Comment Maximiser la Rentabilité en Élevage Bovin Viande ?
Sommaire
Découvrez comment calculer la marge de votre élevage pour l'améliorer !
Gérer un élevage de bovins pour qu'il soit rentable, tout un programme. Les facteurs qui influencent le fonctionnement d'un élevage, et donc ses résultats, sont tellement nombreux qu'il y a de quoi s'arracher les cheveux, quand il vous en reste.
Mais si on vous disait que vous avez les moyens de parvenir à trouver l'équilibre dont vous rêvez pour vivre de votre passion ? On ne parle pas de formule magique, seulement de bon sens. Et on est sûrs que vous n'en manquez pas, en tant que paysan.
On vous aide à y voir plus clair sur les leviers à activer pour rentabiliser votre atelier bovin allaitant.
Contexte économique de l'élevage bovin viande
Présentation du marché actuel de la viande bovine
Vous avez sûrement connu des évolutions conjoncturelles. Les fameux hauts et bas des prix de la viande, influencés par les aléas de marché. Mais depuis quelques années, on observe des modifications plus profondes qui deviennent structurelles.
Baisse de la consommation de viande, manque de fourrages pour les bêtes, augmentation des coûts de production... Tout cela a entraîné des décapitalisations de cheptel. Vous faites peut-être partie de ces éleveurs qui ont préféré redimensionner leur élevage pour s'adapter à ce nouvel environnement.
Ainsi, on a vu une baisse de 58 000 de vaches allaitantes abattues en 2023 en France (France Agrimer). Et on retrouve cette dynamique baissière dans toutes les catégories de bovins.
Le point positif, c'est que les prix des bovins français ont rarement été aussi hauts.
Tendances économiques et défis pour les éleveurs allaitants
Le challenge aujourd'hui, c'est de trouver le point d'équilibre dans le fonctionnement de votre atelier allaitant pour vous permettre de produire et vendre correctement vos bêtes, sans vous tuer à la tâche.
Pour s'imposer dans le paysage, il est donc important de travailler sur votre rentabilité. Plus vous aurez un système solide, tout en restant malléable et capable de s'adapter aux aléas, plus vous saurez tirer votre épingle du jeu.
Les facteurs qui influencent la rentabilité d’un élevage de bovins
Taille du troupeau et structure de l'exploitation
L'industrialisation nous a appris au moins ça : plus on produit, avec un même outil, plus on le rentabilise. C'est ce que l'on appelle faire des économies d'échelle. Oui mais, parce qu'il y a un "mais", attention aux travers de ce fonctionnement qui peut causer bien des tourments aux plus grosses exploitations.
Chercher à faire "toujours plus", cela veut dire faire exploser les investissements (matériel, main d'œuvre...), et rentrer dans un cercle vicieux que l'on voudrait plutôt vertueux.
Dans une filière en restructuration, la bonne idée tient plutôt au fait de (re)dimensionner correctement votre activité par rapport à vos moyens de production.
Maîtrise des coûts de production
L'Institut de l’élevage (IDELE), avec son échantillon de 25 fermes du réseau Inosys, a montré que plus les charges de production étaient hautes, moins leur revenu était important. La maîtrise des coûts est donc un levier incontournable pour rentabiliser votre atelier allaitant.
Certains éleveurs commettent une erreur fatale. Ils se concentrent uniquement sur le prix de vente de leurs bêtes, s'en satisfaisant ou s'en plaignant (parfois à raison). Sauf que vous n'avez pas forcément la main dessus si vous ne faites pas de vente directe.
C'est ce dont on va parler un peu plus bas, patience. Mais retenez que les éléments de l'amont comme de l'aval sont complémentaires.
Gestion des surfaces et des ressources naturelles
Ce sujet rejoint le précédent, car il touche à l'alimentation. Les ressources naturelles sont un trésor. Une matière première précieuse à entretenir avec bon sens, là encore. Ne dit-on pas "Qui veut voyager loin ménage sa monture" ? Plus vous prendrez soin de vos prairies, de l'eau, plus vous offrez à votre bétail des conditions optimales pour se développer.
Vous n'êtes pas responsable de tout ce qui vous arrive, mais vous pouvez décider de ce que vous en faites. Allez, on se remonte les manches et on s'attaque à désosser le problème et comprendre ce sur quoi vous pouvez agir.
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Optimiser les revenus : stratégies et bonnes pratiques
Augmenter sa rentabilité
Finir et valoriser ses bêtes
L'IDELE a constaté que depuis 2018 le coût de production est moins élevé en moyenne chez les naisseurs-engraisseurs : 368 €/kg de poids vif vendu, VS 400 pour les naisseurs. C'est essentiellement dû au nombre plus important de vaches laitières de réforme qui a fait chuter les prix. Elles ont pris la place des bêtes de type JB ou broutard sur le marché, qui ont des débouchés similaires.
De plus, une étude de 2015 à 2017 des organismes Bovins croissance Sarthe, Sèvres-Vendée Conseil, Seenovia et les chambres d’agriculture des Pays de la Loire, des Deux-Sèvres, a mis en évidence que passer de 450 à 500 kg carcasse pouvait faire gagner 0,25 kg/carcasse.
Pourquoi pas investir dans un complément de qualité, comme du tourteau ? Faites vos calculs pour savoir si le gain de poids ou de finition espéré (et observé) se traduit dans le prix de vente. Sinon, ce n'est pas rentable.
Cette logique est tout de même à adapter en fonction des attentes du marché. Selon que vous êtes en vente directe, ou en filière longue, la valorisation n'est pas nécessairement la même.
Choix des circuits de commercialisation
Justement, une des règles de la filière viande, c'est : les bons animaux chez les bons clients. Ainsi, l'industrie du steak haché n'a pas les mêmes besoins qu'un boucher traditionnel. En complément d'une bonne maîtrise de votre production, en lien avec les attentes du marché, vous pouvez aussi trouver des débouchés qui correspondent à l'ensemble de la production.
Les circuits de vente directe ou plus longs peuvent aussi être complémentaires, si vous vendez bien la viande de vos génisses mais moins celle des réformes par exemple.
Rappelez-vous toutefois qu'en vente directe, il faut intégrer le temps de travail passé sur la partie commercialisation pour calculer le coût de revient. Cela inclut les frais et le temps de transport, d'abattage, de découpe, de logistique pour la vente etc.
Spécialisation et diversification des activités
Il y a des avantages à se spécialiser dans des niches de marché (race, type de produit). Exemple : les bêtes de cheville. Avec leur conformation R+/U- minimum et poids carcasse > 450 kg, elles sont destinées aux artisans bouchers. Si vous savez y faire, votre viande se vendra très bien.
Mais attention : veillez tout de même à avoir plusieurs clients pour ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Trop risqué.
La diversification peut aussi porter sur des activités complémentaires (faire des veaux gras, tourisme agricole...).
Maîtriser les charges
Réduction des coûts d'alimentation
L'optimisation de l'alimentation pour un bon rapport coût/performance ? Tout à fait.
On l’a évoqué plus haut, si vous vous intéressiez plutôt aux coûts de production, plutôt qu’aux prix de vente ? En faisant des choix qui permettent de réduire le coût de l'alimentation (sans pénaliser la qualité), vous évitez le gaspillage de ressources précieuses.
On néglige encore trop l'importance de pouvoir compter sur une alimentation produite sur l'exploitation, réduisant ainsi les achats externes.
On vous parlait de tourteau plus haut, mais l'idéal est sans doute d'être en capacité de produire sa propre matière première pour limiter les coûts liés à leur transformation, dans l'industrie. Les mélanges céréales-protéagineux ont déjà fait leurs preuves d'un point de vue zootechnique comme agronomique. Dans tous les cas, vous devez savoir ce que vous coûte votre aliment. N’hésitez pas à faire des comparaisons pour, enfin, trouver la ou les bonnes associations.
L'Institut de l'élevage a observé une hausse considérable des coûts d'alimentation ces 6 dernières années (autour de 20 %), essentiellement liée aux épisodes de sécheresse qui ont conduit à acheter de la nourriture. Les plus heureux sont ceux qui ont su anticiper, et/ou adapter leur système de production au nombre d'animaux présents, et inversement. Avoir les yeux plus gros que le ventre peut ici s'avérer particulièrement risqué.
Gestion efficace de la main-d'œuvre
Rationaliser et équilibrer le partage des tâches, en fonction des compétences et affinités de chacun, est assez bénéfique sur l'efficacité et la productivité. Si votre conjoint.e ou votre salarié.e préfère s'occuper des soins aux animaux, alors que vous êtes plus adepte de la commercialisation et/ou de l'entretien des cultures, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Sachez aussi être raisonnable. Rien ne sert de se lancer au four et au moulin si vous n'avez pas les moyens de les alimenter. Autrement dit, si vous n'avez pas les équipements ou la main d'œuvre pour vous rajouter du travail, oubliez. C'est la même chose qu'avec l'autonomie alimentaire : mieux vaut ne pas être trop "joueur".
Enfin, pensez aux investissements dans du matériel qui va alléger votre charge de travail, en pénibilité ou en temps.
Utilisation de la technologie et de l'innovation
La technologie peut justement vous soulager dans vos tâches, mais aussi dans le suivi des données et des performances.
Il existe des logiciels qui permettent de centraliser un grand nombre d'informations liées à la gestion de votre troupeau comme de votre exploitation. Si vous n'en êtes pas encore équipé, on peut vous renseigner si vous le souhaitez.
Enfin, pensez aussi à la possibilité d'emprunter du matériel si vous êtes adhérent à une CUMA, et éviter de lourds investissements pas toujours rentabilisés !
Suivez et améliorez les performances de votre troupeau allaitant
Trouver l'équilibre entre charges et produits
La finalité de cette réflexion est bien là : surveiller cette balance. D'ailleurs, vous avez déjà calculé précisément votre coût de production ?
Si non, cela peut être l'occasion de prendre conscience de la part de chaque poste de dépense dans votre système afin d'identifier les leviers d'amélioration. Vous allez peut-être découvrir des axes que vous aviez sous-estimés !
Conclusion
Spécialisation, diversification, réduction des charges ou augmentation des revenus ? Ou bien tout ça à la fois, peut-être. Si vous n'avez pas réellement pris le temps d'évaluer votre système et son niveau de rentabilité, cela peut valoir le coup de s'y mettre. Vous pourriez bien trouver des solutions pour améliorer votre atelier bovin allaitant et augmenter vos revenus !