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Les risques physiques ne sont pas une fatalité !

Écrit par  Aude BOUVATTIER
Publié le 08 octobre 2021
5 min. de lecture
Retour sur le centre de ressources

Les problématiques de sécurité et de santé au travail deviennent un enjeu majeur dans le monde agricole, comme le démontrait déjà le Plan santé et sécurité au travail (SST) de la MSA. Face aux risques physiques potentiellement élevés et diversifiés, auxquels s’exposent les salariés et parfois plus encore les exploitants, la profession s’organise en mettant l’accent sur la prévention. 

 

SOMMAIRE

  1. Un métier à risque 
  2. Exploitants : une polyvalence non dénuée de risques 
  3. Engins et outils motorisés 
  4. TMS : un danger pernicieux 
  5. Mieux accompagner les professionnels 
  6. Risque phytosanitaire : des précautions à prendre 

1. Un métier à risque

Environnement d’engins lourds ou dangereux, gestion de bétail aux réactions soudaines, manipulations d’outils, travaux physiques ...etc. Les risques professionnels sont omniprésents dans une exploitation agricole ou forestière, dont les activités sont les plus accidentogènes après celles du secteur du BTP et de la construction.

 

Dans les trois quarts des cas, ces décès sont dus à un accident du travail. Les accidents cardio-vasculaires représentent la première cause de décès. Ils sont suivis par ceux survenus dans le cadre de l’utilisation d’un engin ou d’un outil motorisé. 

Un accident sur cinq est un accident grave. 

 

2. Exploitants : une polyvalence non-dénuée de risques

Dans le milieu agricole, le nombre de travailleurs non-salariés, essentiellement les exploitants et autres chefs d’entreprise, baisse régulièrement. Il en va logiquement de même pour les accidents nécessitant un arrêt de travail. Pourtant, concernant les tendances liées à la gravité des accidents, pas de quoi se réjouir. Cette proportion est plus mesurée pour les salariés. 

 

Cette disparité de la sinistralité est-elle si étonnante ? Elle s’explique signale-t-on à la MSA. Benoît Moreau, son conseiller national en prévention des risques professionnels explique ainsi que “les chutes de hauteur, notamment de toitures, sont une des causes principales d’accident grave pour les exploitants. Mais ce risque s’observe beaucoup moins chez les salariés”. Comment expliquer dès lors que les chefs d’exploitation soient plus vulnérables ?

 

 

"Le risque est plus important chez les exploitants parce que ce sont des travaux qui, pensent-ils, leur incombent. Travaillant seuls le plus souvent, ou avec un minimum de salariés destinés aux tâches purement agricoles, ils estiment être les seuls à pouvoir prendre par exemple le risque de monter sur un toit pour y faire des travaux".  

“Dans mon exploitation, les risques liés aux fortes chaleurs sont anticipés en amont. Ainsi, lorsque le thermomètre grimpe, nous y sommes déjà préparés. Par exemple, je préviens bien à l’avance mes salariés de la modification des horaires pour qu’ils puissent s’organiser dans leur vie personnelle. L’impact de la chaleur sur notre fonctionnement est ainsi bien moindre.”  

Laurent Estève, Département Prévention des Risques Professionnels de la MSA 

 

3. Engins et outils motorisés

Pour l’ensemble du régime agricole, les accidents avec machines, au niveau de gravité souvent élevé, représentent environ 1 accident sur 6 (salariés et non-salariés confondus). 

  

Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation signale, par exemple, que parmi les accidents impliquant les tracteurs agricoles ou forestiers, le renversement est le risque qui provoque le plus de dommages au conducteur. Pas de conditions particulières pour ces accidents. Ils ont lieu le plus souvent sur terrain plat et parfois à très basse vitesse. Le risque de renversement peut être généré par la présence d’une ornière ou d’un fossé, d’obstacles divers ou d’outils lourds portés ou tractés, pouvant déséquilibrer le tracteur.  

 

Mais la résistance s’organise. Des mesures innovantes ont permis ces dernières années d’améliorer par exemple la sécurité des tracteurs. Neufs, ils sont désormais équipés soit par la présence d’un arceau, soit par l’armature constituant la cabine, d’une structure de protection contre le renversement. 

 

4. TMS : un danger pernicieux

Autre danger pour les exploitants et salariés du monde agricole, moins spectaculaire que les accidents d’activité : les troubles musculosquelettiques (TMS). Qu’ils soient issus d’un mouvement spontané et brutal ou liés aux répétitions de manipulations manuelles, de port de charge ou de contraintes gestuelles et posturales, c’est la maladie professionnelle (MP) qui guette. 

Près de 85 % des MP concernant les chefs d’exploitation sont liés à des TMS, dont une majorité d’affections périarticulaires.   

“Le risque principal est lié aux ports de charges. On fait pas mal de manutention car on prépare à peu près une tonne de fromages par semaine. A l’unité, ils ne sont pas très lourds, entre 2,5 et 3 kg, mais quand on fait de l’emballage sur une journée entière, on manipule chaque fromage plusieurs fois. On a affiché dans l’atelier les méthodologies des tâches avec les mesures de précaution nécessaires. Avec les nouveaux salariés, je passe du temps pour les mettre en garde sur les gestes à maîtriser mais avec les jeunes, c’est plus compliqué, car ils se sentent en condition, physiquement."  

Pascal, exploitant agricole  

 

Les risques de TMS sont aussi susceptibles d’apparaître suite à d’autres activités, telle que la traite des vaches ou la conduite du tracteur.  

 

La MSA s’est aussi emparée du problème, en proposant, depuis deux ans, une méthode d’intervention dite TMSa visant à faciliter l’échange sur le sujet des TMS entre le chef d’entreprise et les conseillers en prévention pour prévenir ce risque. 

 

5. Mieux accompagner les professionnels

Entre six mois et un an après l’installation des nouveaux exploitants, la MSA fait établir, par un de ses conseillers en prévention, un diagnostic sur l’exploitation et aborder en particulier la prévention de ses risques. 

C’est une première prise de contact. Ensuite il est dans les attributs de la MSA d’aller au contact de tous les professionnels du secteur agricole, pour accompagner le développement de projets, pour mettre en place, éventuellement sur des postes de travail précis, des dynamiques d’organisation de la prévention en interne, par exemple au travers de la désignation du référent sécurité. Autre solution, faire appel à un préventeur. 

 

“Je travaille déjà 70 heures par semaine, ainsi, lorsqu’il a fallu réaliser le Document unique d’évaluation des risques (DUER), nous avons compris, avec mes associés, que nous n’avions pas le recul nécessaire et l’expérience suffisante. Nous nous sommes fait aider par un préventeur privé qui nous assiste également pour sa mise à jour annuelle”.  

 Pascal, exploitant agricole   

 

 

 

Après avoir été audité toute une journée, il a apprécié cette expertise sur l’organisation et la rédaction du DUER, mais également sur l’analyse et le fonctionnement de l’entreprise et ses situations à risque. Ainsi, lui qui était focalisé sur des risques majeurs n’avait pas forcément pensé à d’autres dangers, pourtant évidents, tel que le risque de glissade dans l’atelier fromagerie (ou l’utilisation de produits d’entretien). Aujourd’hui, les salariés qui y travaillent sont équipés de bottes avec semelle anti-dérapante. 

 

Au final, Pascal Geneste est conscient qu’il a vis-à-vis de ses salariés une obligation de résultat pour la sécurité comme pour l’hygiène. Certes, les investissements en termes de sécurité ne lui garantissent pas un risque zéro dans son entreprise, mais ils permettent de réduire leur fréquence, leur gravité et donc leurs impacts financiers éventuels. 

 

6. Risque phytosanitaire : des précautions à prendre

 

Les risques chimiques et phytosanitaires ne doivent pas non plus laisser insensibles les exploitants. L’usage des produits est soumis à réglementations : pour les consommateurs et en amont, pour les utilisateurs et l’environnement, lors de la phase d’application des produits. Il nécessite de connaître : 

  • les risques éventuels. Préalablement à l’utilisation de chaque produit, il faut lire les informations disponibles sur les emballages et savoir décrypter les pictogrammes alertant des risques ; 
  • les conséquences pour la santé, en cas d’exposition ; 
  • les équipements de protection individuels nécessaires. 

 

Je découvre Ecollaboratrice !

Depuis fin novembre 2020, un fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (www.fonds-indemnisation-pesicides.fr) permet aux personnes (actives ou retraitées) atteintes de maladies consécutives à l’utilisation des produits pesticides dans le cadre d’une activité professionnelle, d’obtenir plus facilement réparation des préjudices subis.  

 

Auteur : Stéphane Chabrier - Prevenscope Mai 2021

 

Pour aller plus loin : 

Le Guide phytosanitaire (édition 2021), librement consultable sur www.chambres-agriculture.fr, contient 26 fiches pour tout savoir sur la réglementation phytosanitaire en lien avec la santé des applicateurs et la protection de l’environnement. 

Réaliser son document unique avec un expert : Pôle Prevention : http://www.pole-prevention.fr/prevention_evaluation_risques.php 

  

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