Les 4 étapes pour réussir sa mise au pâturage !
Sommaire
Ne pas rater la mise au pâturage des vaches est primordial ! Cela permet de réintroduire de l’herbe fraiche dans la ration et de réduire les coûts alimentaires. L’herbe pâturée si elle est bien gérée est une ration équilibrée à faible coût. Faire consommer 4 kg de matière brute d’herbe pâturée permet d’économiser 1 kg de matière brute de tourteau de soja. Pour que cela reste intéressant, il faut réussir à suffisamment le maitriser pour éviter la baisse de production et les problèmes de santé des vaches. Cette transition apportant toujours son lot d'interrogations. Je vous présente ici 4 points clés pour réussir sa mise au pâturage : définir la date de mise au pâturage, opter pour le déprimage des prairies, réaliser une transition alimentaire et surveiller la santé du troupeau.
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1. Quand mettre les vaches au pâturage ?
Pour les zones où les conditions climatiques sont favorables à la pousse de l’herbe, les recommandations sont les suivantes :
- Mise des vaches à l’herbe au mois de mars si on dispose de maximum 25 ares/VL
- Mise des vaches à l’herbe entre la mi-février et début mars si on dispose d’environ 30 à 35 ares/VL
- Mise des vaches à l’herbe entre début février et mi-février si on dispose d’environ 45 ares/VL
- Mise des vaches à l’herbe entre mi-janvier et fin janvier si on dispose d’environ 60 ares/VL
- A partir de 70 ares/VL, il est possible d’envisager de faire du pâturage toute l’année
Cependant avec les variations climatiques, il est de plus en plus fréquent que la mise à l’herbe intervienne précocement. La mise au pâturage peut être déclenchée si la hauteur d’herbe est supérieure à 5 cm. Il faut également que les parcelles soient suffisamment portantes. Les sabots ne doivent pas s’enfoncer de plus de 1,5 cm pour ne pas abimer la prairie. L'enjeu économique est élevé car optimiser la date et la ration de mise à l'herbe permet de distribuer moins de concentré.
Il faut veiller à ne pas mettre les vaches trop tôt au pâturage si les surfaces en herbe accessibles sont faibles (moins de 40 ares/VL). En effet un début de pâturage trop précoce peut entrainer des difficultés à fermer le silo par manque de stock sur pied. Au-delà de 40 ares/VL, la date de mise à l’herbe ne jouera plus beaucoup sur la fermeture du silo mais aura des répercussions sur les quantités d’herbe stockées.
2. Le déprimage des parcelles pour quoi faire ?
Le premier pâturage de la parcelle (aussi appelé déprimage) permet de faire consommer les résidus de croissance hivernale de l’herbe pour repartir sur de bonnes bases et stimuler la pousse de l’herbe. L’objectif est de faire sortir les bêtes de la parcelle avec une hauteur d’herbe de 4 à 5 cm après une courte période de pâturage. Cela permet aux espèces de la strate inférieure, comme le trèfle, de mieux bénéficier de la lumière pour reprendre son développement. Les déplacements des bovins sur la parcelle favorisent le tallage des graminées. Cela améliore la productivité de la prairie en augmentant la concentration des pieds de graminées.
Le déprimage est à réaliser de préférence par les animaux moins fragiles (génisses laitières ou troupeau allaitant) car l’herbe est de moins bonne qualité. Le décalage du premier pâturage dans le temps permet d’initier la rotation des parcelles afin de ne pas se retrouver débordé par la pousse de l’herbe au printemps. Le déprimage de toutes les parcelles doit être terminé avant que la production d’herbe ne dépasse les besoins des animaux.
3. Une transition alimentaire : comment et pourquoi ?
Avant toute chose, il est important de faire attention à l’état corporel des vaches avant la mise à l’herbe. En effet, la mise au pâturage entraine souvent un amaigrissement des vaches. Les causes sont une moins bonne assimilation de l’énergie liée à la modification du régime alimentaire et des dépenses énergétiques plus importantes liées aux déplacements. L’amaigrissement peut être limité par une bonne transition alimentaire qui donne le temps nécessaire à l’adaptation du microbiote sans stopper l’assimilation énergétique.
Les recommandations sont de réaliser une période de transition de 3 semaines. Lors des premiers jours, il faut mettre les vaches au pâturage seulement pendant quelques heures à un moment où les vaches ont la panse pleine. Le temps de pâturage peut ensuite être augmenté progressivement. Parallèlement, les apports de concentré azoté doivent être réduits pour éviter l’excès d’azote. Cela permet également des économies importantes sur l'alimentation.
En revanche, il faut veiller à maintenir les apports en énergie lors de la première semaine afin d’éviter une trop grande ingestion d’herbe au pâturage. L’ensilage de maïs peut être remplacé par de la paille ou du foin proportionnellement au temps de pâturage. La vitesse de transit des vaches est ainsi mieux maitrisée.
4. Quels points de santé surveiller lors de la mise au pâturage ?
Le changement brutal de milieu et d'alimentation laisse la porte ouverte à de nombreuses pathologies. Je vous donne quelques conseils pour les éviter.
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Les parasites
Afin de limiter le risque parasitaire au pâturage, il est recommandé de ne pas faire pâturer l’herbe de moins de 5 cm car c’est dans cette strate que la concentration en larves est la plus élevée. Il n’existe pas de règle universelle. Le plan de prévention doit être adapté aux pratiques d’élevage et aux conditions météorologiques locales.
Les problèmes de pattes
Afin d’éviter les blessures aux pattes, il est important de vérifier le bon état des chemins d’accès et d’effectuer les travaux nécessaires avant la remise à l’herbe. Il est bénéfique de réaliser un parage des vaches en permettant un temps de repos de quelques jours avant la mise à l’herbe. Le but est d’assainir les onglons avant la forte sollicitation liée à la mise à l’herbe.
Les diarrhées
Pour limiter les risques de diarrhée, il est important de bien gérer la transition alimentaire. Si les diarrhées persistent à la fin de cette période, il est nécessaire de recaler la ration qui est probablement trop riche en azote soluble. De l’argile peut également être distribuée à hauteur de 50 à 100 g/vache/jour en attendant de recalculer la ration. L’argile doit être distribuée sur un temps le plus court possible car elle absorbe également les minéraux réduisant les quantités assimilées par la vache.
L'augmentation du taux de cellules dans le lait
Comme en bâtiment, il est important de veiller à la propreté de la mamelle afin de prévenir les risques d’infection. Une cause non infectieuse de l’augmentation des cellules lors de la mise à l’herbe est l’augmentation des déplacements des vaches. Pendant les déplacements, les mamelles peuvent être heurtées par les pattes, surtout si la vache est amenée à courir. Ces chocs produisent des microlésions dans la mamelle qui induisent une réponse inflammatoire sans infection. Il n’est pas utile de traiter la mamelle qui va se réparer d’elle-même. Il convient davantage de ne pas trop presser les vaches lors des déplacements. Pour les problèmes de cellules plus important, je vous encourage à aller lire cet article 😉.
La tétanie d'herbage
La jeune herbe est pauvre en magnésium ce qui peut engendrer l’apparition de la tétanie d’herbage. Les symptômes sont semblables à ceux d’une fièvre de lait (tremblements musculaires, agitation, hyperexcitabilité, démarche hésitante, jusqu’à l’immobilisation avec convulsions en position allongée). Pour limiter les risques de tétanie d’herbage, il est possible d’apporter entre 30 et 50 grammes de chlorure de magnésium à 47% par jour et par vache (source GDS) en début de période de pâturage. Le chlorure de magnésium peut être distribué dans l’eau de boisson, mais cela réduit l’appétence de l’eau ce qui n’est pas souhaitable. Cette pathologie n’est pas très courante mais peut toucher les animaux fragiles (âgés, maigres, gras). Sortir les animaux par temps chaud et sec permet de réduire le risque pour ces animaux fragiles.
La mortalité embryonnaire
L’excès d’azote soluble présent dans la ration lors de la mise au pâturage peut faire avorter les vaches. Il est donc encore une fois primordial de gérer correctement la transition alimentaire et de particulièrement surveiller le développement du trèfle, riche en azote, lors de la mise à l’herbe.
La myopathie
Pour les veaux sous la mère, la mise à l’herbe entraine une modification de l’alimentation par la composition du lait maternel et l’ingestion d’herbe fraiche. Une carence en sélénium et en vitamine E peut entrainer des raideurs musculaires ou une insuffisance cardiaque. En prévention, il est possible de distribuer des bolus de sélénium aux veaux avant la mise à l’herbe. Le bolus est préférable à l’injection qui est douloureuse et dont l’action est plus brève.
L'enterotexemie
Il s’agit d’une maladie fatale en 24h causée par des germes anaérobies. La mort intervient après une courte période de fièvre, diarrhée, ballonnements et symptômes nerveux. La cause est une mauvaise transition alimentaire qui permet aux germes de se développer lors de la modification de l’équilibre digestif. Une vaccination est possible.
La météorisation
La météorisation spumeuse peut apparaitre lors de la mise au pâturage si les parcelles ont été amendées récemment ou sont trop riches en légumineuses et jeunes brins d’herbe. Si un cas se présente, il faut rapidement administrer un produit « anti-mousse », voire réaliser un trocart si la météorisation est à un stade avancé. Les animaux doivent être changés de parcelle pour éviter d’autres cas.