Portrait d'agricultrices en élevage porcin
Sommaire
8 mars, journée du droit des femmes, quelle meilleure semaine pour vous présenter chaque jour une cliente éleveuse ? Chaque jour, Stéphanie, Cynthia, Caroline, Camille puis Aude vous présentent leur expérience et leurs combats dans le domaine technique et passionnant de l'élevage porcin.
SOMMAIRE
Mardi 5 mars - Stéphanie, être éleveur, c'est aimer ses animaux
Mercredi 6 mars - Cynthia, de la gastronomie à l'élevage
Jeudi 7 mars - Caroline, l'instagrameuse de l'élevage porcin
Vendredi 8 mars - Camille, la force d'une femme en élevage
Lundi 11 mars - Aude, au service de l'amélioration des techniques d'élevage
Stéphanie Kerleveo, être éleveur, c'est aimer ses animaux
Je m’appelle Stéphanie, et je ne suis pas du tout issue du milieu agricole : j’étais coiffeuse ! Un jour, au hasard d’une soirée, j’ai rencontré celui qui deviendra mon mari et qui est agriculteur. J’ai continué mon métier : je n’aurai jamais pensé être agricultrice. L’idée de m’installer a germé alors que notre famille allait à nouveau s’agrandir. J’ai repris une formation agricole pour devenir éleveuse de porcs. Ça a été 9 mois à galérer pour monter les dossiers, avec 2 enfants à gérer mais j’ai tenu : j’avais vraiment la volonté d’y arriver. Aujourd’hui, nous avons 330 truies en naisseur engraisseur.
Ce que j’aimerai changer ? Il y a un vrai travail à faire pour faire connaître notre profession et valoriser nos produits. La plupart des gens connaissent mal le métier et on n’en montre que le mauvais et jamais le bien. Il y a donc beaucoup de « bashing » infondé. Il faudrait que le grand public vienne découvrir le métier d’agriculteur pour mieux le comprendre et se rendre compte des fausses informations qu’il entend. Être éleveur c’est un métier passion, on ne le fait que si on aime les bêtes, mais ce n’est pas l’image qu’on diffuse de nous.
Être une femme en élevage de porc ? En porc, le métier est très organisé et carré : on sait semaine après semaine ce qu’on va faire. Je crois qu’une femme peut cadrer encore plus cette organisation. Je travaille avec mon mari sur l’exploitation et j’apporte une façon de penser différente et complémentaire. Durant les mises-bas, on appréhende différemment les choses. C’est un moment calme où les truies ont besoin de tranquillité. C’est peut-être lié à l’instinct maternel mais on a une forme de sensibilité qui nous permet de mieux gérer ce moment.
Un conseil à la Stéphanie de 15 ans ? Je ne changerai pas grand-chose : il ne faut jamais regretter ce qu’on fait ou ce qu’on dit.
L’outil qui change mon travail au quotidien ? Avec mon logiciel de gestion des truies, je saisis tout ce que je fais sur mon téléphone et quand je ne suis pas là, mes collègues peuvent suivre facilement ce qui a été fait : ça me permet de m’absenter l’esprit tranquille !
Cynthia Zbawicki, de la gastronomie à l'élevage
Mon parcours ? Je ne viens pas du tout du milieu agricole. J’ai commencé ma carrière pro dans la restauration gastronomique dans des restaurants étoilés, puis j’ai été responsable d’un magasin de téléphonie mobile.
Comment suis-je arrivée dans l’agriculture ? Petite, j’étais gardée par une voisine agricultrice qui avait une ferme à l’ancienne avec quelques vaches, moutons, poules et cochons : c’est elle qui m’a donné le goût des animaux. Un jour, je me suis dit que je voulais me lancer dans quelques choses que j’aimais. J’ai donc fait un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole).
Je n’ai pas tout de suite travaillé sur une exploitation. J’avais cet a priori qu’en tant que femme je ne pouvais pas être salariée dans le milieu agricole. Finalement, j’ai trouvé un poste dans un groupement d’employeurs où je travaillais pour plusieurs exploitations : un élevage bovin, des canards gras et un élevage porcin.
Ma dernière expérience était chez un naisseur de porcs où j’ai travaillé pendant 7 ans. Quand il a commencé à réfléchir à sa retraite, l’idée a germé de prendre sa suite, ce que je lui ai proposé il y a deux ans. Il m’a beaucoup appris et est un exemple pour moi. Nous communiquions facilement et avions beaucoup de franchise l’un envers l’autre.
Ce que j'aimerais changer ? Petite, on me disait que quand tu n’es pas du monde agricole, ce n’est pas possible d’y travailler. Aujourd’hui, j’ai compris que chacun a place et qu’il faut s’affranchir de ces idées préconçues autour de l’agriculture.
Être une femme aujourd’hui dans l’élevage porcin ? Ce n’est pas nouveau de voir des femmes dans le monde agricole mais aujourd’hui elles ont plus de reconnaissance. Une partie du travail physique a aussi été simplifié par les machines.
Le cochon est un animal très sensible, tant au niveau du toucher que de la perception des émotions et du caractère et il est très proche de l’homme. La naissance, la mise-bas de la truie sont des évènements clef en élevage et je pense qu’il y a une sorte de compréhension féminine de ce moment. Une truie en mise bas c’est formidable : elles sont très calmes, tout se fait en douceur. La sensibilité que peut avoir une femme permet de porter attention aux moindres détails de cet élevage délicat.
Mon conseil à la Cynthia de 15 ans ? A 15 ans, je voulais être vétérinaire, mon conseil ce serait de s’écouter et de persévérer car rien n’est impossible. Aujourd’hui, je ne regrette pas grand-chose et j’aime beaucoup mon métier.
L’outil qui a changé ma façon de travailler ? Mon logiciel de gestion des truies m’aide énormément dans mon organisation au quotidien grâce aux plannings, notamment des échographies que je fais moi-même, et aux résultats techniques présentés de façon très visuelle.
Caroline Grard, l'instragrameuse de l'élevage porcin
Camille Rougegrez, la force d'une femme en élevage porcin
Aude Dubois, au service de l'amélioration des techniques d'élevage
Aude Dubois est chargée des programme de recherche à la ferme porcine des Trinottières. Cette ferme expérimentale et de formation de élève un troupeau de 120 truies naisseur-engraisseur. Elle accueille des élèves de différentes formations en CS (Contrat de Spécialisation), CQP (Certificat de Qualification Professionnelle), BTS, Licence pro...
Quel est mon parcours ? A 15 ans, je ne voulais pas du tout m'orienter vers l'agricole. Je suis fille d'éleveur : mon père avait des bovins allaitants et des porcs en engraissement. Je l'ai vu travailler 7 jours / 7 et je me suis dit : jamais ça. Finalement, c'est le goût pour les sciences de la vie et de la terre qui m'ont orienté vers ce métier et m'ont guidé vers une expérience en élevage laitier puis en élevage de porc naisseur, avec toujours un fort intérêt pour la technique autour de l’animal.
Mon rôle sur l'exploitation ? Gérer les essais menés sur la ferme expérimentale porcine et suivre les différents systèmes d'élevage mais aussi accueillir des élèves de différents établissements scolaires pour les former à ce métier exigeant et à de nouvelles façons de produire.
Mon objectif ? Avoir un maximum de bandes de porcs ou truies à l'essai pour travailler sur les thématiques nécessaires pour les éleveurs pour leur faire des recommandations qui leur permettent d’améliorer leurs performances tout en répondant aux attentes sociétales. Les sujets du moment : le bien être des animaux mais surtout celui des éleveurs et l'amélioration de leurs conditions de travail.
Ce que j'aime dans l'élevage porcin ? Ce n'est pas un métier avec de gros engins agricoles, mais avec beaucoup d'automates ce qui simplifie le travail et permet de passer plus de temps avec les animaux. C'est élevage organisé et au rythme bien défini ce qui permet de combiner cette activité avec une vie perso bien remplie ! Au niveau technique, on voit vite les effets des tests que l'on mène, on a assez vite des résultats à apporter.
Ce que j'aimerais dire à la Aude de 15 ans ? Découvre l'agriculture plus vite : c'est un métier passionnant !
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