4 temps pour réduire les leucocytes qui a fait ses preuves dans la durée.
SOMMAIRE
Mammites cliniques ou sub-cliniques : kezako ?
1. Connaitre le statut de l’animal : s’agit-il d’une nouvelle infection ou est-ce une récidive ?
2. La détection précoce est nécessaire pour obtenir les meilleurs résultats en cours de lactation
3. Déterminer le ou les quartiers atteints
4. Quel traitement ?
Mammites cliniques ou sub-cliniques : kezako ?
Les mammites, qu’elles soient cliniques ou sub-cliniques ont quasiment toujours pour origine la pénétration de bactéries dans les quartiers par la voie externe.
Lorsque les germes pénètrent dans le trayon, il y a trois évolutions possibles :
- Dans 25% des cas, la guérison est spontanée. Le canal du trayon dispose en effet d’un moyen de lutte particulièrement efficace contre les bactéries (kératine).
- Soit il y a « match nul » entre les germes et les cellules ce qui aboutit à une mammite sub-clinique (montée des taux cellulaires sans signes cliniques). Deux germes principaux sont impliqués : Staphylocoque Doré (2/3 des cas) et Streptocoque Uberis (1/3 des cas).
- Soit les germes l’emportent avec pour conséquence des manifestations cliniques (grumeaux, mamelles rouges, enflées…). Trois germes peuvent être en cause : Staphylocoque Doré (1/3 des cas), Streptocoque uberis (1/3 des cas), E. Coli (1/3 des cas).
« Seuil de contamination des mamelles pris en compte par le milieu vétérinaire ».
A retenir : Mammites sub-cliniques = risque important de leucocytes dans le tank.
Alors, comment réduire le taux de leucocytes dans le lait des vaches pour garantir une traite conforme à la réglementation ? Retrouvez les conseils de Stéphane SAGORIN, Ingénieur conseil au BTPL depuis 1997.
1. Connaitre le statut de l’animal : s’agit-il d’une nouvelle infection ou est-ce une récidive ?
La méthodologie d’actions proposée se base sur l’évolution des comptages cellulaires en permettant un ciblage pertinent des vaches à traiter ou pas. Ce document est essentiel pour une lutte efficace.
Il est notamment disponible dans le logiciel TROUP’O produit par ISAGRI :
Exemple de tableau « Évolution des cellules » - Troup’O 2020 - ISAGRI
3 cas de figure se rencontrent :
Exemple « 3 cas de figures - Des leucocytes en début de lactation ? »
2. La détection précoce est nécessaire pour obtenir les meilleurs résultats en cours de lactation
Rappelons ici que, d’une manière générale, les traitements antibiotiques les plus efficaces sont ceux prodigués au tarissement (taux de guérison autour de 50%). Effectivement, même lorsqu’il est réalisé tôt, le taux de réussite d’un traitement donné en cours de lactation se situe entre 25 à 30%.
Plusieurs moyens de détection précoce sont disponibles sur le terrain :
- Au niveau de la vache : premier jet et analyses mensuelles du contrôle laitier.
- Au niveau du quartier : estimation par California Mammite Test (CMT) ou mesure par conductivité (robot principalement).
3. Déterminer le ou les quartiers atteints
Pour déterminer le ou les quartiers atteints, vous disposez de plusieurs méthodes :
- un prélèvement individuel des quatre quartiers,
- une vérification en tirant les premiers jets (pas toujours visible),
- ou le comptage cellulaire en direct par un CMT.
« Les mammites cliniques sont la maladie la plus fréquente en élevage laitier » - Source : Idèle.
4. Quel traitement ?
En lien avec votre vétérinaire, il est nécessaire de différencier les traitements de première intention (pour lequel un traitement plus léger peut être « tenté ») de ceux de deuxième intention (traitement plus classique à base d’antibiotique).
En adoptant cette démarche basée sur la surveillance et la réactivité, vous maitriserez progressivement la pression infectieuse… patience, rigueur et persévérance sont nécessaires.
Bien entendu pour agir dans le temps, ces actions devront être associées aux pratiques préventives classiques d’hygiène de traite...
A retenir : Une perte de revenu insidieuse
Rappelons que les infections mammaires représentent tant en fréquence que sur le plan économique la première pathologie en élevage bovin laitiers.
Leurs conséquences sont souvent sous-estimées. En effet leur impact financier ne se limite pas au coût des traitements des mammites cliniques et aux pénalités cellules appliquées par les laiteries, il faut aussi y ajouter les pertes de production de lait, la dégradation de la qualité du lait, le coût des réformes anticipées et « subies ».