Vigneron

Comment préparer son équipe de vendangeurs ?

Écrit par  Roxane LORETZIN
Publié le 10 juillet 2020
2 min. de lecture
Retour sur le centre de ressources

Bien préparer son équipe de vendangeurs, c'est mettre toutes les chances de son côté pour que la récolte se déroule bien, mais c'est aussi un atout de taille pour les fidéliser. Le point avec Emmanuelle Rouzet, fondatrice du cabinet ERF Conseil et auteure d'un ouvrage, « Bien gérer son exploitation viticole ».

 

Comment aborder la première réunion avec les vendangeurs ?

Emmanuelle Rouzet : « Avant même cette première réunion, je conseille de communiquer avec eux, en envoyant des informations régulières sur la vie du domaine. Trop souvent, lorsque les vendanges sont finies, on perd le contact. C'est bien de structurer le lien, la fidélisation passe aussi par là. Ensuite, lors de la première réunion, éviter de partir trop vite sur des considérations techniques : débuter par une présentation du domaine, de sa stratégie, pour que les vendangeurs perçoivent leur travail dans un contexte plus global. Je préconise aussi d'être clair sur la rémunération et les conditions matérielles, comme l'hébergement. A mon sens, pour les produits du domaine, mieux vaut mettre le vin en tant que prime, comme un remerciement, que dans la rémunération. Pour les consignes sur le travail, il faut penser à la formulation positive.

 

Qu'entendez-vous par « formulation positive » ?

Pas de négation. Par exemple, évitez de dire « ne pas récolter ce cep », ou « ne vous coupez pas avec le sécateur » mais plutôt « soyez prudent avec le sécateur ». Le cerveau retient les informations présentées en négation à l'inverse : on va retenir qu'il faut récolter le cep. Quand on fait un brief en formulation positive, l'impact est spectaculaire : les résultats peuvent changer jusqu'à 80 %. Concernant les travailleurs étrangers, souvent, l'un d'eux traduit pour ceux ne comprenant pas. Pour faciliter la communication, on peut faire des fiches dans leur langue présentant le domaine, et avec le vocabulaire de base traduit : « sécateur », « cep »... Sans oublier les fiches de sécurité qui doivent être traduites, mais cela relève là du droit du travail. Bien montrer les postures qui aident aussi, et expliquer qui fait quoi, pour que le vendangeur qui a une question sache vers qui se tourner.

 

Comment faire passer les messages de ponctualité ?

D'abord, en donnant l'exemple, sinon on n'est pas crédible. Un SMS une demi-heure avant de débuter peut aider aussi, ainsi que d'expliquer pourquoi il faut commencer à telle heure. Plus généralement, c'est important de ne pas demander aux autres ce que l'on ne peut faire soi-même en termes de comportement. Pensez que dans le milieu du travail, on ne crie pas, on explique. C'est d'autant plus crucial avec les jeunes, sinon ils s'en vont. Autre élément important : que le matériel fournit soit opérationnel, avec des sécateurs qui coupent par exemple. Sinon les vendangeurs vont se démotiver au fur et à mesure.

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Comment créer une bonne ambiance et prévenir les conflits ?

Souvent, quand les équipes sont hébergées sur site, l'ambiance est plus festive, et cela permet de fidéliser les jeunes. Attention tout de même à éviter d'avoir du vin à volonté ! A noter, pour le vigneron ou le chef d'équipe, mieux vaut garder une certaine distance avec les vendangeurs, si jamais il faut intervenir en cas de problème, et se comporter de la même manière avec tout le monde. En cas de conflit entre deux vendangeurs, l'objectif, c'est de les amener à se parler, sans chercher à régler le problème à leur place. La reconnaissance est importante aussi. Pas besoin de dire merci, les vendangeurs sont payés pour leur travail. En revanche, quand c'est bien, il faut le dire.